Chronique de Concert
Barbara Carlotti, Malik Djoudi, Jessie Chapuis, Gaspar Claus (festival Oh les Beaux Jours !)
Quel festival ! Depuis que je l'ai découvert en 2018 pour sa 2ème édition, avec un beau concert dessiné 1+9+8+4 (voir par ici), j'essaie de ne pas le rater, mais ce n'est pas facile car le le festival se déroule sur un gros week end (et se retrouve en concurence avec le Festival Yeah! . Ainsi après avoir rater les éditions les 3ème, 4ème et 5èmeéditions, il me faudra attendre l'année dernière pour ce Fup L'oiseau Canadèche avec notamment Rubin Steiner (voir par ici) et une des Siestes acoustiques de Bastien Lallemant (voir par ici). Cette année pour cause de week end prolongé entre potes je n'ai eu le bonheure que de faire la quasi ouverture avec l'interview musicale de thomas Fersen par Daniel Pennac (voir par ici) et ce soir la clôture (on s'est dépêché de rentrer du Brusc) ...
Soirée en 2 temps avec des noms qui me parlent même si je les connais plutôt mal : Barbara Calotti pour le début autour de son libre L'art et la manière, puis Malik Djoudi et Gaspar Claus pour la fin dans une création intitulée L'aurore est bientôt autour de textes de et par Jessie Cahpuis. Globalement une très belle soirée mais avec une impression mitigée concernant les deux spectacles, avec une large préférence pour le second me concernant.
Après être passé en vitesse devant les nombreux livres (des auteurs du festival) exposés sur les tables, et avoir salué quelques connaissances, nous prenons place dans la grande cour du Conservatoire Barbizet, sous la grande horloge arrêtée. Sur la scène plusieurs pieds de micro, un piano à queue, quelques chaises hautes et (ce que je ne remarquerai pas tout de suite) des bouteilles d'eau de ville en verre au lieu des vilaines, toxiques et polluantes bouteilles en plastique (bravo !)
Peu de temps après Barbara Carlotti (que je ne connais que de nom) fait son entrée, accompagnée de Ingrid Samitier à la guitare électrique, visage fermé. Je venais avec un a priori positif mais j'avoue qu'elle m'a assez vite braqué avec son petit discours d'introduction où elle nous explique que ce que nous allons voir ce soir a été conçu / écrit spécialement pour le festival et qu'elle va "détruire (ou déconstruire je ne suis pas sûr) la vision que vous avez des femmes" ... ce que j'ai trouvé prétentieux sinon en tout cas maladroit vu le nombre de femmes présente dans le public.
Ce qui suivra sera un exercice difficile où elle alternera textes (de son premier livre "l'art et la manière") lus, chansons (de son répertoire existant) accompagnée par la guitariste qu'elle vouvoie. Si j'ai eu un peu de mal a rentrer sur la forme, tant sur le chant que sur la lecture, en revanche j'écouterai les textes avec attention (en essayant d'oublier ce qu'elle a raconté en intro).
Il sera question de femme cascade, de jouissance, d'elle (en tout cas c'est ce que j'ai naturellement pensé), de son enfance, de(s) femmes (qui sont toutes) hermaphrodites, de sortie dans le sous sols de Paris ... il y a dans ses textes un trop plein de détails techniques (notamment sur la matériel en lien avec la musique) qui sonne faux. J'ai l'impression d'entendre quelqu'un qui se la raconte sur ses exploits passés. On frôle l'egotrip (trop) parisien (pour moi)*.
Un des temps forts pour moi (et pour beaucoup j'imagine) sera ce long récit où elle raconte comment elle (ou la narratrice de l'histoire) a fait le mur, est allée en boite, à suivi un beau mec et ses cousins chez quelqu'un et a échappé de justesse à une agression sexuelle. Forcement on est mal en écoutant ça, comme si on y assistait sans rien pouvoir faire.
Un peu plus tard il y aura aussi cette chanson douce et légère musicalement où il est question de femme battue ("Laisse moi te mettre une claque mais sans te laisser de marque" ..."Tu es si jolie quand t'as mal ça me rend fol(le)" ... glaçant). Après cela, pour détendre l'atmosphère, elle fera la pub de son livre Une destruction en beauté ... "que vous avez tous j'espère ?" ... à ce moment là grand silence au moment où un goéland passe en ricanant.
Puis 3 comédiennes feront leur entrée (Jacinthe Cappello, Sophie Cattani et Fatima N'Doye) avec une grande banderole "le but de ce concert n'est pas le divertissement" en mode riot girls. Vrais personnages de ses histoires - le groupe éphémère Rutpure -, ou actrices jouant leur rôle je n'ai pas bien compris mais le fait qu'elles aient leur textes sur des feuilles fautes d'avoir eu le temps de l'apprendre ou comme parti pris ne m'a pas aidé à rentrer dedans.
Petite pause au cours de laquelle nous nous rapprochons des fesses de la copie (de la copie) du David de Michel Ange qui nous tourne dos derrière la porte vitrée pour le deuxième concert, après avoir échangé nos mixed feelings sur ce que nous venons de voir. Svet qui avait un peu de mal avec le chant au début est finalement plus rentrée que moi dedans.
Cette fois il s'agit de L'aurore est bientôt de et avec Jessie Chapuis à la lecture, accompagnée de Malik Djoudi au piano que j'ai hâte de découvrir sur scène, ses disques m'ayant plus intrigué que emballé, et Gaspar Claus au violoncelle déjà croisé quelques fois au festival Yeah!, notamment au sein de Vacarme.
Un "dialogue musical et littéraire" où vont se mélanger aux textes de Jessie, ceux de certaines des chansons de Malik mais aussi d'autres auteurs si j'en crois le descriptif du concert comme Roland Barthes ou John Fante. Bref, le concert commence en douceur avec une intro instrumentale de Gaspar, puis le premier texte de Jessie où elle parle de ce qui lui fait peur. Une voix qui sonne, une voix qui chante même quand elle parle, ... comme du slam. Là je penserai à Iraka (alors que plus tard même à Casey).
Et puis ce sera à Malik de les rejoindre au piano et au chant avec J'ai peur de rien. Un chant tout d'abord avec une voix "normale" et puis tout d'un coup au détour d'un couplet, cette voix qui change et devient extra-terrestre. Aiguë. Aussi surprenante que celle de feu-Christophe par exemple. Elle reprend la parole pour dire ce qu'elle aime et lui de reprendre son morceau. Tout sera comme ça un va et vient entre textes et chanson sans réelle frontière, le tout lié par le piano (ou guitare) de Malik et le violoncelle de Gaspar.
Il en sera de même avec le prochain texte mélangé à Folie douce. Puis un texte sur une première rencontre amoureuse, et tous les (métiers) possibles (qu'il peut avoir), suivi de Où tu es. Quand Malik joue du piano il sautille souvent sur son siège. Quand il ne joue pas du piano il joue de la guitare. Quand il ne chante pas, il donne la réplique à Jessie.
Et on y croit. Ça parle d'amour, de sentiments. Tout en délicatesse. Elle ne bouge pas beaucoup, restant derrière son micro. Elle regardant à (sa) droite pour chercher le regard de Malik qui lui donne la réplique puis à (sa) gauche) pour trouver celui d'un Gaspar très concentré.
J'écoute les textes avec attention, ceux dits par Jessy ou chantés par Malik. Je suis amusé par le chant mais aussi le mélange de style ... comme ce "c'est balo" qui arrive au milieu d'une chanson plus littéraire. Le violoncelle de Gaspar magnifie les chansons de Malik pourtant bien jolies.
Je n'aurais sans doute pas vu passer l'heure si le temps n'était pas un peu frais une fois la nuit tombée. Gaspar qui accompagne aussi très bien Jessie quand elle lit / parle, fera aussi un bien joli solo sur lequel quelqu'un viendra rajouter un bruit de porte qui grince en sortant de la cour. Malik jouera de la guitare ... et c'est au piano et sur un Epouser la nuit particulièrement lyrique que le concert prendra fin. Enfin pas tout à fait, par une lecture de Gaspar en fait après laquelle le trois se regrouperont au milieu de la scène pour saluer tout sourire sous un tonnerre d'applaudissement.
Un bien belle soirée au final pour clore un long week end prolongé mémorable. En remontant vers la plaine nous pourrons constater que le week-end n'est pas fini pour tout le monde puisqu'un groupe de musique brésilien était encore en train de jouer sur la terrasse du Petit Pernod ..
Plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
* je me retrouve finalement assez bien dans cette critique du livre de Barbara Carlotti par 4bis sur Babelio (voir par ici)sur laquelle je suis tombé en cherchant des infos sur le livre et qui finit par "D'autres y verront peut-être avec moi un parisianisme égocentré qui, malgré la variété de surface des portraits croqués, tourne toutefois toujours autour de problématiques similaires. Hétérosexuelles, dans un milieu artistique urbain, aisé et brillant, pour des femmes sur le deuxième versant de leur vie, n'ayant pas d'autres soucis que celui de vivre une sexualité épanouie malgré une lâcheté masculine absolument désolante. Des copines pour les héroïnes d'Olivia de Lamberterie dans son Comment font les gens ? que j'avais trouvé assez convenu (mais pas du tout érotique, ce n'était en effet pas le sujet).
Dans la mouvance des pornos éthiques, de la littérature érotique écrite par et pour des femmes, des nouvelles publiées par le magazine Causette, nul doute que cette décennie 2020 verra de nombreux écrits de ce genre émerger. L'avenir dira si celui-ci est représentatif de son époque ou capable de la dépasser et de marquer durablement les esprits."
Critique écrite le 13 juin 2023 par Pirlouiiiit
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