Chronique de Concert
Beechwood
Arrivés à la Lune Froide, on retrouve en terrasse Gordon Lawrence, guitariste-chanteur du groupe, toujours aussi chaleureux et disponible, comme ses acolytes, d'ailleurs, que l'on retrouvera après le show. Le type a une classe folle mais est d'une simplicité et d'une sincérité admirables. C'est l'occasion de le questionner sur ses impressions concernant cette tournée qui s'achève, avant de reprendre l'avion pour New-York le lundi suivant. Des hauts et des bas, nous dit-il, mais surtout l'occasion de perfectionner l'interprétation des nouveaux morceaux et de réfléchir à leur meilleure association possible avec les anciens, et force est de constater, après avoir assisté à sa prestation, que le groupe a gagné en efficacité, intensité et émotion en cours de route.
Après une courageuse et convaincante première partie de Louis Vabres qui, seul aux claviers et à la guitare, nous présente sa musique atmosphérique, rêveuse et poétique (l'album "Hypernuit" est disponible sur le Bandcamp de l'artiste), Beechwood monte sur la scène du bar au lightshow minimaliste ; mais il faut bien avouer que le cadre intimiste peuplé de connaisseurs et amis du groupe est idéal pour vivre le dernier concert de celui-ci en Europe. La setlist, qui a évolué tous les soirs de la tournée, est composée d'anciens titres tour à tour bouleversants (merveilleux "C/F" extrait de "Songs from the land of Nod"), exaltants (imparables "Front page News" ou "Firing Line" avec ses harmonies vocales à la Beach Boys, tous deux provenant du dernier album "Sleep without dreaming") ou délicieusement inquiétants (comme cet étouffant "Flesh hotel", issu de l'album éponyme), mais également de six nouveaux morceaux, dont le prochain single "Losing Side", qui révèlent tout ce qui fait la valeur du groupe : une approche purement rock'n'roll de mélodies puisant pourtant aux sources de la pop des sixties, tout en révélant judicieusement, par petites touches bien dosées, une profonde sensibilité que l'on retrouve dans le meilleur de la folk américaine.
On se souvient d'avoir vu le bassiste Jensen Gore embraser la scène à l'Ubu de Rennes, se déchaînant dans tous les sens ; on se remémore également les moments de communion entre Gordon Lawrence et Sid Simmons tandis que Russell Yusuf assurait, imperturbable, à la batterie... Mais ce soir, à Nantes, l'étroitesse de la scène empêchera les musiciens de se mouvoir, ce qui poussera toutefois chacun à gagner en intensité et efficacité. La tension est réelle, l'implication dans la musique indéniable, et l'on ne cesse de ressentir, à chaque morceau joué, cette bouffée d'euphorie dans la poitrine qui nous fait lâcher prise, corps et âme. Beechwood a ceci de précieux qu'il peut combiner un esprit et un son résolument punk avec un lyrisme exempt de tout racolage, plus glam ou pop et profondément touchant, ce qui crée immédiatement le lien avec le public.
La reprise des Rolling Stones, "The Last Time", enflamme la Lune Froide et achève cette flamboyante performance, qui donne l'impression, comme à chaque fois avec Beechwood, d'avoir saisi l'espace d'une soirée l'essence même du rock'n'roll mais, comme le disait les Black Lips, "In A World That's Falling Apart". Et ainsi, l'élégance nonchalante de l'attitude, la fureur sensuelle de la musique, les voix déchirantes de nostalgie nous ramènent à une manière révolue d'aimer et de haïr, celle que l'on pratiquait dans le corps à corps, là où se révèle la réalité dans toute sa vérité.
Critique écrite le 19 octobre 2022 par Stephane Vidroc
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