Chronique de Concert
Benjamin Biolay + Mathis Gardel
Ces rangées de sièges sont bien académiques et les balcons rappellent les conventions du théâtre. Heureusement, une fosse a été créée devant la scène où les premiers arrivés attendent assis que la première partie commence.
Les voilà. Ils sont trois. Deux musiciens accompagnent le jeune Mathis Gardel, dont une femme à la robe aux motifs géométriques noirs et blancs qui tape sur une batterie zébrée. Le grand garçon entonne quelques chansons de sa composition devant un public qui se dandine gentiment.
Le son est plutôt pêchu et le jeune homme déploie de l'énergie sur scène, dit un mot gentil ici ou là, et son plaisir d'être là. Mais il chante près du micro et articule peu : on ne comprend pas tout ce qu'il dit... Dommage pour de la chanson qui semble à textes.
On n'entend que les rimes... Cela n'empêche pas les spectateurs de se dandiner sur les mélodies pop rock. Après le salut final du trio, les applaudissements cessent, la salle est rallumée et les techniciens sont déjà là pour effacer le passage de cette première partie plutôt rapide.
C'est un compte à rebours qui attire l'œil du spectateur en premier. Sur le mur de boules lumineuses qui constitue le décor scénique, les secondes défilent et intriguent : combien de temps cela fait-il à attendre ? Mon voisin calcule rapidement sur son Smartphone : il reste 10 minutes avant l'arrivée de BB, pour les intimes, pour qui tous ces gens se sont rassemblés. Le public semble avoir l'âge de la maturité, et la démarche décidée. Ce n'est pas vraiment le cas de l'artiste qui se présente finalement sur scène. T-shirt noir, jean noir, Benjamin Biolay se cache derrière ses mèches de cheveux et arrive nonchalamment alors que les musiciens jouent déjà depuis plusieurs dizaines de secondes dans une ambiance rouge électrique.
La voix grave et posée débute sous les applaudissements d'un public qui semble averti. Sans vraiment connaître le répertoire de l'artiste, on peut apprécier le choix des mots, les textes sentis et précis, l'envie de partager des moments de vie. D'ailleurs, parmi les spectateurs, nombreux sont ceux qui articulent les paroles en playback. Benjamin Biolay doit s'écouter dans la précision, à la maison. Ici, ce sont cinq musiciens qui entourent l'artiste, et toute cette énergie réunie surprend presque. Là où l'on s'attendrait à une ambiance plutôt intimiste, on se retrouve face à un grand show sons et lumières. Le fond lumineux change de couleur et clignote et la musique s'annonce très rock.
Très vite, c'est le dos de Benjamin Biolay que l'on contemple. Il pianote en allumant une première cigarette. Ambiance Gainsbourg : je fais ma musique et je vous ignore. Certains y verront de la timidité ou la patte de l'artiste. D'autres ont-ils été choqués ? Toujours est-il qu'il est surprenant d'être occulté quand on s'est déplacé pour voir un chanteur "en vrai". Heureusement, ces passages côté pile, bien que très fréquents, sont souvent de courte durée et Benjamin revient, une main sur le cœur et un merci du bout des lèvres.
Il n'est pas très causant. Il dit qu'il ne trouve pas les mots, qu'il trouve pourtant dans ses chansons. Un "bonsoir", trois "merci", un "au revoir - soyez prudents en rentrant" seront ses seules paroles de la soirée. Il vient pourtant au bord de la scène, croise un regard, esquisse un sourire, lève les bras et applaudit. Il est là, semble touché que l'on soit venus finalement assez nombreux (fosse pleine et gradins de face remplis à moitié - depuis la scène on ne doit pas beaucoup voir l'autre moitié). Mais Benjamin Biolay porte sur lui la mélancolie que l'on retrouve dans ses textes...
Le concert se poursuit entre balades et morceaux qui envoient. La basse et la guitare électrique s'en donnent à cœur joie, boostées par l'ingénieur du son. Benjamin Biolay entonne les chansons de son dernier album, Vengeance, sorti en 2012 et il parvient à faire oublier l'absence de Vanessa Paradis sur Profite.
On retrouve également plusieurs titres plus anciens, dont Padam, chanson reconnue et appréciée des spectateurs. Biolay l'avait interprétée aux Victoires de la Musique 2012 et avait fait mouche semble-t-il puisque le public apprécie cet extrait de l'album La Superbe, couronné meilleur album de l'année le même jour. Viennent également Ton héritage, Chère inconnue, Dans mon dos, A l'origine, La superbe, La pénombre des Pays-Bas d'albums précédents.
Les musiciens sont doués et accompagnent le chanteur avec talent. Il faut noter l'énergie souriante de Denis Benarrosh à la batterie, le flegme efficace de Nicolas Fiszman à la basse et la précision de Pierre Jaconelli à la guitare électrique. Les deux autres musiciens ne sont pas en reste, mais l'installation scénique les met moins à l'honneur. Pendant ce temps-là, côté spectateurs, l'ambiance semble s'échauffer un peu et les hanches s'agitent, les têtes dodelinent en rythme. De mon côté, je me surprends à ravaler un bâillement, avec cette impression d'entendre toujours la même chose et ce sentiment que certains morceaux n'en finissent pas.
Le coup de grâce intervient en toute fin de concert, lors d'un bouquet final musical digne du 14 juillet. Les stroboscopes s'emballent, les aigus se prolongent et cela dure, dure, dure... pendant de longues secondes qui me semblent interminables. Le mal au cœur n'est pas loin quand tout s'arrête enfin. Le glas ayant sonné, le concert est terminé. A quoi bon terminer sur des notes aussi agressives ? Mais où est passé le chanteur Biolay ? Peut-être que, pour le retrouver, il vaut mieux s'installer confortablement sur son canapé..
PS Lionel DEGIOVANNI le photographe : canapé duquel j'aurai pû être pour prendre les photos car les conditions de la prod pour faire les photos étaient " vous vous mettez au fond de la salle , ou alors sur les côtés, contre le mur" . Donc amis internautes, ne vous étonnez pas s'il y a peu de photo de BB .
Critique écrite le 23 avril 2013 par Lionel Degiovanni
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> Réponse le 06 mai 2013, par Philippe
Concert un peu en demi-teinte cette fois-ci pour moi, pour Benjamin Biolay. Un album un peu moins populaire que le "superbe" précédent, du coup une salle un peu moins remplie. Mais aussi une fatigue de la scène perceptible qui se traduisait par une gestuelle un peu mécanique genre, je lève et j'agite le bras mollement quand la batterie démarre. J'ai regretté aussi la prestance du mec en costard de la fois dernière, ainsi que l'humour ravageur et la sympathie qui allait avec. Cette fois-ci il était en polo, jouait presque trop peu sur son potentiel de beau gosse, et sa com' était assez "minimum syndical"... Pas forcément fan non plus de la façon dont les chansons anciennes étaient réorchestrés (le groupe étant plus classiquement pop-rock que la fois précédente à l'Espace Julien - pas de... La suite | Réagir
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