Chronique de Concert
Bertrand Belin + Chateau Forte (Festival Avec le Temps)
Cette année j'ai vu le moment où je n'allais assisté à aucun concert du pourtant très riche et varié festival Avec le Temps. Pas mal de trucs que j'aurais bien aimé découvrir mais trop de boulot. Aussi je m'étais dit que si je ne devais en voir qu'un ce serait Bertrand Belin, suite à la très bonne impression qu'il m'avait laissé lors de son passage au Zef lors d'une précédente édition du même festival. Petit coup de stress en début d'après midi quand on m'apprend que le concert ultra complet depuis belle lurette ne permettra a priori pas de nous recevoir. Finalement quelques professionnels ayant annulé ce sera possible, ouf !
Pas question d'arriver en retard et de rater la première partie, d'autant que l'Espace est en configuration assise (dommage pour tous ceux qui auraient pu venir si cela avait été debout) et si j'ai bien compris il n'y aura pas d'autre photographe que celle du festival. Dès le coup de sifflet final du matche Irlande-Angleterre retentira je prendrai mes jambes à mon coup, direction l'espace où j'arriverai avant le début du set de Château Forte.
Je découvre donc le duo formé par Lola-Lý et Clément sur scène, comme la plupart des groupes que je découvre, sans savoir à quoi m'attendre, si ce n'est que le chant risque d'être en français. Et effectivement il l'est. Sur une musique que l'on pourra qualifier rapidement d'electro (avec beaucoup de basses), la voix de Lola-Lý est grave mais n'hésite pas à monter dans les aigus.
Le premier nom qui me vient à l'idée en l'écoutant est celui de Dominique A, je crois sur leur deuxième morceau. Elle est accompagnée aux machines par Clément qui me tourne le dos mais qui finira par se retourner lorsqu'il joue de la guitare. Assez timide le groupe exprime sa joie d'être là ... comme ils ne trouvent pas forcement leurs mots tout de suite le public s'en mêle : " vous êtes d'où ? " le deux musiciens se regardent, amusés, parlent entre eux, demandent si on veut la moitié d'une réponse et finissent par répondre " oui on est doux " avant d'enchaîner.
Pendant que je prends des photos sachant pertinemment que ça ne donnera rien avec ce brouillard même bleu, les morceaux se succèdent alternant passage " electro " (voire " techno ") ou plus " chanson ". Si c'est en général elle qui attaque les morceaux au chant, il la rejoint dans un deuxième temps. Il fait apparemment chaud sur scène. Ils nous présenterons Johanna (j'ai un doute sur le prénom) qui opère dans le noir au son, notamment pour déformer la voix de Lola-Lý en direct sur un des morceaux en particulier.
Après ne pas avoir oublié de remercier tout le monde il finiront leur set qui sera passé très vite (signe qu'on ne s'est pas ennuyé) avec Le Cri un morceau qu'on peut trouver sur leur EP qui était en vente en vinyle ce soir (et dont la pochette a été faite par un marseillais du prénom de Lucas), alors que les morceaux ne sont toujours pas disponibles en ligne. Ce morceau qui commencera en douceur finira en effet par un cri libérateur pour le groupe qui nous aura fait une plutôt bonne impression en nous donnant envie de les revoir sur un format plus long ; format où la diversité de leurs styles sera peut être plus facile à apprécier.
Pendant la pause, voyant que maintenant l'Espace est plein jusqu'au fond, je ne peux m'empêcher de me poser des questions sur le choix de la configuration assise. Alors oui c'est vrai qu'en temps que public la dernière fois j'avais apprécié d'être assis, mais encore une fois etant donné le nombre de personne que je connais qui auraient voulu venir et n'ont pas pu car c'était complet, je me dis que c'est dommage. D'ailleurs autant il n'y avait qu'une personne qui dansait debout pendant la première partie, autant je sens que ça va être compliqué pour la sécu sur la deuxième partie.
J'ai le temps de regarder un peu plus le public. Pas énormément de gens plus jeunes que moi. Est ce parce que la musique de Bertrand Belin ne comporte pas de tube évident ? Que sa com' ne passe par par Tiktok and co ? Parce que c'est une musique qui prend tout son sens et sa puissance sur scène lorsqu'on le voit interpréter des chansons qui, écoutées vite fait, sont tellement décalées qu'on pourrait les considérer non dignes d'intérêt ? Parce qu'il est étiqueté chanson et non rap ? Bon il est tant que le concert commence, et c'est le cas un peu avant 21h30 ...
5 musiciens font leur apparition, je reconnais Thibault Frisoni et Jean-Baptiste Julien au claviers déjà présent la dernière fois, je remarque l'absence de Tatiana à la batterie remplacée par Sylvain Joasson que j'ai pu apprécié dernièrement lors du sublime dernier concert de Mendelson au Yeah ! Je découvre aussi et Lara Oyedepo au vibraphone aux claviers, et Julien King Omé à la guitare.
Et le voilà qui déboule. Veste, pantalon large à pinces, chemise et chaussure noirs, tel un danseur de flamenco, les cheveux tirés en arrière, et cette façon de bouger. De danser. Moderne. Contemporain. Drôle. Sérieux. Inspiré. Ailleurs. Perché. Terriblement efficace. Assorti à sa musique en fait. Typiquement quelque chose qu'on trouve dans ses clips, mais qui avec la spontanéité du live prennent une tout autre dimension. Après avoir découvert Microssillons je ne suis pas surpris d'apprendre a posteriori que son auteur était dans la salle ce soir.
Après le Carnaval introductif et de saison (surtout à quelques centaines de mètre de la Plaine), ce sera Tambour titre phare de son nouvel album que je découvre en live avec amusement et fascination. C'est l'effet que me font les textes de ses chansons en général. Ce mélange de minimalisme et de (faux) ridicule (un peu comme chez Katerine) interprété avec le plus grand sérieux, et dont il se dégage des choses et des impressions difficiles à mettre en mots, mais plaisantes.
Après le 3ème morceau réglementaire (Lavé de tes doutes) où sa voix me fait encore penser à celle de Alain Bashung, Bertrand finit part enlever sa veste. Bon je ne vais pas commenter chaque morceau un par un car ce serait trop long (la liste se trouve en fin de chronique) mais pour résumer je peux dire que même si je n'ai pas pris une aussi grosse claque (comme on dit) que la fois précédente (où je le découvrais) je ne me suis pas ennuyé une seconde. Vraiment attachant sur scène où il prend un plaisir évident à interagir avec le public, que ce soit en lui envoyant de multiples bises volantes ou lorsqu'il part dans des intermèdes semi écrits en général incongrus ..
J'aime aussi son masque qui fait le moue (un peu comme Basile des Cowboys From Outerspace), avec un petit sourire en coin en général. A gauche au pied de la scène le public debout qui danse commence à grossir et la sécu commence à se demander comment faire pour que les gens assis derrière ne soient pas gênés.
Alors que je suis en train de demander comment il peut être dans la vie (ce que je n'avais pas réussi à imaginer même en assistant à une interview de lui) et quelle peut être l'ambiance en tournée à ses côtés, je ne peux m'empêcher de trouver les musiciens qui l'accompagnent pas très souriants.
La moustache de Thibault lui donne un air grave, Jean Baptiste semble très concentré, tout comme Lara, Sylvain et Julien, et il me faudra attendre le dernier tiers du concert pour voir enfin un sourire sur leurs visages. Ouf ! Un moment j'aurais presque pu me demander s'ils s'amusaient encore. Leurs réactions est aussi un bon indicateur de ce qui est improvisé ou non dans les délires introductifs de Bertrand.
" ma nouvelle à la capacité de déformer toute la tête ", plus loin lorsqu'il fera le chien en ouverture a capela de Pipe (là j'ai pensé à Tante Hortense) ou encore cette Chanson fraîche à laquelle nous aurons le droit entre Pipe et National. Sur quelques morceaux (ou début - comme sur National) Bertrand joue aussi de la guitare et très bien, notamment les passages les plus blues.
Le chant féminin marche super bien, notamment sur National où c'est Lara qui répondra " national ". A ce moment là je penserai aux Little Rabbits que je réécoute en ce moment avec les enfants pour leur faire découvrir. Pas mal de bons moments comme ce Sur le cul où la sécu commence à être dépassée sur la gauche. C'est sur Peggy qu'elle rendra les armes incitée à le faire par Bertrand. D'un autre côté c'est le bon moment pour le faire puisqu'il ne reste qu'un morceau, Surfaces, avant le rappel.
Lorsqu'ils reviendront après quelques aller-retours de Bertrand ils attaqueront par De corps et d'esprit et son final disco explosif avec un guitariste chevelu en plus à la guitare et Bertrand qui se lâche vraiment en danse. Derrière, le morceau Comédie me paraîtra un peu mou, mais il faut bien récupérer avant de finir sur une touche d'humour par un Oiseau qui finira (comme souvent j'imagine) en vélociraptor pour notre plus grand plaisir.
Deuxième départ du groupe sans réel salut ... avec lumière qui se rallument et une partie du public qui commence à partir. Par contre l'autre partie ne veut pas en rester là et continue à appeler le groupe alors que la musique de fond a déjà été relancé et que l'ingé retour scène est lui aussi parti. Et puis ils finissent pas revenir une dernière fois, le sourire aux lèvres.
Ce ne sera pas pour Marguerite, mais pour la reprise de O Marie de Daniel Lanois, un morceau qu'il affectionne particulièrement. Bluesy / country à souhait. Une chanson pour clore en beauté un très beau concert. Après cela, je serais bienrester discuter de ce beau moment autour d'une bière avec Greg et Estelle, mais je filerai sur les traces du tramway pour rejoindre Svet et les autres au Mundart pour le double anniversaire de Sandrine et Cedric ...
Set list (recopiée telle que, mais pas tout à fait suivie) : Carnaval / Tambour / Lavé de tes doutes / Que dalle tout / Glisse redresse / T'as vu sa figure / La nouvelle / Pipe / National / Sur le cul / Grand duc / Peggy / Surfaces // Marguerite (pas jouée) / De corps et d'esprit / La comédie / Oiseau.
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Critique écrite le 19 mars 2023 par Pirlouiiiit
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