Chronique de Concert
Bertrand Betsch + National Dust
Pour ma part, tenu par un timing passant au préalable par St Just où Le Moulin sursautait aux rythmes nerveux du dance-hall guadeloupéen d'Admiral.T, je pilote à travers un Marseille désertique depuis les "black booty-dancing" des jeunes guadeloupéennes jusqu'aux derniers accords de Bertrand Betsch : le clash est déjà un peu rude !
Je l'imaginais plus jeune : dans une salle silencieuse qui hésite entre concentration et conversations à voix basse, on dirait une fin de répét'un peu mondaine, quelques gars posés au comptoir, puis rapidement ça démonte le temps que je salue quelques connaissances : je n'aurai vu de Bertrand Betsch qu'une image fugace au visage buriné, et n'entendu que quelques mots sombres prononcés à voix basse...
Je ne pourrai donc toujours pas me faire une idée de cet artiste, dont la filiation annoncée à Dominique A aurait tendance à m'inquiéter, alors que l'évocation à son sujet de Léonard Cohen ou Phil Spector aurait plutôt tendance à m'intéresser. Suite lors d'un prochain épisode.
Le temps d'avaler une bière, et voilà le quatuor cravatté sur scène. National Dust, c'est un peu le Nicolas Cage de Sailor & Lula (enfin sorti en DVD, c'est pas trop tôt Nom de D...): des gueules d'anges qui ne demandent qu'à faire fondre le lectorat féminin de Magic, habités par le diable dans des gilets de cuir et des boots pointues.
Aux vues de la petite légende qui les précède déjà, je m'attendais à perdre un tympan dès le premier accord : finalement le son est très supportable...je suis presque déçu ! Mais j'avais vendu la peau de l'ours un peu vite : en moins de vingt minutes le plafond décibellistique est atteint, et le "mur sonore" version My Bloody Valentine ne tarde pas à souder mes oreilles, et à faire crier le public entre deux brûlots de 2mn30 : les quelques 150 personnes se tassent en devant de scène et en redemandent, sans qu'il ne soit besoin d'entendre l'éternel et insupportable "hé, les gars, si vous vous rapprochiez un peu ?..." des concerts qui s'annoncent mous du mollet.
Non, ici, quelque chose d'un peu étrange se passe : le public de Bertrand Betsch, à quelques exceptions près, est bien toujours là : autant je l'ai trouvé calme, respectueux, discret à mon arrivée, autant désormais les bras se lèvent, les bouches sifflent, les cris jaillissent, et je me mets à regarder ce gig de National Dust comme un touriste égaré dans un club de Brighton, voire de San Francisco, dans lequel moulinent avec nervosité quatre énergumènes trendy dont on se dit : "merde, comment s'appelle ce groupe déjà ?!!!".
Je tente de poursuivre des bribes de conversation avec mon accolyte Big V.Roger, mais je ne m'entends déjà plus parler moi-même, et pour cause : le ô combien charismatique guitariste/chanteur défonce sa six cordes en grimaçant dans sa chemise rouge-sang entre deux couplets bourrés de sex appeal, son comparse à la cravatte blanche serre les dents en canalisant avec méchanceté de furtives crises d'épilepsie guitaristiques, le bassiste chapeauté (un blues brother ?)déboulonne sa rythmique avec une certitude farouche et intransigeante, et enfin ils font une courte pause car "le batteur menace de faire une syncope" !!! Bordel, quel boucan !
La "poussière nationale" aurait-elle abusé de la poussière d'ange ? Ouf, ça souffle deux trois secondes, mais on repart aussi sec et ça ne fera qu'empirer. Les dieux du rock'nroll sont bien penchés une fois de plus sur le Poste à Galène ce soir, et merde, peut-être devrais-je m'acheter une cravatte ? Et puis, finalement, ne serait-ce pas sur Marseille que ces putains de Dieux se mettraient à étendre leurs largesses ? *25*, Where's Captain Kirk, Heidi, Layne, National Dust, hé, que se passe-t-il ?
Quid des rappeurs, (les dix ans de la F.F à l'Espace Julien sans la F.F !...), des metallos, des chansonniers ? God Save Massilian Rock'n Roll ? Hey, warning : du côté de la Machine à coudre, l'orage gronde toujours, et n'oublions jamais de rendre à César ce qui lui appartient : si le berceau du rock indie marseillais prend l'eau, c'est un peu de chacun de nous qui en est mouillé ! N'oublions pas que rien n'a vraiment changé depuis la dernière moitié de siècle : le rock, avant tout, ca dérange ! Ca dérange les voisins, les bien-pensants, les protecteurs d'oreilles, les buveurs d'eau, les abstinents sexuels, les politiciens de droite, les politiciens de gauche, les politiciens centristes, les blacks quand c'est du white trash, les blancs quand c'est du black heavy funk, les grands parents, les parents, les présentateurs bobo d'émission télé débiles, les Gérard Louvain, les fonctionnaires qui bossent tôt demain matin, et tous ceux (et Dieu sait qu'ils sont nombreux, les bougres d'enc...) qui ne sentent pas leur trou du cul vibrer quand se mettent à vociférer d'un ampli grillagé des sortes de notes à la distinction toute aléatoire...
Pour les autres, du moment qu'on sort un peu lessivé, hagard, un sifflement bizarre dans les oreilles, les yeux clignotants dans la rue Ferrari en se disant qu'il est bon de respirer de grandes goulées d'air frais, c'est que du bonheur. Un bonheur en douze lettres ce jeudi 09 novembre : NATIONAL DUST.
photos Pirlouiiiit
Critique écrite le 10 décembre 2004 par kouros
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