Chronique de Concert
Bertrand Cantat & Amor Fati
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 17 mars 2018
Critique écrite le 21 mars 2018 par Pierre Andrieu
Dans un contexte assez tendu (nouvelles révélations - vraies ou fausses, on ne sait pas... - sur le comportement violent de Cantat avec les femmes) et une ambiance délétère sur le début de tournée (manifestations virulentes de féministes devant les salles - ce soir, c'est en version calme derrière une pancarte "le machisme tue tous les jours" -, insultes, annulations des concerts dans les festivals), Bertrand Cantat était de retour à la Coopérative de Mai, à Clermont-Ferrand, un an après une superbe lecture concert nommée Condor Live et quatre années après avoir fait ici-même son grand retour sur scène suite à ses déboires judiciaires... Condamné pour le meurtre en 2003 de sa compagne, la très regrettée comédienne Marie Trintignant, l'ex leader de Noir Désir a dû récemment se fendre d'un communiqué sur sa page facebook pour déclarer qu'il a payé sa dette à la justice (ce qui est vrai), qu'il renonce à jouer dans les festivals et qu'il demande un droit à la réinsertion. Difficile donc pour Cantat, devenu malgré lui le symbole des violences faites aux femmes (un véritable fléau à combattre), de partir sereinement en tournée française pour présenter son nouvel album, Amor Fati. Un disque - en demi teinte par rapport au précédent à notre humble avis - où le premier single, L'Angleterre, a la mauvaise idée de donner des leçons de savoir vivre aux Anglais à cause du Brexit.
Bref, c'est avec des sentiments assez partagés (on aime de nombreuses chansons de Noir Désir), que l'on se rend à La Coopé pour découvrir le concert de Cantat avec sa nouvelle formation (exit le nom de Détroit), comportant toujours les excellents Pascal Humbert (basse, guitare etc), Bruno Green (synthés) et Nicolas Boyer (guitare), plus un nouveau batteur et un nouveau guitariste/bassiste. La salle affiche complet, il y a même un autre concert programmé le lendemain, et le spectacle commence avec des morceaux atmosphériques du nouvel album (Amie nuit, Amor Fati, Excuse My French, Les pluies diluviennes, Silicone Valley... ), c'est plutôt réussi, les arrangements sont très travaillés, Cantat est en voix, tente des phrasés rap assez surprenants et possède toujours ce charisme magnétique qui fait sa force scénique...
Toutefois, assez vite on sent poindre une forme d'ennui (tonalité pas assez rock, tempo monotone) et d'énervement à cause de multiples interventions d'un public qui ressemble plus à celui d'un stade (il y a de nombreux et bruyants supporters de l'ASM) qu'à celui d'une salle de concert. Difficile de se concentrer donc quand on est au milieu de la fosse, et il semble que ça soit aussi le cas sur scène, le rythme du show devenant vite mou et décousu. "C'est le début de la tournée, ça va décoller !" se dit-on, en accueillant le premier titre de Noir Désir (très beau À l'envers, à l'endroit), mais le set reste assez soporifique, à part pour les fans qui nous entourent, qui ne lésinent pas sur les photos, les vidéos, les cris hystériques et les commentaires inintéressants adressés au chanteur à haute voix.
Après le poignant Ma Muse, une nouvelle longue pause discussion avec le public ruine tout et fait baisser l'intensité, avant que l'enchaînement de Tostaky, Ici Paris et Lost (servis très forts, énervés et habités comme il faut) ne fasse croire au vrai début des "hostilités". Mais, non jusqu'à sa fin, ce live avance sur un faux rythme, trop interrompu par de multiples interventions des fans, qui finissent par encourager Cantat à faire le pitre et à ruiner des versions unplugged peu convaincantes et "variétoches" de Le vent nous portera et Comme elle vient. Juste avant, on n'avait pas échappé non plus au commentaire politique anticapitaliste bien convenu de la part de Cantat, commentaire arrivant pourtant après une bonne version de L'homme pressé. Au cours de son set, assez décevant donc, à la Coopé, l'ex Noir Désir a ironisé sur sa situation actuelle, déclarant que c'était peut-être la dernière fois qu'on le voyait sur scène. Si les concerts proposés manquent autant de punch et de rythme, ce sera effectivement le cas pour notre part. Et l'on ne parle que du versant artistique du problème...
Photos : Yann Cabello (album complet ici) www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Critique écrite le 21 mars 2018 par Pierre Andrieu
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> Réponse le 21 mars 2018, par KDH
[La coopé - 18 mars 2018] Le dimanche 18 mars, c'était bien mieux que la veille ! Le public était plus porteur et donc le concert plus dynamique. Deux rappels supplémentaires avec une belle reprise de "Marlène" et un invité surprise... Réagir
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