Chronique de Concert
Bibi Tanga & Les Selenites
Avec autant de médias autour de nous, de la radio à la télé en passant par les sites internets et le bouche à oreille, il devient de plus en plus rare de se souvenir de la première fois où l'on a découvert un artiste, des émotions qu'il a suscité en nous. On consomme et consomme de la musique donc quoi de plus normal que de rencontrer de la nouveauté sans cesse. Nous avons abandonné cet émerveillement, cette magie qui entourait ce coup de foudre musical qui faisait toute l'histoire de notre relation artiste-public.
Si je ne pense pas que la scène soit comme beaucoup l'érigent le futur seul vestige d'une industrie qui continue à plonger doucement mais surement...celle-ci garde à coup sûr le monopole de l'émotion durable. C'est éphèmère et certes maintenant deux à trois fois plus cher que le cd mais tout ce qui en reste c'est le souvenir, les gens s'y accrochent donc précieusement jusqu'au prochain passage de l'artiste.
C'est donc par ce biais là que j'ai fait la connaissance de Bibi Tanga et les Selenites , surprise de premier choix alors que j'étais allé voir Guru pour ce qui sera malheureusement son dernier concert à Paris...Paix à son âme.
J'avais donc ciblé la date depuis un moment et même acheté les places dès leur mise en vente tant j'avais hâte d'avoir confirmation de ma première impression.
Me voilà donc au New Morning avec une équipe de choc et toujours pas de carte bleue (comique de répétition pour ceux qui auront lu les autres chroniques de la période...oui, on se marre...désolé).
Acte II : Place à l'artiste
Bref, pas de première partie alors que la salle commence à être déjà bien remplie, la foule trépigne d'impatience avant l'entame. Et comme on ne fait pas attendre un public prêt à frémir, le combo hétéroclite fait son entrée, membre à membre : Le professeur Inlassable maître du jeu derrière ses mystérieuses machines, Arthur Simonini au violon dans un premier temps et en alternance au clavier, Arnaud Biscay à la batterie et Rico Kerrigde à la guitare. Tout est en place le violon et les samples jouent déjà, la batterie commence à s'animer doucement quand se présente le tant attendu Bibi Tanga officiant comme à l'accoutumée à la basse et au micro. La première clameur ne tarde pas à monter.
L'expérience était intéressante puisque j'étais venu accompagné de plusieurs amis : ma colocataire déjà conquise comme moi par la première prestation, son ami qui découvrait le groupe tout comme un de mes plus vieux compères qui disons le n'est pas le plus facile à convaincre ! J'étais donc curieux de voir les réactions de chacun d'eux à un show qui comme la fois précédente sera progressif...jusqu'à l'extase !
"The moon" est le morceau parfait pour poser une ambiance qui certes est assez loin de l'ensemble du spectacle mais fait pénétrer les instruments dans l'âme comme préliminaires. Dès le deuxième morceaux, le tube Bibitangesque "Red Red Wine" finit de poser le décor pour entraîner la plus grande majorité du public. On passe alors des ambiances teintées de funk et de soul aux rythmes afrobeat avec une facilité déconcertante. Les sourires sont de mises des deux côtés de la scène avec cette classe de vieux combos des années 50-60 due à leurs tenues qui malgré leur côté rétro fonctionnent admirablement bien dans le tableau dépeint par leur musique.
Comme un plaisir supplémentaire, une petite section de cuivre avec un saxophone et une trompette vient les appuyer à merveille sur certains morceaux. Un petit plus mais qui a son charme !
Acte III : Débats des débuts
Les morceaux s'enchaînent à vitesse éclair quand sonne l'heure de la bouffée de nicotine syndicale. J'en profite alors pour debriefer mes partenaires. Une découverte réussie, deux confirmations et bien évidemment parce qu'il en fallait un et ça ne pouvait être que lui mon vieux partenaire sans être complètement réfractaire n'est pas tout à fait convaincu. Il pointe du doigt les limites vocales et lyricale qu'il entrevoit. Je lui conte alors avoir eu les mêmes doutes la première fois et que dans la progression du show j'avais été impressionné par la facilité du chanteur. J'étais depuis ce moment persuadé que le minimalisme vocal parfois affiché était un gage de sa grande capacité. Il ne déballe jamais pour faire beau mais seulement par soucis d'efficacité. Il survole la musique avec un feeling de tout premier ordre. Ça ne reste que des mots bien sur et celui ci fait toujours la moue... Détail marrant pour la suite, il me dit que certains passages lui font penser à Curtis Mayfield mais avec trop de retenue...C'est son avis et pour cela il sera entendu en ayant réponse à ses demandes un peu plus tard !
Acte IV : Enivrant jusqu'à la dernière goutte
Nous revenons donc encore plus prompt à déguster le spectacle jusqu'à la dernière goutte nous faufilant jusqu'aux ultimes centimètres qui séparent la fosse de la scène. Le groove est monté d'un cran pendant notre pause, la danse nous gagne ! En bon maître de cérémonie, Bibi Tanga nous présentent ses musiciens qui se lancent dans des solos endiablés notamment celui d'Arnaud Biscaye à la batterie. Il appuie sur le côté beau-gosse de ses partenaires ce qui a le don de faire crier les demoiselles. Ce que ses accolytes lui rendent évidemment de la plus belle des manières via Rico. On voit que les hommes s'apprécient et prennent un plaisir fou à jouer ensemble ce qui a forcément un rayonnement assez magnifique sur scène.
Un grandiose "Ayo" plein d'énergie et c' est déjà la fin mais le public en veut encore ! L'ovation est bruyante et continue et c'est un grand soulagement de voir réentrer la bande pour le premier rappel.
"Now, it's time to say goodbye with a smile" retentit avec ses premières notes et sa mélodie pénétrante, je me retourne vers mon ami. Je le connais trop bien pour savoir que ces quelques accords l'ont fait vibrer. Son pouce tourné vers le ciel et un grand sourire sur la face, il répond à cet irresistible appel musical ! Enfin ! Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, il sera comblé par la reprise du morceau de ..... Curtis Mayfield qui suivra !
Encore un faux départ pour susciter une dernière fois un soulèvement d'amour de la part du public et Bibi Tanga terminent en rejouant "Red Red Wine make me feel so fine" une dernière fois.
Magique, de bout en bout, un grand moment de musique et de communion entre un groupe et son public... Je ne saurais que vous conseiller d'aller voir Bibi Tanga & les Sélénites lors de leur prochain passage chez vous !
Album "Dunya" disponible
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Critique écrite le 16 mai 2010 par Pmjournalist
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