Accueil
Chronique de concert Biensüre + Deli Teli + Sise Ici + ... (concert de solidarité pour les victimes du séisme de Turquie, Syrie et Kurdistan)
Samedi 23 novembre 2024 : 6572 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Biensüre + Deli Teli + Sise Ici + ... (concert de solidarité pour les victimes du séisme de Turquie, Syrie et Kurdistan)
C'est en croisant le Pinguin au showcase de Abstract Puppet au Lollipop la veille que j'ai appris l'existence de cette date au Zoumaï. C'est vrai que Zoumaï, brasserie située près de Castellane fait de plus de plus de concerts et qu'il faut que je pense à ajouter leur prog sur concertandco.. Début des hostilités à 17h avec pas mal de groupe, dont Deliteli et Biensûre dont il m'avait parlé à plusieurs reprises déjà.
A priori ce sont eux qui finiront la soirée. Du coup, et parce que le samedi c'est le jour pour aller au Super U, faire les lessives et même un peu bosser, nous n'arrivons qu'à 19h30, accompagnés de Guillaume qui après avoir jeté une oreille à la musique de ces 2 groupes est passé nous prendre en vélo. En arrivant nous avons la (bonne) surprise de voir qu'il y a déjà beaucoup de monde ... dehors mais aussi dedans. Zoumaï est plein. Sur la "scène" plusieurs musiciens et -ciennes avec des percus sont en train de finir leur set au moment où nous pénétrons.
Nous profitons des mouvements dans le public pour nous rapprocher et Guillaume a même l'adresser d'aller nous acheter à boire. D'autant que, non seulement il y a une cagnotte à l'entrée, mais en plus comme cela nous sera répété plusieurs fois : tous les bénéfices du bar vont à l'asso Roja Sor (Soleil Rouge) qui vient en aide aux survirants des séismes. Entre chaque groupe l'orga (qui surveille que chacun respecte le timing) prend la parole pour rappeler pour quoi/qui nous sommes là, et pour accuser les dirigeants de Syrie et Turquie qui ont laissé construire des immeubles incapables de résister aux tremblements de terre.
Le prochain groupe prend place. Ils sont 3 : un tambour, un luth au long cou (ça doit avoir un nom plus précis), un tambourin (géant avec des petits anneaux derrière comme en utilise régulièrement l'ami Theron par exemple) avec un très joli dessin dessus. Dans les quelques notes que j'ai pris sur mon tel il y a cet étrange chaîne de caractère "Cacahiertbened du babond" (écrite sans mes lunettes et transformée par mon tel), qui ne m'évoque rien pour le moment. Il y a aussi "normaux" car effectivement les 3 musiciens, plutôt discrets et concentrés, sont en effet tout à fait "normaux" dans leur tenue et leur attitude.
Disons que ce que je veux dire c'est que si je les avais croisés avant ou après leur set je ne me serais pas douté qu'ils allaient ou avaient jouer/é. Par contre musicalement ils ont une sacrée présence. Que ce soit sur les parties instrumentales, comme ce superbe final à 2 tambourins (géants avec des petits anneaux derrière) par exemple, ou les parties chantées par le luthiste assis (qui ne doit pas être très visible du fond de la salle), ça me plaît beaucoup. Je pense naturellement à la famille Chemirani. C'est prenant, dansant, voire hypnotisant.
Je demande leur nom à des personnes qui semblent les connaître et faire partie de l'orga. Je crois entendre un truc comme ""Peznor", sans lunettes je n'arrive pas à lire sur la photo du rider qu'elle me montre brièvement. Par contre je retiens que ça veut dire "Sans frontière" (mais dans quelle langue?). Depuis j'ai posé la question sur facebook ... sans succès. Au final je ne sais donc pas comment ils s'appelaient mais leur musique tribale limite indienne (d'Amérique) m'a conquis.
Quand ils finissent nous avons fini les 2 petits bols de cacahuètes nature et wasabi qu'avait ramené Guillaume (qui n'a pas mangé avant de venir contrairement à nous). Nouvelle intervention des organisateurs qui ne pensent pas à citer le nom du groupe qui vient de finir en les remerciant, et qui laissent la place à Sisi Ici. Accompagnée d'une bande son (qui contient souvent le chant sur lequel elle rechante), et armée d'un micro au fil un peu court en début de set Sisi Ici vient seule tenir tête au public qui encercle l'espace scène, simplement délimité par les retours et autres câbles.
Je la découvre ce soir. Un peu tendue par le trac au départ elle se détendra au fur et à mesure (notamment lorsqu'elle aura obtenu un peu de mou dans le fil du micro qui lui rendra sa mobilité), portée par un public finalement attentif comme elle le fera remarquer à plusieurs reprises. Le son est bon ce qui permet de suivre les paroles sans difficulté. Cela faisait longtemps que je n'avais pas découvert d'artiste de rap du coin (mes derniers coups de coeur en la matière sont HHP, Rpz, Iraka ou Keny Arkana, c'est dire !).
Avec des beats et rythmes chaloupés voire calmes elle balance des textes plutôt rageurs. Parsemés de "connard", "putain", "ferme ta gueule" la plupart des morceaux ont des revanches à prendre ou des comptes à régler. Ce qui contraste beaucoup avec son attitude entre les morceaux où elle dessert enfin les dents, retrouve son sourire, remercie le public d'être à l'écoute. Elle a une vraie plume, parfois un peu complexe. J'avoue ne pas comprendre où elle veut en venir par moment ("Eduquée/ez noir et clair au cube j'peux pas quémander leurs valeurs y'a trop de volume dans nos valeurs j'apprends à lire au clair-obscur").
Niveau chant / phrasé / intonations j'ai pensé à Anais et à Stella Pire (qu'il me semble avoir aperçue dans la salle d'ailleurs). J'ai aussi pensé à HHP sur le morceau Fais la bise. Beaucoup de textes qui tournent autour de la femme et de sa place dans la musique et plus généralement dans la société comme ce Belle comme tout ("elle est pour vous celle-là messieurs, elle st dans le rôle qu'on nous met") où elle prend un petite voix surjouant le côté femme fragile pour mieux riposter.
Entre 2 morceaux elle nous distribuera des mini flyer avec son Instagram qu'elle sort de sa sacoche Racoste ("je fais jamais rien sur Instagram mais comme les bars regardent qui m'a suivi pour savoir qui ils vont programmer, s'il vous plait suivez-moi" "et les autres groupes de la soirée "). On y trouve aussi le lien vers son bandcamp : https://siseici.bandcamp.com sur lequel vous trouverez les 6 titres de son EP Titré. Chouette découverte, à mille lieux du rap vocodeuré qu'on peut entendre à la radio ou dans les cours de récréation des collèges.
Nouvelle intervention des organisateurs pendant laquelle le quartet Deli Teli s'installe, avec de gauche à droite Tassos Tsitsivakos au bouzouki (ah ben voilà le nom que je cherchais plus haut ?), François Rossi à la batterie (oui celui de Das Simple, Harsh, Motto, Manuchello, This Quartet, Kaosmoz, Rosa, Punjab - autant de groupes dont vous trouverez des chroniques sur concertandco), Christos Karypidis à la basse et Arthur Bacon au clavier et chant.`
Ne connaissant rien à la musique grecque ou au Tsifteteli, je prends ces standards des années 60-70s en plein tronche avec le plus grand plaisir. Le charme de l'exotisme, la fraîcheur de la nouveauté, tout cela servi par des musiciens on ne peut plus adroits et sympathiques (je pense en particulier aux pas de danses et au sourire de Arthur).
Pour ne rien vous cacher à leur écoute, en me dandinant entre 2 photos j'ai pensé à un mix de musique kabyle (Idir) et afrobeat (famille Kuti), le tout avec des saillies de Korg qui sentait bon les Doors, et matiné de pop japonaise (celle que DJ Maki nous passe aux apéros japonais du Lollipop Music Store). J'avoue que j'ai aussi pensé aux compositions sautillantes de Valdimir Cosma
Là aussi pour vous faire une idée je vous renvoie à leur bandcamp : https://deliteliofficial.bandcamp.com/album/tsifteteli-club qui j'espère vous donnera l'envie d'aller les découvrir sur scène où leur arrive parait-il de se produire en costume (comme me le disait Ben qui a déjà partagé l'affiche avec eux). Vous pourrez apprécier ce mélange de sérieux et légèreté et la façon dont ils nous font pénétrer tout en douceur dans leur monde notamment par les explications qu'ils peuvent donner entre les morceaux.
Je vous mets d'ailleurs au défi de ne pas danser sur Boumpam véritable tube (je vous renvoie aussi vers le clip) que je me surprends encore à fredonner quelques semaines après le concert) ou cet autre morceau ou le refrain fait "papala papala". Faut vraiment que je chope le disque ! Après un set d'une demi-heure ils céderont leur place au dernier groupe de la soirée Biensüre.
La soirée nous réservait encore une bonne surprise avec ce trio "groupe de musique disco-psychédélique-Anatolien créé à Marseille au printemps 2019. Une histoire d'amitiés et de rencontres entre les hommes et les cultures méditerranéennes" comme on peut le lire sur leur soundcloud.
C'est donc devant le public d'un Zoumaï qui ne desemplit pas que Hakan Toprak au saz électrique (ou alors c'était le nom de l'instrument du chanteur du groupe avant Deli Teli ? ) et chant, Milan Petrucci à la batterie, et Anselme Kavoukdjian aux claviers, attaquent en douceur un set disco/dance ethnique joué (par opossition à pré-nregirsté ou samplé) dont l'intensité ira crescendo.
Si je les avais entendus sans les voir j'aurais pu croire qu'il s'agissait d'électro avec un DJ habile qui serait allé piocher des sons d'ailleurs (pour moi), mais non là c'est du vrai live avec un batteur métronomique à la fois souple et sec, un saziste qui lorsqu'il ne chante pas envoie des riffs sautillantes comme Nataraj XT le faisait il y a fort longtemps dans la région ... sans oublier un clavier qui dépose des nappes sonores qui finissent de poser le décor.
On ne peut plus dansant, là aussi. Hypnotique sans être trop répétitif, grâce aussi à un chant dont on n'a pas besoin de comprendre le sens (la traduction se trouve en description de certains de leurs lives), pour en percevoir l'urgence et ressentir l'intensité.
A vrai dire, dès le premier morceau je suis embarqué par la musique et le chant de Hakan de plus en plus puissant au fur et à mesure que le rythme du morceau s'emballe. Comme pour les autres je vous invite à aller découvrir leur répertoire sur scène et en attendant via leur bandcamp https://wewantsounds.bandcamp.com/album/biens-re, répertoire lui aussi porté par le tube Eyvah eyvah dont j'avais vu le clip avant de venir.
Mais encore une fois c'est sur scène que vous prendrai la pleine mesure de la magie qui opère à l'écoute de leur musique ; et en plus vous aurez la place de danser. ! Bref une superbe soirée au cours de laquelle j'ai un peu rattrapé mon retard en faisant enfin la connaissance de 2 groupes qui tournent depuis quelques années déjà (ici et dans le reste de la France), qui me montrent une fois de plus qu'il y a toujours des bons groupes à découvrir lorsque qu'on est un peu curieux et qu'on pense à jeter un coup d'oeil de temps en temps à l'agenda de concertandco qui est de loin il me semble l'agenda concert le plus complet en tout cas sur la région marseillaise ...
Plus de photos et vidéos par Pirlouiiiit par ici
Critique écrite le 18 mars 2023 par Pirlouiiiit
Envoyer un message à Pirlouiiiit
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Pirlouiiiit
Zoumaï, Marseille : les dernières chroniques concerts
Parade par Pirlouiiiit
Zoumaï, Marseille, le 24/06/2022
Après le spectacle de fin d'année de Alice et Cyril au cirque c'est celui de Lucie pour la danse. Et là aussi il y a un petit apéro. Sauf que lorsqu'il y a parmi les parents... La suite