Chronique de Concert
Bill Deraime
En général je choisis ce que j'écoute (et ce que je vais voir) en suivant des critères avant tout géographique. Pourquoi aller loin (ce qui implique en général l'utilisation d'une voiture et donc pollue) alors qu'il y a un paquet de truc sans doute aussi très bien à distance de vélo voire de pieds. En général ... ce qui veut dire qu'il y a des exceptions, comme les trop rares passages de Bill Deraime un des rares artistes dont je sois véritablement fan. L'année dernière nous étions déjà allés jusqu'à Manosque, ce soir c'est à Le Thor (à côté d'Avignon), dans un grand et bel amphithéâtre du nom de Auditorium Jean Moulin.
A vrai dire quand j'avais vu le plan de la salle (environ 500 places) et le prix (30 euros) j'ai craint que la salle ne paraisse un peu vide. Et pourtant à notre arrivée le parking était bondé et à 20h25 la salle en train de se remplir jusqu'en haut ! Drôle de salle d'ailleurs, avec une scène plus basse encore que le dernier rang de spectateurs. Après une sympathique introduction par un responsable de l'asso du Sonograph' (qui est même allé jusqu'à chanter des passages des tubes de Bill Deraime, ils sont rentrés en scène
Bill Deraime accompagné de Mauro Serri guitariste sur quasiment tous les albums (depuis plus de 30 ans !) et qui a aussi accompagné Eddy Mitchell ou Bernard Lavilliers, David Hadjadj au claviers, Denis Ollive à la basse et Stéphane Pijeat à la batterie, pour ne citer que ceux que l'on voit sur scène. Bref la même équipe soudée depuis une dizaine d'année.
Comme je le disais, Bill Deraime ne joue pas souvent (dans le coin) mais quand il vient ce n'est pas pour une simple dizaine de morceaux. Ce soir ce seront pas moins de 22 morceaux (2 de plus que sur la set list) pour une durée de 3h (dont 20 minutes d'entracte) avec donc la plupart des titres les plus connus parcourant donc plus de 30 ans de carrière (on trouvera toujours un titre ou l'autre qu'on aurait aimé entendre pour certaines Un dernier blues ou Bye Bye Mister blues, pour moi plutôt Cauchemard Paranoscénique ou celle qui fait "j'me suis r'trouvé à l'hosto enfermé dans l'aaaaarmooooooire")
L'ayant vu l'été dernier à Manosque pour un concert particulièrement énergique (public debout en train de danser) je trouverai la première moitié assez calme, même si la complicité entre les musiciens était perceptible. Cela dit le confort d'écoute et de position permettait de faire plus attention aux chansons et d'en (re)découvrir certaines.
Les deux chansons dont les textes m'ont le plus frappés cette fois furent (à nouveau) Esclaves ou Exclus d'une justesse terrible avec ses "Autrefois le système se servait des esclaves, Pour travailler sans salaire dans sa maison cossue, Mais aujourd'hui il paye ceux qui vivent dans sa cave, Pour ne pas travailler c'est le salaire des exclus" et dans un autre genre la bien connu Géraldine dont les paroles (encore plus lorsque extraites du contexte de la chanson) sont carrément flippantes : "J'enfonce mon long couteau, sous le sein gauche de Géraldine, Le sang rouge sur la peau, c'est beau ça dégouline, ses yeux terrifiés me regardent, pour la dernière fois". Lorsqu'il l'a jouée en solo en intro du deuxième set juste après c'est dur, il y a eu comme un murmure dans l'assemblée ...
Sinon Bill est égal à lui même avec ses intros humouro-mystico-sincères, sa six cordes et sa douze cordes, son béret rouge, sa chemise bariolée, ses colliers, et surtout cette voix ! L'autre chose qui est impressionnante dans un concert de Bill Deraime c'est cette communion avec le public. Le public boit les paroles de ses chansons (quand il ne les chante pas carrément). Il faut dire que même si certaines de ces chansons ont été écrites il y a maintenant un moment, elles restent d'actualité, que ce soient celles qui parlent d'Amour et d'Espoir ou celle qui parlent des pièges de la vie (au sens large).
La deuxième partie sera plus pêchu, avec notamment un solo de batterie surprise (même pour Bill) de Stéphane qui en plus testait là une nouvelle batterie (prêtée par son constructeur local ce soir là). Après être parti une deuxième fois, à la fin du rappel prévu (Sur le bord de la route / Babylone / Tire Ailleurs), devant l'insistance du public ils n'auront d'autre choix que de revenir pour une reprise en anglais (du Reverend Gary Davies ?)
S'en suivra l'inévitable et longue séance de dédicace (de Brailleur de Fond, Bouge Encore et de la réédition du Live au New Morning ) / rencontre entre le public et les artistes, échanges de vieux souvenirs, yeux des jeunes et moins jeunes qui brillent du même émerveillement ... Pour ma part je ne sais plus à quel morceau cela m'a fait le coup mais il y a eu un moment où le temps s'est une nouvelle fois arrêté. Ce genre de petits instants magiques où on ne pense à rien d'autre qu'à l'instant présent, où on est vraiment bien (pas que je sois mal le reste du temps), où tout paraît évident et facile, où on a envie de dire ce que l'on pense à voix haute et de serrer quelques personnes dans ses bras ... bref ... un truc qui n'arrive pas si souvent.
Setlist : Mean old blues / Avant la Paix / Plus la peine de frimer / laisse couler / un jour tu trouves / esclaves ou exclus / s'coute toi / le train roule / chaque matin - entracte - c'est dur / géraldine / encore bouger / y'en avait marre / la collectionneuse / laisser faire / chanteur maudit / je rêve / entre deux eaux - rappel 1 - Assis sur le bord de la route / Babylone tu déconnes / tire ailleurs - rappel 2 reprise en anglais
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Critique écrite le 30 janvier 2012 par Pirlouiiiit
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> Réponse le 31 janvier 2012, par murielle micard
génial comme à chaque fois, un moment qui restera dans notre coeur Réagir
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