Chronique de Concert
SOLIDAYS - JOUR 1 : Birdy Nam Nam, Orelsan, Don Rimini, Huoratron, Baadman, We Are The 90's
VENDREDI 22 JUIN 2012
Temps : assez beau et chaud en journée, très froid en soirée
ORELSAN - Scène Dôme - 21h00 : 7,5/10
Présent un peu partout cet été et depuis déjà quelques mois, l'ancien paria du rap français, qui a réussi le tour de force de faire oublier en un seul album - brillant - l'essentiel de la polémique qui l'entourait, poursuit son chemin vers le pardon et - accessoirement - la gloire. D'ailleurs, le public est déjà survolté sous le chapiteau de la scène Dôme avant même que l'artiste ne rentre en piste et les fans reprennent avec bonheur le refrain de La Terre Est Ronde dès les balances, alors que seuls quelques musiciens occupent la scène. Pour le reste, on vous conseillera de vous référer à notre chronique du concert d'Orelsan au festival Chorus des Hauts-de-Seine, la plupart des qualités qu'on y avait relevées se retrouvant ici : une setlist parfaitement organisée, une technique irréprochable, une énergie et un capital sympathie à toute épreuve, beaucoup d'humour et une mise en scène des plus convaincantes avec, notamment, des lumières magnifiques. Toutefois, la prestation du jour se révèle un peu moins brillante que celle que nous avions eu l'occasion de voir. Peut-être un mauvais jour, peut-être aussi une certaine incompatibilité du show avec le format festival. Une incompatibilité qui se remarque particulièrement à la fin, sur le morceau Suicide Social, qui passe moyennement devant la grande foule versatile et alcoolisée d'un festival, alors qu'il est absolument captivant dans un contexte plus intimiste. Dans l'ensemble, la prestation est un peu plus décousue et un peu moins percutante. Orelsan reste malgré tout une valeur sûre et sans aucun doute l'un des artistes les plus talentueux de sa génération.
Orelsan
BIRDY NAM NAM - Scène Paris - 00h00 : 7/10
Le premier constat qui frappe quand on voit les Birdy Nam Nam entrer en scène, c'est qu'ils ont pris un sacré coup de vieux. Physiquement, d'abord, mais aussi parce qu'on a un peu le sentiment qu'ils sont sur une pente inexorablement descendante. Alors que les quatre compères de C2C électrisent des foules toujours plus grandes et récoltent des commentaires dithyrambiques à chacune de leurs prestations, les Birdy semblent passés de mode et ont l'air d'en avoir mieux conscience que quiconque. Comme un vieux groupe de rock américain, qui aurait plus de moyens que d'idée, les quatre DJs semblent perdus au milieu d'une scène trop grande pour eux. Beaucoup trop espacés les uns des autres, ils ne donnent plus le sentiment de former un groupe cohérent, uni, soudé, et surtout, ils n'ont plus l'air de prendre de plaisir sur scène. Alors qu'on les avait encensés il y a trois ans pour leur prestation à Rock en Seine où, avec un show visuel dément, ils avaient enflammé une foule énorme, on regrette de ne plus trouver autant d'inventivité dans leur mise en scène, limitée à une gigantesque tenture en fond de scène et à un lightshow, certes réussi, mais cruellement dénué d'originalité et d'ambition. Sans doute le groupe a-t-il un peu changé d'optique, se tournant vers un son plus brut, servi donc par un show plus sobre, mais on ne peut s'empêcher de regretter la fougue qui les habitait encore il n'y a pas si longtemps. Musicalement, on peine à reconnaître les morceaux, tous pris dans une avalanche de kilowatts. Malgré tout, il est un constat qu'on est bien obligé de faire : ce show tabasse. Certes, il est décevant, parce qu'on a adoré les Birdy et qu'on les trouve là en bien petite forme, mais ils venaient de suffisamment haut pour pouvoir encore faire la leçon à la jeune génération et mettre une grande claque sur la nuque de tous les festivaliers venus les voir. Et si Abbesses reste leur tube imparable et fédérateur, le concert se termine sur une version très énergique de The Parachute Ending. Les Birdy Nam Nam ne sont plus ce qu'ils étaient, mais ils manquent plus d'envie que de talent et si seulement ils s'en donnaient les moyens, on pourrait bien les voir faire un retour fracassant.
Birdy Nam Nam
BAADMAN - Scène Dôme - 01h00 : 5/10
Voilà par exemple un artiste à qui Birdy Nam Nam a encore des leçons à donner. Vendu comme le jeune prodige (17 ans) de l'inépuisable (mais un peu épuisante) écurie Ed Banger, Baadman a encore du chemin à faire. S'il livre un set intense et plutôt efficace, celui-ci manque aussi totalement de subtilité et d'originalité. Avec un show visuel embryonnaire, limité au strict minimum (un petit écran de leds, qui offre bien peu de possibilités) et une musique plus énergique qu'intéressante, le jeune DJ propose un concert qu'on prend sûrement du plaisir à voir sous amphétamines, mais dont on se passe bien sinon.
WE ARE THE 90'S - Scène Domino - 02h00 : NN
Si l'association entre la soirée 90's la plus connue et la plus fréquentée de France et le festival Solidays semblait une excellente idée sur le papier, sa mise en application s'est révélée bien moins évidente. Habitués à livrer un set de quatre à cinq heures, à se relayer sur scène, dans l'ambiance festive et potache de leurs soirées mensuelles à La Machine, l'équipe de la "We Are" a un peu de mal à s'adapter à ce contexte étrange du festival. Non seulement ils ne jouent pas leur propre musique, mais ils ne sont même pas DJs au sens actuel du terme. Ils le sont en fait au sens premier, c'est-à-dire qu'ils se contentent de passer des disques. Rien de déshonorant à cela, mais on ne peut s'empêcher de tiquer un peu à les voir sur une scène de festival. On connait pourtant leur science pour mettre un joyeux bazar sur scène et dans le public, mais ils se heurtent à une double-contrainte de temps et de lieu. Le temps, d'abord, trop court pour laisser les gens rentrer dans la danse à leur rythme, comme ils le feraient en club. Là, tout le monde est censé vibrer à l'unisson tout de suite, ce qui est déjà difficile dans un concert normal, mais qui devient carrément impossible quand on a l'habitude d'organiser une "soirée" complète et pas seulement un set. Quant au lieu, on constate rapidement que le chapiteau de la scène Domino est le pire endroit pour organiser un évènement de ce genre. Encore une fois, là où, dans un club, on peut se déplacer, aller boire un verre, s'asseoir quand on s'ennuie, retourner danser quand passe un morceau qu'on aime, chacun est ici bloqué dans moins d'1m², forcé de rester là, quoi qu'il arrive, sous peine de ne jamais retrouver sa place, ni ses amis. Ces détails peuvent paraître triviaux, mais c'est bien eux qui font que transposer une telle soirée dans le format absolument inadapté d'un festival, c'est la quasi-certitude d'aboutir à un fiasco. Sans doute les quelques centaines de personnes qui seront restées jusqu'au bout de la nuit à danser sur les Spice Girls et Alliance Ethnik auront-elles passé un excellent moment, mais les autres auront plutôt passé leur chemin.
(Il est évidemment impossible de noter cette prestation comme un concert classique, d'où la mention "NN")
The Kills
DON RIMINI - Scène Dôme - 02h15 : 6,5/10
La première chose qui frappe dans un concert de Don Rimini, c'est évidemment l'immense mur d'images tout en haut duquel est juché l'artiste, qui manipule une console tactile translucide, laissant voir ce qu'il fait (sans, bien-sûr, qu'on y comprenne rien, mais c'est assez classe). Habillé de visuels pas très variés dans l'ensemble, ce mur semble un peu sous-exploité, mais la mise en scène prend progressivement de l'ampleur et finit par captiver les spectateurs. Si les morceaux ne sont pas tous passionnants et privilégient souvent la force et l'efficacité à la subtilité, le set de Don Rimini est nettement au-dessus de celui de Baadman en termes de créativité. Ca cogne fort, mais bien, et la foule ne s'y trompe pas, encore bien compacte sous le chapiteau blanc, malgré l'heure déjà très tardive.
HUORATRON - Scène Dôme - 03h30 : NN
Pour les irréductibles, les derniers infatigables guerriers qui auraient encore l'envie (et la force) de se faire cogner sur la tête à l'heure où les gens sains d'esprit sont lovés dans les bras de Morphée, l'organisation avait programmé le fou furieux Finlandais Huoratron. Avec son allure de gourou punk, extatique et mégalo, ce "performeur scénique aux lives hors norme" (selon les mots du programme officiel) parvient à rameuter progressivement une foule très honorable, dont il lacère méticuleusement les tympans. Plus déchaîné derrière ses machines que les plus téméraires de ses spectateurs, l'artiste assure le show et fouette la foule à grands coups de barbelés sonores. Hélas, la fatigue et le froid ont raison de nos penchants masochistes les plus tenaces et on ne tarde pas trop à rendre les armes et à laisser les plus courageux se faire réduire en miettes sans nous.
BILAN DU JOUR 1 :
Sans doute le jour le moins enthousiasmant sur le papier, ce vendredi de Solidays lance pourtant bien les hostilités avec un Orelsan toujours convaincant, des Birdy Nam Nam certes décevants, mais efficaces, et un programme électro plutôt bien ficelé dans l'ensemble. Rien de transcendant, c'est vrai, mais c'est un début de festival très honorable.
A LIRE EGALEMENT :
La chronique du Jour 2 : Shaka Ponk, Kavinsky, Shantel, New Politics, Twin Twin, Christine
La chronique du Jour 3 : Garbage, JoeyStarr, 1995, Bernhoft
Critique écrite le 10 juillet 2012 par Fredc
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