Chronique de Concert
Bitchin Bajas-Johnny Hawaii
Johnny Hawaii, musicien solo du label phocéen Microphone Recordings (qui abrite en son sein Husbands, Kid Francescoli et Oh!Tiger Mountain entre autres) et qui sort prochainement un nouvel album, va assurer l'ouverture de la soirée. Sa musique est exclusivement instrumentale. Johnny Hawaii programme tout d'abord ses machines ; les sons envahissent progressivement l'espace. Les basse sont lourdes et profondes, très dub. Il envoie des boucles electro et des samples de bruits des vagues sur lesquels il plaque des accords cristallins et dépouillés de sa stratocaster. Le second titre est plus technoïde, avec des longs drones, mais ne perd pas pour autant son caractère chaleureux et organique. L'orientation prise ici est plus ambiant et moins pop indé que ce que j'avais pu entendre précédemment. Dommage que le son manquait de puissance ; l'acoustique du lieu, aussi sympathique soit-il, ne rend pas forcément justice à la musique de Johnny Hawaii. On aurait eu plutôt envie de se laisser totalement envelopper et bercer par cette ambiant pop rêveuse et plaisante qui sollicite l'imaginaire. Et on est curieux de voir ce que cela va donner sur l'album.
Bitchin Bajas, est le side project de Cooper Crain, musicien du groupe Cave, placé sous la haute influence du Krautock de Neu! et de Harmonia. Les trois musiciens présents ce soir ne vont pas hypnotiser l‘assistance à coups de rythmes lancinants et hypnotiques qui sont la marque de leurs glorieux modèles. Le line up est ce soir assez inattendu, même pour une formation de ce genre ; il y a deux musiciens assis face à face devant leurs claviers analogiques et un troisième homme à la flute et au sax. Peu de percussion sont utilisées, si ce n'est des cymbales sur lesquelles les musiciens vont jouer quelques rythmes répétitifs au tout début. Le set proposé montre une autre facette du groupe, et qui n'en restera pas moins aussi captivante que ce que j'ai pu entendre sur disque, plus marqué par les groupes de Kraut cités plus haut. Les claviers jouent de longs titres planants mais jamais linéaires ; l'un envoie plutôt des boucles rythmiques et l'autre des motifs mélodiques, parfois improvisés. Ce qu'interprète ce soir Bitchin Bajas évoque davantage le versant électronique et spatial du Krautrock, celui des premiers Kraftwerk, Cluster ou de Popol Vuh. Le saxophoniste-flûtiste improvise par dessus des thèmes qui évoque le jazz modal de Pharoah Sanders et renforce à la fois le caractère organique et plus free des morceaux. Bien sûr, cette musique reste très contemplative et ne fait pas dodeliner de la tête mais elle est riche, chaleureuse, inventive et jamais ennuyeuse. Le public, plutôt attentif, est majoritairement assis, ce qui va bien dans le cadre cosy des Demoiselles. Le set a donc été bien trippant mais cependant un peu court, à peine une heure. Le public n'a pas eu l'air d'être trop resté sur sa faim pour autant et cela a été l'occasion de découvrir une formation originale qui explore une facette du Kraut que l'on a pas toujours l'habitude d'écouter. On louera une fois de plus l'équipe du B-Side pour programmer des choses toujours aussi passionnantes et surprenantes.
Critique écrite le 18 novembre 2015 par Phil2guy
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