Chronique de Concert
Blockhead + Hugo Kant + Boogie Belgique + Mononome
Au moment où je tente de finir cette chronique le Poste à Galène n'existe virtuellement plus ... je viens en effet de saisir les dates de l'inauguration qui se fera sur 4 jours, 21 jours, jour pour jour après la première fois que j'ai ressenti le besoin de laisser une trace écrite d'un concert là-bas. Ce concert de Zop Hophop + Little Rabbits n'était pas le premier (j'en avait déjà vus quelques mémorables comme -M- (en concert gratuit faute de préventes) ou Louise Attaque (avec guère plus de monde), Sylvain Vanot (dont j'avais acheté les 3 seuls places vendus), Bertrand Besch (son passage précèdent celui où Julien Baer lui avait sauté dessus en plein concert) et plein d'autres (dont je dois avoir la trace audio quelque part). En tout cas sur les 21 dernières années ce ne sont pratiques 800 chroniques qui sont consignés sur Concertandco.
Au moment où je rentre dans le Poste je sais qu'on est proche de la fin (depuis le départ de Djam et de Lionel la programmation a changé et j'ai entendu des rumeurs de reprises, voire même de changement de nom), mais je ne sais pas que c'est le dernier concert du Poste. Bref, drôle de concert ce soir où le contexte est tellement lourd qu'il occupera en grande partie mes pensées ce soir. Tout juste descendu du train après une semaine mémorable à la montagne, je me suis précipité au Poste pour ne pas rater un des trop rare passage de Hugo Kant au sein de ce riche plateau baptisé Noble Silence.
Lorsque j'arrive Mononome est déjà sur scène. Seul au milieu il s'affaire nerveusement derrière ses machines avec en fond de scène un écran tout blanc (qui annonce des projections pour l'un des groupes suivants). N'étant pas très calé en musique électronique je lui trouve des petits sons à la Chinese Man (dont je ne connais que les 2 premiers albums).
Quand je le regarde j'essaie de faire la part entre ce qui est enregistré et ce qui est joué. Au bout de quelques morceaux je comprends que ce sont surtout les "percus" qu'il joue. Chose dont j'aurai la confirmation depuis la vue plongeante qu'offre la mezzanine où se trouve l'aquarium à fumeurs et fumeuses. Je redescends pour écouter son son chaloupé et le regarder, sérieux, le visage fermé orné d'une moustache, seul "statement" dont je ne saurais dire s'il est à la mode ou plus.
Dans la salle pas trop de rockeurs plutôt des clubbers vaguement hippie (et moi avec ma polaire orange et mon sweat à capuche enfilés à la va vite). Mon esprit se met à vagabonder ... je regarde les murs du poste, les postes sur le mur, l'absence d'affiche sur les panneaux qui marquent l'entrée dans la salle, signe d'une fin d'activité proche. La dernière fois que je suis venu c'était en mai 2018 pour les Needs et avant cela en octobre 2017 pour La Kamba ... dire qu'avant j'y étais plusieurs soirs par semaine ... Ce soir j'ai l'impression d'être en pèlerinage dans un lieu sur le point de disparaître ... comme la Machine à Coudre (RIP 2018), comme le CBGB's (2006)...
21h53 après un court changement de set arrivent deux gars, l'un au saxo, l'autre au laptop : il s'agit de Boogie Belgique. Ce sont eux qui ont installé l'écran sur le fond de scène. Pas désagréable du tout leur set est quand même un peu statique à mon goût et j'avoue que depuis que je connais Fred Pichot (et depuis Ed Hosdikian, John Massa and co) j'ai tendance à attendre des choses beaucoup plus nerveuses et/ou habitées quand je vois débouler un saxophone. puisque leur musique est accompagnée de projections.
Souriants, complices, ravis d'être là, mais très statique. Le public est là, de plus plus en plus nombreux et dansant. J'essaie de m'accrocher aux projections, mais non mes pensées sont ailleurs ... je suis en train de penser à ce concert de Jay Jay Johanson un des grands moments du Poste qui avait je pense ce soir-là battu tous ces records en termes d'affluence. Je pense aussi à ce que m'a raconté Philippe tout à l'heure, cet article dans La Provence à côté duquel je suis passé et qui annonce de façon beaucoup plus précise (et rapide) la fin du Poste
Pendant que le "poum tchack" (ça marche toujours) fait danser le public, et pendant que mon corps est encore au ski, mais tête pense à la fin de ce Poste. Mon Poste. La salle par laquelle j'ai pris conscience de la richesse de l'activité musicale à Marseille, pour qui j'ai collé quelques affiches avant de me mettre à écrire sur Rockinfo, Taktik, Nouvelle Vague... Je remarque aussi qu'il y a l'air d'y avoir pas mal d'americains (en totu cas anglo-saxons) dans la salle.
Un tout petit peu avant 23h c'est au tour de Quentin aka Hugo Kant d'investir la scène. Déjà vu au Poste à Galène en trio ou en solo comme ce soir, je sais que je vais passer un bon moment. Il attaque par un morceau je ne reconnais pas, mais dès qu'il sort sa flûte aucun doute.
Je reconnais les morceaux suivants et ce son très dub. Je m'approche et ai le loisir de voir que tout est joué ou presque. Là aussi je pars un petit coup dans le passé. Le temps passe vite mais quand je repense au Gus Weg ou même à Samenakoa j'ai l'impression que c'était une autre vie. Ce soir il joue de la flute, du clavier et de tous ces petites boutons ou pads qui me paraissent bien mystérieux.
A chaque fin de morceau / baisse de volume sa performance est salué d'acclamations du publique qui continue à passer une bien belle soirée. Il danse, le public comme lui. Il nous annonce une impro (dirigée) ... on en prend plein les yeux (si on s'approche et qu'on le voit tout bidouiller en temps réel) et les oreilles. C'est d'ailleurs comme cela qu'on pourra résumer son set d'une bonne heure et demi.
Je m'approche du stand de merchandising. De bien jolis vinyles. Sur scène ... le dernier performer est en train d'installer son matériel qui se résume à un laptop. Alors c'est qui se Blockhead. N'ayant aucune culture hip hop je m'aide de wikipedia "Blockhead, de son vrai nom James Anthony "Tony" Simon, né à Manhattan, New York, est un producteur de hip-hop américain. En dehors de ses compositions solo sur le label Ninja Tune, il produit pour Aesop Rock, rappeur du label de hip-hop indépendant Definitive Jux.".
Gros son (et fort) ... hip hop donc avec comme chez tous les artistes ce soir ce goût pour les samples ou son ethniques / orientaux. J'ai toujours un peu de mal avec les mecs derrière leur ordi qui ne quittent pas des yeux ce dernier, même s'ils sont à fond dedans et dansent, mais ce n'est pas désagréable du tout. Les connaisseurs apprécient. Mais comme il est tard je pars un peu avant la fin, jetant un dernier coup d'œil à ce lieu qui aura donc changé de nom et d'ambiance la prochaine fois que j'y mettrai les pieds.
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Critique écrite le 25 février 2019 par pirlouiiiit
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