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Chronique de Concert

Block Out, Vortex of end, Tchikentai et Biribirum

Excalibur, Reims 17 février 2007

Critique écrite le par

Beurk. Pas beau. Caca. Voilà, pour résumer, tout ce que m'inspire en général la musique métal. L'écoute successive de ces trois groupes fut pour moi, une longue descente aux enfers. Dignes porte-étendards de leur mouvance esthétique, Block Out, Vortex of end et Tchikentai et Biribirum, nous ont offert tout ce qu'il y a de plus abject dans cette sous-culture blanche décadente.

Pourquoi se faire tant de mal ? Pourquoi s'imposer une telle séance de torture, alors que je ne suis ni suicidaire, ni masochiste ?

Par amitié.

Figurez-vous que j'avais des amis dans ces groupes. Oui, après trente années de solitude, j'ai décidé, à la faveur d'internet et de mon installation à Reims de me faire des amis. J'ai entamé le processus depuis le mois de novembre. J'en suis encore tout étonné. C'est vraiment nouveau pour moi, des amis. Je m'étonne de voir comment cela peut être facile... Mercredi, j'ai ouvert les portes de mon deux pièces. Une trentaine de personnes sont venues et parmi elles des membres de Block Out, Vortex of end, et Tchikentai et Biribirum.
Je ne partage pas l'ensemble de leurs goûts, il n'empêche, ils m'ont fait l'honneur de répondre à mon invitation, ce sont donc gens sympathiques. En plus, ces grands gaillards se sont très bien comportés.
Alors, quand ils m'ont parlé de ce concert à l'Excalibur, je me suis dit que la moindre des politesses serait de leur rendre la pareille en répondant à cette invitation. Et puis, curieux comme je suis, j'avais envie d'entendre de mes propres oreilles toutes les horreurs qu'ils étaient capables de produire.

Vous l'avez déjà compris. Je n'ai pas été déçu du voyage. Du bruit moche et violent, des tatouages, des têtes de morts, des appels à Satan, une évocation de la Shoah derrière un mur de saturation... Tous les ingrédients du folklore étaient réunis.
Bête coïncidence pour mes camarades, il y avait le même soir, une autre affiche métal, à la Cartonnerie. Il devait y avoir du monde là-bas parce que dans le petit bar, ils n'ont pas dépassé une petite dizaine d'entrées payantes. Le public se résumait à quelques amis fidèles. Du genre comme moi, mais en un peu plus enthousiaste comme cette fille qui a passé la majeure partie de la soirée à baisser la tête, dévoiler sa poitrine, pour pouvoir faire tournoyer ses cheveux dans les airs.
Ca se fait dans le métal.
Son copain, le chanteur de Vortex of End l'imitait, mais pourvu d'un crâne rasé, c'était plus difficile pour lui de trouver le bon mouvement.




Dans Block Out, on retrouve la moitié d'Aido Music System (groupe dont j'ai déjà eu l'occasion de parler), soit Simon le batteur et Cyrille le guitariste, qui là officie comme bassiste. Complète le casting, Stymbo, guitare, et deux hurleurs, Grégory et Sylvain.
Ces deux voix monstrueuses font toute la singularité de Block Out. C'est absolument terrifiant. On doit approcher ici des limites de ce que des cordes vocales humaines peuvent produire. J'ai crû assister à un spectacle de polyphonie pour lance-flammes. C'est très curieux. A dire vrai, ça vaut presque le détour. L'un comme l'autre sont capables de sortir des sons extrêmement gutturaux. Il n'y pas une voix claire en contrepoint d'une voix basse. Non, ici, c'est une mise en abyme. Une couche de cauchemar par-dessus une autre couche de cauchemar. Sans aucune lumière.




Fasciné par la chose, j'en suis arrivé à imaginer une version a capellla. Quitte à faire peur, pourquoi ne pas prendre le parti de se mettre à nu en n'offrant que ces deux voix. On vire les instruments, on enlève surtout le rythme. Ca donnerait un truc vraiment dingue, digne de figurer dans une galerie d'art contemporain ou, même, dans une salle d'interrogatoire.




Si j'ai bien compris, Vortex of End ne dédaignerait pas être utilisé comme arme de destruction massive. Le trio ardennais se définit comme jouant du satanic porno black metal. En d'autres termes, ce sont de grands vilains dont les titres Satanic deformed vulva chicks, Total necroslut's desecrator ou Nekrogoat domination invoquent Satan à tour de bras et ne souhaitent pas du bien à l'humanité. Ils ont de jolis pseudos. Hräsvleg, Nagarth et Necroblaster, pour le batteur, 18 ans et des cadences de frappes de 300-400 BPM.
Ils ont joué assez longtemps je trouve. Trop longtemps. Je suis sorti un moment pour prendre l'air, alors que de la même manière que je vide toujours mes verres, je tiens à regarder chaque concert dans son intégralité. Là, je n'ai pas pu. J'étouffais. Imaginez assister à un génocide, dans son intégralité, en temps réel. Les mises à mort succèdent aux mises à mort. Au début, c'est l'effroi, puis l'ennui gagne, un ennui gluant, empli d'odeurs de défécation et pour ma part, d'un sentiment d'incompréhension. Je regardais Hräsvleg, le bassiste, concentré sur son instrument. J'avais eu l'occasion de le croiser plusieurs fois auparavant, sous le nom d'Olivier et avec des lunettes. Olivier est un garçon charmant. Calme, il m'a semblé. Mais qu'a-t-on pu lui faire pour qu'il veuille le mal à ce point ? Pourquoi Hräsvleg ?
Au secours ! Sauvez-moi, sauvez les !



Hélas, nous tombâmes de Charybde en Scylla et de Tchikentai en Biribirum. Ce dernier groupe, Tchikentai et Biribirum, est une nouvelle émanation du cerveau en ébullition d'Arno Lehmann, alias Aido Music System, alias Arno le chanteur français, alias Bruno Etienne, alias mon copain Arno. A ses côtés, on retrouve Cyrille (Block Out, Aido) et en guest, depuis peu, Sylvain, alias Grindponey, l'un des deux hurleurs de Block Out. L'allure du groupe est assez comique. Grindponey, particulièrement, avec des lunettes noires et un rôle de "air batteur" assez déconcertant. Mais nous n'avons pas eu le temps de rire longtemps. Rapidement, ma mâchoire s'est figée devant ce truc difficilement qualifiable...



Vaudou psychiatrique, c'est tout ce que je suis arrivé à trouver comme appellation (in)contrôlée.
Arno introduit la chose en nous annonçant une performance centrée sur la Shoah. L'autre jour, Simon (batteur d'Aido et Block Out) lui a dit quelque chose qui lui a déplu à ce sujet. Alors, il a ressenti la nécessité d'en faire quelque chose. Ce quelque chose se matérialise sous la forme d'un mélange d'accords de guitare sans queue ni tête, de samples de 2001 l'Odyssée de l'espace, de cris et de contorsions. Arno, torse nu, se roule par terre comme il en a pris l'habitude au sein d'Aido Music System. J'ai beau l'avoir déjà vu plusieurs fois dans cet état, son "jeu" reste très inquiétant. On voudrait et on devrait fuir. C'est hyper malsain. Vu le thème annoncé en introduction, la Shoah, je tends l'oreille à la recherche de mots évoquant l'extermination des Juifs d'Europe. Mais, mes deux oreilles ne captent rien que des cris.
Notre calvaire, heureusement, fut moins long qu'avec les deux groupes précédents. Le martyre d'Arno ne dura que 22 minutes. Il resta encore un moment prostré, recroquevillé sur lui-même, la mine hagarde.
Je l'ai laissé là. Ce drôle d'ami. Lessivé moi-même par ces deux heures de musiques sinistres, je m'en suis allé vers ma bicyclette. Là, une étudiante en première année d'histoire est venue me demander si c'était fini. Je lui ai répondu que oui et que c'était bien assez. La gamine était ronde comme un coing, saoûle et heureuse : "Ah oui, déjà terminé ? Mince alors, c'était vraiment bien. Et le dernier groupe, j'ai adooré !" Sur ce, elle fit choir son porte-feuille.








 Critique écrite le 18 février 2007 par Bertrand Lasseguette

> Réponse le 06 mars 2007, par Metal Avenger

Mmmmmh, je pense que tu aurais au jour d'aujourd'hui une toute autre opinion du Metal si tu étais allé à la Cartonnerie ce soir-là... Enfin tu le sauras la prochaine fois... ;-)   Réagir


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