Chronique de Concert
Blu & Tatoo
La Meson, tout sourire et toute en beauté dans ses nouveaux atours de rouges et d'or (la salle marseillaise s'est offerte une nouvelle déco pour les fêtes, notamment du côté du bar), accueillait vendredi le duo Tatou et Blu, meneurs (s'il en est) du groupe Moussu T e Lei Jovents, et membres du Massilia Sound System, pour un concert intimiste devant un public nombreux.
Public qu'on ne leur " reconnaît " pas au premier abord ; le nouveau projet aux versants nostalgiques et intimistes du Moussu T présenté ce soir semble avoir fait riper le public habituel du Moussu T vers un public plus posé, plus sage (oserai-je le dire ? moins jeune) que celui du Moussu T, et a fortiori du Massilia sans doute. Mais peut-être est-ce une illusion, et quoiqu'il en soit, ce public n'en sera pas moins attentif et enthousiaste.
L'objectif recherché par le duo ce soir et annoncé par la lumineuse Sarah, hôtesse des lieux, et détaillé sans plus tarder par Tatou dès son arrivée est clair : ce soir, les chansons les plus mélancoliques, les plus tristes, extraites du répertoire du Moussu T, n'ont qu'un seul but (sic) : " On va les faire chialer, minot ! ". Bien entendu, le phrasé des deux comparses lève rapidement nos inquiétudes. La mélancolie aux accents du sud n'est jamais tout-à-fait larmoyante.
Sur la forme, une formation épurée, simple : les deux compères sont assis côte à côte sur deux chaises, face au public. Tatou, comme à son habitude dans le rôle du " sage ", bras reposant sur le pied micro, regard intérieur ou oeil rieur, assure la majorité des chants, ainsi que les très nombreuses transitions parlées, où présentations de morceaux, anecdotes et blagues sont toutes conjuguées au présent-La-Ciotat, au bon-temps-d'antan-antérieur, et à l'humanisme non-conditionnel. Blu quant à lui assure les réparties et les guitares d'une superbe manière, de cette guitare blues et clair qui a autant d'accent que celui qui en joue.
Le groupe ne joue pas en acoustique, mais les boucles de guitares lancées en direct par Blu, ainsi que les différentes reverbs sur la voix de Tatou sont si subtilement amenées, que c'est à peine si on s'en rend compte. Et, bien que retrouvés acculés dans un coin de la salle devant l'affluence de la soirée, cette position un peu reculée et l'ambiance aux accents occitans et ensoleillés développée par le duo nous permettront de décoller pour un-je-ne-sais-où dès le deuxième ou troisième morceau, oubliant d'où nous sommes réellement, et de quelle semaine de labeur nous venions.
Sur le fond, on évoquera ici et là la nostalgie des bords de mer, des villes et des ruelles (Seradas de la mar, Lo Libre Salabrum, Sus l'Autura), des chantiers navals et la classe ouvrière (La Marraine, Par La Fenêtre), des amitiés et des amours (Dins la nuech de mon Astre), le rejet de la guerre (Paul, Émile & Henri). Et on rappellera ailleurs, les " boui-boui " du Panier où se produisaient les musiques métissées teintée d'ailleurs (Au Boui-Boui de la Rue Torte), musique que les Moussu T ont rêvé de remettre au goût du jour. Et on ne pourra bien entendu pas passer à côté du fait que La Ciotat est quand même le centre du monde (la preuve : sans aller jusqu'à dire que quand il fait beau à La Ciotat, il fait beau partout ailleurs, admettons quand même que quand il pleut à La Ciotat, il fait un temps de m... partout ailleurs). On aura même droit à quelques petites leçons d'occitan.
Après cette nostalgie de si belle facture, le groupe profitera quand même des rappels pour nous offrir des morceaux plus joyeux (A La Ciotat, Lo Gabian, ...) afin de clôturer une très belle soirée.
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Bonus video :
Critique écrite le 27 janvier 2015 par Flag
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> Réponse le 31 janvier 2015, par Pirlouiiiit
Flag a très bien retranscrit l'ambiance de cette soirée délicieusement intimiste ... je me contenterai donc juste de recopier mes notes (pour le moment): - la légère gêne en chantant dans les yeux d'une fille au premier rang une chanson où il est question de passer sous son manteau (chanson qu'il ne pouvait décemment pas chanter en regardant sa nièce) - sur mon astre je crois - Lo Libre Salabrum où il est question des cendres de Tatie Ninja (que personne n'avait l'air de connaître ce soir dans le public ?!?) ... blues - intermède sur le "temps-bière" - La Ciotat cap canaille - sujet plus grave : Barque de clandestin - chanson triste en occitan - "Gens du nord" - des petits airs de Sam Karpienia dans sa façon se sourire en s'adressant au public - anti suicide - la guerre -... La suite | Réagir
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