Chronique de Concert
Bob Dylan
Alors que la salle n'était pas pleine, j'ai pu mesurer l'ampleur du phénomène Dylan à l'instant même ou les lumières se sont éteintes. A cet instant précis, tout ceux qui pensaient avoir cassé leur tirelire à juste titre pour être assis au plus prêt du mythe (souvent des "anciens") sont restés de marbre. A cet instant précis, c'est une marré humaine incroyable qui se rua littéralement sur le devant de la scène faisant du même coup voler les sièges ! Fini les places assises du premier carré, tout le monde resterait debout pendant le spectacle, comme Dylan du reste, du haut de ses 69 ans. Après un grand nombre de concert au Dome, c'est la première fois que j'assistais à un tel spectacle.
Pour le show, une fois n'est pas coutume mais cela commence à devenir pesant avec les années, Le Dome reste bien la salle la plus médiocre de France. A trois guitares, un banjo, un clavier, une basse et une batterie, impossible de distinguer les partitions de chacun. La voix de Dylan encore plus sombre avec le temps ne trouva pas sa place dans le spectre du Dôme et pourtant dieu sais à quel point les mots comptes autant que la musique chez Zimmerman. Même après 4 ou 5 morceaux, des lacunes persistent.
Le premier guitariste passa son temps sur ses retours et à donner ses instructions à la régie. Une salle qui nuit à l'artiste sur scène et donc qui nuit à la dynamique du show et du même coup à la dynamique du public laquelle de rejailli pas sur l'artiste. La boucle est bouclée. Mais c'est à chaque fois pareil...
Mercredi pourtant, c'est un groupe sur le rasoir qui accompagnait Dylan avec une section rythmique énorme même si les lignes de basse étaient difficilement audible dans l'ensemble. Dylan assura l'essentiel sans plus. Pas un seul mot au public, un seul rappel expédié et 30 secondes pour saluer la foule avant de tirer révérence.
Le concert restera néanmoins un bon souvenir musical et historique pour ceux qui y était. Mais quel bonheur cela doit être d'assister à ce show au Zénith de St-Etienne ou à l'Olympia pour ce citer que ces salles.
Du côté de la set-list, le concert débuta sur un triptyque : Leopard-Skill Pill-Box Hat avant d'enchainer sur It Ain't Me, Babe toujours dans une ambiance sonore indigne. S'en suivi une ballade en caisse avec un Stuck Inside a mobile... là encore difficile d'approche dans ce raz de marré sonore ou Bob, fidèle à lui même, "réinterprèta" un peu le chant, si bien que même après avoir écouter ce titre des centaines de fois, il restait pénible de s'y retrouver. S'en suivi Just Like a Women appuyée et électrique reprise par le public avant d'en venir à I don't believe you, Higher Water et un Desolation Now menaçant et rudement bien embarqué par le batteur notamment aux accents jazzy.
Blind Willie Mc Tell, Honest with me, Shelter from the storm et l'attendu Highway 61 pour suivre. Dylan, l'harmonica dans une main et le micro dans l'autre donnait alors le change. Le public de semaine, peina à se manifester même s'il y avait de quoi suivre en tapant des mains mais non. Là encore, l'acoustique y était pour beaucoup...
Forgetful Heart, Thunder on the mountain et Ballad of a thin man impeccable avant le rappel. Le set repris sur le classique Like a rolling stones, l'occasion de voir le public enfin s'y retrouver dans son ensemble et Forever Young pour conclure. Un petit salut et fini.
Deux heures de show à 69 ans c'est brillant (Ray Charles ne jouait pas plus de 45 minutes dans les dernières années). Mais vu le répertoire du bonhomme, difficile de ne pas rester sur sa faim tant les classiques manquent à l'appel.
La frustration du public se ressenti d'ailleurs car tout le monde s'attendait à un second rappel, surtout que le premier n'avait pas durée le temps de griller une demi-clope. On entendit même quelques sifflets dans la salle, oui, oui. Car Bob Dylan ou pas, le public de Marseille reste un public à qui on ne la fait pas.
Un concert de pointures, avec un auteur mythique et plutôt en forme dans une salle médiocre.
OUT :
Ce n'est pas pour enfoncer le clou mais entre Mick Jagger qui invite Bono de préférer le stade de Nice pour éviter l'acoustique du Vélédrome et un Dôme indigne que l'on annonçait comme le meilleure salle d'Europe, voilà une vrai raison de faire grève !
Après la Région Ile de France, la Région Paca est la plus culturelle (devant Rhones Alpes). Les Bdr est le département ou se concentre 50% de l'activité culturelle de la Région Paca et nous n'avons même pas une salle digne de se nom. Pire à mes yeux, le Dôme n'exploite même pas sa spécificité ! Une seule fois, j'ai assisté à un concert dans la configuration circulaire avec la scène au centre et les gradins entre parenthèses autour. C'était des ricains (Metallica).
Maintenant que la salle est amortie ou du moins qu'elle a été en partie amortie, ne serait-il pas urgent d'investir massivement pour qu'elle devienne enfin acceptable car, une chose est sûr : un grand nombre d'artistes évitent Marseille car il n'y a aucune alternative au Dome (surtout l'hiver).
ndP: autorisation de photographier formellement refusée
Critique écrite le 24 juin 2010 par Philippe Laffont
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> Réponse le 25 juin 2010, par carocoline
Magnifique ! 2 heures de concert qui nous en met plein la vue. Des solos de musique très appréciables et la voix de Bob Dylan très roque est très prenante. Quel dieu ! Réagir
> Réponse le 25 juin 2010, par Mag
Une lamentable soirée; le son pourri, comme toujours au Dôme,-faudra que j'abandonne de croire à une possible amélioration à chaque fois-un Dylan avec une voix rauque de chien aux cordes vocales brisées, que dire : l'envie d'être remboursée, remboursée parce que j'y ai laissé le Dylan de mes quinze ans, mardi au Dôme!! Le mythe est mort : fini la voie nazillarde qui me faisait frémir, le talent à l'harmonica : évanoui! Un "just like a woman" méconnaissable, et plein de titres qui m'ont manqués (ou pire : ne les aurais-je pas reconnus???).De retour chez moi, j'ai cherché sur You tube et à 23 heures j'écoutais le vrai Dylan... sur mon PC!! Réagir
> Réponse le 25 juin 2010, par rockandlove
[Marseille - 23/06/10] Totalement d'accord avec la critique précédente, je suis vraiment écoeurée par ce concert, je m'attendais à tellement mieux de ce monument du rock folk et je suis restée sur ma faim du début à la fin du concert. D'abord, le premier fait qui m'a assez choquée, aucune introduction ni message de bienvenue au public (qui a dû pourtant débourser au minimum 50€ pour venir le voir!), ni même le moindre signe de la tête ou geste amical. Alors certes, Môssieur Bob Dylan est un personnage contestataire qui se moque bien des traditions et des formules de politesse, mais de mon point de vue, le propre d'un artiste est tout de même de respecter son public et de le saluer de la même façon que celui-ci l'acclame à son arrivée! Ensuite, d'un point de vue musical, une vraie catastrophe: comment... La suite | Réagir
> Réponse le 20 juillet 2010, par Dulac Dominique
[Dome, Marseille - 23 juin 2010] J'ai vu Dylan à Marseille le 23 juillet 2010. C'était très très bon, magnifique, irréel, merveilleux. Dylan n'est pas comme les autres,l a force puissante de sa musique, de sa poésie,d e son verbe nous emmène loin, si loin, au delà des étoiles, aux fondements de l'univers, aux portes du Ciel. Merci Dylan, dans ce dernier siècle ou toutes les idéologies se sont écroulées, tu as été la plus belle lumiere et tu es toujours la plus puissante lumière de notre époque si sombre. Ta musique et ta poésie sont si belles et éternelles ! Que Dieu te bénisse ! Réagir
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