Chronique de Concert
Bögö
A la base ce soir j'avais prévu d'aller voir Art Garfunkel, le passe photo ayant été refusé j'ai donc laissé Sami y aller seul et je me suis dit que j'allais en profiter pour me faire une belle soirée de groupes locaux talentueux comme il y en a vraiment pleins : ce serait Gred Pichot Quartet aka
La dernière fois je me suis rendu du le panier c'était en novembre dernier, le soir aussi puisque c'était pour aller voir les Soul Addict Singers au Roll'Studio aussi. En montant les montée des Accoules tout me parait triste. Il ne fait pas spécialement froid mais tout est désert et il y a pas mal d'échafaudage. Je croise mes premiers êtres humains dans la rue des Muettes. Un attroupement devant la salle signe que j'arrive pendant la pause. Comme à son habitude (en tout cas à chaque fois que je viens) le Roll's est plein. Je jette un oeil à l'intérieur et reconnais Anna de dos qui n'a pas quitté son siège au premier rang. Je vais discuter avec elle et du coup me retrouve "coincé" devant quand le concert s'apprête à rependre. Ça se remplit lentement mais surement et il reste un espèce de cubes rembourré juste à côté des saxos de Fred Pichot. Je m'y cale.
Par rapport à la fois où je les avais vu au JAM ils sont un de moins ; de gauche à droite Fabien Ottones au piano (à queue), Fred Pichot au saxos, Patrick Ferné à la contrebasse, et Aurélie Agullo à la batterie. Il y a aussi Julia Minkin mais qui est pour le moment dans le public. Apparemment elle a déjà chanté pendant le premier set mais quand Anne lui demande si elle va y retourner elle a l'air de répondre qu'on verra bien (la set list étant inexistante ce soir).
Fred commence en nous demandant si nous avons déjà eu un ami imaginaire. Il a l'air surpris de voir que pas mal lui répondent que oui. C'est pour introduire le morceau sur l'ange gardien qui démarre en douceur avec son thème reconnaissable entre mille (en tout cas ça me rappelait bien quelque chose). Je n'ai pas vu la première partie mais rentre très vite dedans. Le son est bon, fort juste ce qu'il faut. Je suis très près de la batterie mais ne ressens pas le besoin de mettre mes bouchons.
Après ce morceau, comme après les suivants ils se consulteront rapidement pour décider du prochain ... ce sera Far away pour lequel Julia quittera le canapé pour les rejoindre au milieu de la scène. J'avais plutôt un bon souvenir du premier concert (qui était en fait une répétition publique) mais alors là quelle claque lorsque Julia s'est mise à chanter. Avec un chant à la Morcheeba on va dire pour faire simple elle donne une couleur très trip hop à ce jazz langoureux. A cet instant je ne peux m'empêcher de penser que j'ai failli rater cela à cause de Art Garfunkel ou pire de ma flemme.
Et la suite ne fera que me conforter dans ce sentiment. Certes Art ne repassera pas de sitôt à Marseille, et certes Bögö rejouera plein de fois à Marseille (d'ailleurs en mars à l'U-percut), mais la combinaison entre ce lieu, cet instant, leur humeur à chacun(e) .. bref tout ce qui fait la différence entre (même) un super enregistrement et un (souvent meilleur) live ... qui fait que la magie opère c'était ici et ce soir. Ils enchaineront par un tout aussi troublant Alone tonight qui commence en douceur avant de partir sur un rythme beaucoup plus rapide (limite tek).
Sur celui ci comme sur les suivants (car Julia restera sur tous les morceaux sauf un) la voix de Julia et le saxo de Fred se répondent à merveille. A aucun moment on se dit qu'on a affaite un aun chanteuse accompagné de musiciens ou à des musiciens qui ont invité une chanteuse sur un morceau. Il s'agit bien là d'un groupe à part entière dans lequel la voix est un instrument comme un autre (ou la saxo une voix comme une autre - au choix)
Puis ce Silence now avec sa superbe intro au piano, sur celui ci je pense à un peu à à nouveau à Morcheeba. Difficile de rester insensible à ce que dégage Julia même lorsqu'elle ne chante pas et accompagne du regard le saxo de Fred qui d'ordinaire si mobile sur scène est resté assis (à côté de moi - hum !) pour ce morceau. Suivra tout aussi délicat Lovelessness où je pense à la fois à Cocorosie et à Martina Topley-Bird.
Changement de rythme avec le plus péchu / pop (mais pourtant jazz) Girl Power et ce refrain auquel on ne peut qu'adhérer (et chanter au moins dans sa tête) "all we want/need is to be loved be loved be loved be loved be loved ". L'occasion de dire un mot sur la section rythmique irréprochable et pluripotente ; comme tout le monde sur scène ce soir d'ailleurs.
Pour le morceau suivant Julia retournera à sa place ; il s'agira d"un Vlavert commencé à la flute et aux cordes de piano et qui décollera façon dub oriental ... au point que Fabien fera plusieurs bonds sur son siège et que je surprendrai aussi les pieds de Fred au dessus du sol à plusieurs reprises. Le genre de morceaux comme Fred en a aussi au sein de Nafas et qui m'ont fait prendre conscience de la puissance du jazz. Je pense d'avoir pouvoir dater mon intérêt pour ce style à ce 17 juillet 2011.
Bref j'espère avoir réussi à vous faire imaginer par ces mots à quel point ce concert était largement au dessus de la moyenne (la mienne en tout cas). Il y aura encore un morceau instrumental (plus calme) sur lequel j'ai oublié de prendre des notes et puis ils rappelleront Julia pour clore ce deuxième set, qui aura quand même duré plus d'une heure, avec la reprise d'un standard de de jazz (que je n'ai bien évidement pas reconnu). Quel début de soirée en tout cas. D'ailleurs en partant en direction de la Meson j'étais un peu inquiet sur ma capacité à apprécier autre chose après ce si beau moment ... (la suite de la soirée par ici
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Critique écrite le 12 février 2017 par pirlouiiiit
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