Chronique de Concert
Brendan Perry
Les places sont assises ; rien de bien gênant puisque la musique solennelle et introspective de Brendan Perry ne porte pas (malgré le patronyme de son groupe) à la danse ou au défoulement. l'Espace Julien est quasiment plein, bon nombre de quadras et de quinquagénaires, vêtus de noir, se sont déplacés en masse. Mais la musique de Dead Can Dance a toujours plu à un cercle très large de personnes qui va bien au-delà des amateurs du rock " gothique ". On aperçoit même quelques metalleux dans la salle, dont un qui porte un tee-shirt Venom, c'est dire...
Brendan Perry tiendra la guitare, le plus souvent une folk, plus rarement une électrique, sur la quasi totalité des titres. Il est accompagné de deux musiciens qui ont souvent joué dans Dead Can Dance : le bassiste Richard Yale et la pianiste-claviériste, Astrid Williamson, chargée également des programmations. Les trois musiciens jouent assis.
Le set débute par un des premiers titres de Dead Can Dance, Labour of Love, qui captive aussitôt et impose tout de suite un silence presque recueilli dans la salle : notre homme, en plus d'avoir un charisme indéniable, n'a rien perdu de cette voix de baryton, puissante et profonde, à la fois sobre et expressive. Les cordes et les percussions, qui sont assurées par l'ordinateur posé à côté des claviers, ne sonnent absolument pas toc ou artificielles. En plus, les deux accompagnateurs font preuve d'une grande maîtrise instrumentale.
Beaucoup de titres joués ont une couleur assez folk comme Happy Time, un titre de Tim Buckley sur lequel Brendan Perry part dans des aigus assez inattendus. Même quand il est en voix de tête, le chanteur n'a rien perdu de sa puissance et de son expressivité. Il jouera deux autres chansons de Tim Buckley, Chase the blues, sur lequel la claviériste Astrid Williamson assure les choeurs et tient la guitare électrique, et Song of the Siren, qui avait été déjà repris et popularisé par le " super groupe " du label 4AD This Mortal Coil (auquel avait justement participé les membres de Dead Can Dance) et qui est ici magnifiquement interprété. Vient ensuite une très belle version de The Carnival is Over, une autre chanson de Dead Can Dance.
Le public est donc en terrain relativement connu, et là surprise, le trio enchaîne alors avec deux standards de la musique brésilienne : Berimbau de Vinicius de Moraes et Baden Powell, aux accords de guitare tout de suite identifiables, et Carolina Bela de Jorge Ben. Ceci en a effectivement étonné plus d'un (je me suis demandé si le monsieur avec le tee-shirt Venom avait apprécié). Mais Brendan Perry s'approprie ces titres naturellement et de manière toute personnelle, cela sonne un peu comme si Scott Walker se mettait d'un coup à faire de la samba. Il n'y a finalement ici rien de réellement étonnant, les deux membres de Dead Can Dance ont souvent puisé dans les musiques du monde, orientales et sud-américaines.
Après ces reprises, Brendan Perry présente un nouveau titre de très haute tenue, Killing the Dream sur lequel il tient la guitare électrique. La fin du concert approchant, il ne manque pas de présenter alors ses deux acolytes, sans oublier de mentionner respectueusement le musicien phocéen Nicolas Dick qui s'occupe ce soir du son, ce qui est une élégante façon de le remercier. Le set se termine donc par un des titres les plus emblématiques de Dead Can Dance, le superbe Severance que l'on peut considérer désormais comme un classique.
Le chanteur nous gratifiera d'un rappel avec Medusa, The Captive Heart deux titres de son premier album solo, Eye of the Hunter et Don't fade away, un titre très folk de Dead Can Dance. L'accueil a été plus qu'enthousiaste, tout a été magistralement joué et chanté ; Brendan Perry a ici interprété, en dehors des reprises, des titres de toutes les périodes de sa carrière, faisant sonner chacun d'eux de manière totalement unique et intemporelle, ce qui est montre à quel point ce chanteur, en plus d'avoir une forte personnalité, a réellement l'envergure des grands songwriters solitaires comme Scott Walker, Leonard Cohen ou encore Tim Buckley.
Critique écrite le 20 février 2019 par Phil2guy
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