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Chronique de Concert

Les Nuits d'Istres : Brian Setzer's Rockabilly Riot + Fiction Plane

Les Nuits d'Istres : Brian Setzer's Rockabilly Riot + Fiction Plane en concert

Pavillon de Grignan- Istres 03 juillet 2011

Critique écrite le par

Le Brian Setzer's Rockabilly Riot pose ses creepers à Istres en ce doux mois de juillet, inutile de dire que je vais pas me faire prier pour faire le court déplacement jusqu'au Pavillon de Grignan !
Setzer et Slim Jim à domicile, c'est quand même pas tout les jours.

Prends l'autoroute, monte à Istres, gare le ravan à coté d'une Audi A4 sur le parking VIP (on a des privilèges hallucinant à Concertandco ! ), et rentre au Pavillon ou le champagne et les petits fours coulent à flots. Ah non, merde, j'y ai pas droit, moi... bon ben un petit coup à boire à mes frais quand même, et je vais jeter un oeil à la configuration des lieux, gardant un souvenir mitigé du concert des Stooges ici même l'année dernière en raison d'une obligation à rester assis assez mal venue et une absence de fosse préjudiciable à un concert de rock, à mon sens.
Mais je serai rassuré aujourd'hui, puisque un petit espace est prévu pour le public souhaitant rester debout et j'en remercie l'organisation. Les rockers sont vieillissants, d'accord, mais il reste une once d'énergie à quelques uns encore. Et puis merde, on paye assez cher, on va quand même pas nous interdire d'être debout, c'est un comble...



Autre point positif et agréable : la programmation musicale sortant des enceintes durant l'attente du début du show !
Combien de concerts passés à attendre en écoutant de la mauvaise pop ou, au mieux, de la musique sans rapport avec le schmiliblick !
Alors que ce soir, grands dieux, non ! Johnny Kidd, Johnny Burnette, Johnny Horton...
Donc : merci pour ça.



Je dirai un peu moins merci pour le groupe assurant la première partie ce soir, puisque nous eûmes droit à Fiction Plane, un combo de pop anglaise aux compos fort bien foutues je dois reconnaitre, mais complétement hors de propos de ce Rockabilly Riot. Pas tout à fait la même ambiance, quoi... C'est d'ailleurs amusant de constater l'accueil plutôt chaleureux qui leur a été réservé par la majorité du public, le public Rockab' étant plutôt connu pour son intransigeance musicale. Ça fait un peu ancien combattant, mais Fiction Plane en première partie de Setzer quinze/vingt ans en arrière, et ça aurait été une pluie de canettes et d'objet divers jetée sur la scène. On peut donc, selon le point de vue qu'on adopte, soit se féliciter que l'ouverture musicale devienne une norme, soit déplorer la perte d'une certaine intégrité, voire d'un certain folklore en lien avec des styles musicaux précis. Entre les deux mon coeur balance. Autre possibilité à envisager également, qu'une grande partie du public soit également venue non pas pour Setzer, mais bien pour Fiction Plane. Mais je ne peut décemment pas l'imaginer, bien qu'ayant repéré quelques fans de ci de là... mais c'est trop pour moi...



Quelques mots néanmoins sur la prestation de ce groupe que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents.
J'ai tout d'abord été surpris, dès le premier morceau, par les similitudes entre le chanteur bassiste et un certain Sting. Ressemblance physique frappante, même mimique, voix très (très) proche. Sans parler que le groupe évolue en trio. Dingue ça, hein ?!
"Mais crétin !" me dit mon voisin qui ne me connaissais pas, "ne voit tu donc pas que c'est son fils que t'as sous les yeux ??" Ah ben oui. Effectivement. Pas sur que pour tracer sa propre voie, il ait choisi le chemin le plus simple, le garçon. Et musicalement ? Plutôt bien fait. Les titres développent des ambiances variées, parfois sensiblement sombres. Les structures sont recherchées. Bon, ça ne touche pas une corde sensible chez moi, donc de là à dire que j'ai aimé, ce serait un peu exagéré, mais c'était pas insupportable. Loin de là. Mais je maintiens, c'était pas à sa place non plus.



Allez, on passe au plat de résistance, menu "chat étoilé", avec la raison de notre engouement ce soir : le Brian Setzer's Rockabilly Riot et l'arrivée des zicos au son de Wanda Jackson. Avec un Brian Setzer très classe dans ses habits aux teintes vertes (c'est un avis qui n'engage que moi), un contrebassiste plus tout jeune mais à la patate et à la banane intacte et rouge, et un batteur (un vrai, avec un tabouret !), Noah Levy, aux allures de Buddy Holly avec ses lunettes et son costard. Rejoint au bout de quelques titres par un pianiste-guitariste qui apportera un peu d'entrain supplémentaire, Kevin Mc Kendree.



Alors, le menu ce soir va être composé de deux mouvements, voyez vous, Messieurs Dames.
Le premier, en formule diététique, sans graisse, assez fin en fait.
Le second, va... comment dire... être légèrement plus épicé et surtout beaucoup plus nourrissant.

La formule diététique n'a pas été désagréable en bouche, loin s'en faut mais elle a alterné moment de bravoure et petite baisse de régime. Pas due à la qualité musicale, entendons nous bien, mais aux titres tout simplement, certains nous parlant moins que d'autre forcément. On réagit plus sur un Slow down s'enchainant sur un Folsom prison blues de-qui-vous-savez que sur un Blue moon of Kentucky instrumental. Les Ignition, 49 Mercury blues ou encore Crash like thunder furent tout à fait à mon gout, néanmoins (et pieds en plus, je sais c'est nul mais je peux pas m'empêcher), et bien, il manquait un petit chouia d'énergie, un petit quelque chose pour que le concert démarre vraiment me semble-t-il. Et ce, même si la qualité était là, je le rappelle.



Mais la petite touche d'épice va arriver avec l'arrivée justement, de Slim Jim Phantom, plus slim que jamais d'ailleurs, le temps d'un changement de musiciens et de backdrop. Ces derniers nous l'annoncent : fini les teintes vertes et douces du premier drapeau, place aux pin's up, aux guitares et aux outlaws du second.
Le contrebassiste Australien Chris D'Rozario pris la relève de Johnny Hatton, Setzer releva ses manches à lui, et là, je dois dire que la suite fut beaucoup plus dans mes accointances culinaires. Jugez plutôt : Rumble in Brightown, Runaway boys, (She's) sexy + 17, Stray Cat Strut, Fishnet stuckings et j'en passe.
Rien à faire, on a beau aimer Setzer en solo ou avec son Orchestra, on vibre quand même au maximum pour ces titres des Stray Cats qui font parties de notre histoire.



Le show pris également une autre tournure avec le retour de Johnny Hatton sur le devant de la scène et la bataille de contrebasses qui s'ensuivit, Brian Setzer se joignant au combat avec une contrebasse customisée du plus bel effet. Fallait les voir, tous les trois, taper et slaper sur leur instrument, les bougres ! Et que dire de la fin du concert, ou chacun y est allé de son acrobatie. Et vas y que je me met debout sur ma batterie, et que je joue de la contrebasse derrière ma tête (essayez, c'est pas facile...), et que je m'assoie dessus...Ça, ma petite dame, c'est ce qui vous réveille un public et met un peu de folie dans une soirée finalement assez sage jusque là. Mais les Cats (au sens large) ont toujours gardé ce petit coté athlétique durant leur concerts, et, bien que le poids des années doit commencer à se faire sentir, ils ne s'en sont toujours pas totalement départis. Et c'est tant mieux pour nos yeux et nos oreilles.



Mais il était dit que le temps du repas touchait à sa fin et l'heure du dessert approchait, servi par un Rock this town et un Seven nights to rock détonnant, avec groupe au complet, ce qui nous fait tout de même deux batteurs, deux contrebassistes, un pianiste et un Setzer et ça en fait du monde, sur la scène du Pavillon.
J'aurais bien pris un petit digestif avec un titre comme Rock the Ambassy, mais bon, c'était pas prévu... et puis y'avait la route à faire, alors...



Les dernières notes à peine éteintes du Rockabilly Riot, que la sono se remettait déjà à crachouiller Rocket 88 de Jackie Brenston pour nous laisser filer doucement, le sourire aux lèvres et du Rockabilly plein les coeurs...

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