Chronique de Concert
Bror Gunnar Jansson
Si on l'avait trouvé, sans jeu de mots, un peu froid lors de son premier passage (ce qui comme toujours nous avait valu un déchaînement de haters de passage, à qui l'on pisse à la raie au passage), il sera un poil plus détendu et décoincé cette fois-ci, parsemant son show de petites blagues et échanges avec le public. Le départ est quand même glaçant, du genre d'un mec qui aurait soudain décidé de ne plus jamais sourire, façon cold turkey. Ses mimiques et son regard, appuyés par un éclairage orange sanguin du plus bel effet, en font une crédible apparition diabolique. You think you're safe, when you sleep ?, nous interroge-t-il plusieurs fois, menaçant... ouvrant soudain de possibles abimes d'angoisses et de nuits blanches... Surtout enchaînés avec des hurlements éraillés : ce mec est à lui tout seul bien plus effrayant que tous les guignols de Ghost... Moan Snake Moan est néanmoins cool et aussi groovy que peut l'être un blues joué par un scandinave.
Quel que soit le rythme de départ des morceaux, de la balade désespérée au boogie woogie inattendu, il a vocation à s'accélérer à la fin. Quel que soit le murmure de départ (comme ce morceau qui commence par de simples inspirations), il a vocation à se transformer en cris de détresse, avec un timbre de voix à la fois éraillé et coupant, assez fascinant. On dirait qu'il y a dans ce corps presque marmoréen par moments, une autre personne enfermée vivante façon chat noir d'Edgar Poe, et qui hurle pour en sortir. Certes son blues guitaristique, assez référencé, ne fait pas sauter au plafond comme celui, par exemple, joyeusement basique de Seasick Steve (annoncé bientôt et pour la première fois à Marseille, yeeha, don't miss him folks !)... Notre chouchou en la matière est de toutes façons l'indépassable Legendary Tigerman qui, comme une comète, passe heureusement dans cette salle tous les 3 ou 4 ans...
Mais le rythme aidant, on se surprend quand même à danser du menton, voire du haut du corps. Lui-même, n'y tenant plus (une chemise, une cravate, un veston et un chapeau, est-ce bien raisonnable dans un club marseillais en mai ?), il finira quand même par enlever son chapeau. Le côté Buster Keaton disparu, les filles se rendent compte que malgré sa machoire carrée, il est furieusement beau gosse. N'ayant pas révisé ses vinyles, avouons qu'on a pas forcément reconnu plus de la moitié des titres, ce qui est normal en sachant qu'il vient de sortir un album en deux parties... Et que le Lonely Preacher affiche sa set-list dans un petit carnet qu'il garde jalousement comme un missel, ce qui ne facilite pas la mission du chroniqueur mais contribue efficacement à son image d'évangélisateur mystérieux.
Si le concert connaît quelques coups de mous sans conséquence (certains morceaux étant étirés au delà du raisonnable, sur une seule corde ou une seule phrase répétée - ce mec a du écrire le blues le plus lent du monde et en plus, il nous l'a joué !), on passe à nouveau un très bon moment avec lui, surtout pendant Ain't No Grave, jouée en rappel et climax attendu du concert. Il est vrai que ce titre remixant Johnny Cash et Bo Diddley reste sa réussite majeure ! Suivie par un heavy blues quand même moins speed, et par une balade tranquille et joliment reverbée. Atterrissage en douceur - en voilà, une courbe d'ambiance maîtrisée ! Il salue une dernière fois, après quelques 75 minutes de concert, juste avant d'aller regagner le van-cercueil dans lequel il dort probablement pendant la journée. On l'aura compris, un artiste attachant et un mec probablement sympa au final, qui doit surement rigoler très volontiers quand il se brûle.
Merci à Lourdes & Lola la Poulpa pour les photos !
Critique écrite le 10 mai 2017 par Philippe
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