Chronique de Concert
Reggae Sun Ska 2019 J1, Booboo zzz All Stars, Brigante Party, Buju Banton, Calyspo Rose, Tiken Jah Fakoly, Selecta Antwan, Eliasse, Biffty, Caballero et Jeanjass, Sinai Sound System, Twan Tee
Le Sinaï Sound System fait le warm up avec un bon dubstep pour se mettre en jambe. Il n'est pas 18h et déjà une 50aine de festivaliers sont scotchés aux enceintes.
Après avoir récupéré les pass auprès de l'accueil presse avec Bertrand, le photographe, nous nous empressons de faire un petit tour du site. Il y a à boire, apéro bière vins. Il y a à manger, de la pizza au samossa en passant par la tartiflette qui a d'ailleurs chatouillé mes narines sur la fin de soirée, mais oh, faut pas abuser, une tartiflette en plein mois d'août, je vais réussir à me retenir quand même !
18h Booboo 'zzz all stars ont le privilège d' ouvrir le festival. Les quatre musiciens (basse, guitare, clavier, batterie) et chanteurs se lancent sur une cover d' Imagine dragons, Believer. J 'aime beaucoup Imagine Dragons et je suis enchantée par cette reprise ensoleillée qui sera sur le prochain album.
Puis encore des supers cover de Lauren Hill à Blackstreet avec No Diggity avec Wyman Low qui arrive sur scène au chant avec une énergie vrombissante et qui sera ensuite à la guitare sur le reste du concert.
C'est vraiment cool et convivial, les gens se rapprochent.
Le format reprises permet à chacun de s'y retrouver et surtout permet j'en suis sûre de toucher un large public. Chacun peut chanter fredonner. La belle Naë, vient ajouter une patte féminine.
Vocalement et gestuellement parfois sensuelle parfois punchy, elle occupe la scène avec un naturel efficace. Nous retrouvons également Joss Bari, avec un joli 33 inscrit sur son maillot de basket, serait ce un clin d'il au département d'accueil de cette soirée.
L'homme, les bras tatoués, le bob en place, nous fait une démonstration vocale, des aiguës au graves. Un peu lover le gars, mais ça passe plutôt bien. Puis voici voilà le rugissant Max Livio.
Il est géant en fait le mec. Il chante bien, avec parfois une nonchalance qui se veut charmeuse. Je dis que Max Livio est rugissant car il me fait penser à un lion lors de son avant dernier titre où il donne de la voix à fond et c'est beau. Premier très beau concert...
Malheureusement je ne peux pas en dire autant des deux acolytes qui ont suivi. Je n'ai pas réussi à embarquer dans l'univers proposé par Caballero (gentleman en espagnol) et JeanJass. A la mode rap californien clinquant, leur dj mix derrière un avant de Cadillac blanche où ils se mettront en scène à la Cypress Hill à la fin du concert.
Je vais paraître un peu trop directe mais je me permets de l'être sûrement pas autant que ces deux néorappeurs. Certaines paroles réductrices sur les femmes et relations hommes / femmes me font dire STOP. Je ne reste pas.
Je les mets d'ailleurs dans le même sac que Biffty et 2CheeseMilkShake
qui sont passés un peu plus tard sur la scène Dub Fondation. Je ne comprends pas pourquoi le Reggae Sun Ska a programmé ce genre de personnages sur la scène One Love, alors que du love je n'en vois pas l'once d'une paillette.
Comment faire évoluer les mentalités, tant qu'il y aura ces propos là, il y aura tristement des #balancetonporc. Même sous couvert de second degrés, de la provoc, de blagues machistes, il y a un minimum de respect à avoir. Il y avait du public pour les soutenir, des gens de tout âge, il y a de l'engouement pour ces protagonistes.
Ceci dit, aux antipodes des ces deux jeunes hommes, probablement la doyenne du festival s'apprête à tout exploser. Calypso Rose est en tournée en France sur pas mal de festoch.
Je profite avec Bertrand pour accéder à l'espace presse pendant l'installation de la grande scène. Petit concert privé : je suis surprise et charmée par cet artiste d'origine comorienne Eliasse qui offre un set d'une grande qualité aux quelques privilégiés du Reggae Sun Ska.
Dommage qu'il ne put être accessible à tout le monde. Une voix grave et parée d'exotisme, l'homme accompagné de sa guitare et son kazoo entraîne le public avec lui sur sa chanson Ngaminizo. Une fantastique découverte, si bien que nous écouterons son CD 3 fois le long de la route du retour 3 jours après.
Fin du set d'Eliasse, je me place sur le côté droit de la scène juste avant le concert. Je remarque les musiciens et choristes en backstage, se réunissant en ronde, mains dans les mains, se donnant les good vibes pour le show. Je trouve cela touchant.
Les musiciens entrent sur scène, ils commencent l'intro, puis arrivent la Queen du Calypso. Elle se livre sans conteste à des exhibitions corporelles surprenantes pour une jolie presque octogénaire. Un message sur la femme indépendante avec Leave me Alone, et aussi coquin avec Young man en duo chant avec le saxophoniste qui a lâché son instru pour accompagner la chanteuse.
Chacun des musiciens peut se donner sur un solo, ce qui embrase la foule. Pour faire retomber un peu tout ça, message d'histoire sur l'esclavage suivi d'Amazing Grace. Juste magnifique, j'en ai les yeux tout trempés. C'est une grande famille que je vois sur cette scène, bienveillante les uns envers les autres. Mention spéciale pour le guitariste avec sa dynamique et son sourire communicatif.
Lorsque Calypso Rose fatigue à cause d'une douleur due à une chute quelques semaines auparavant sur scène, elle n'hésite pas à continuer son concert en fauteuil roulant. Toute sa famille musicale la soutient, vient à côté de la Queen of Trinidad, pour faire vibrer le show et soutenir Calypso. Attention, la chanteuse est inarrêtable, porter par l'énergie du public et de son entourage. Ici c'est mon premier rêve qui se réalise grâce au Reggae Sun Ska ; voir cette grande dame en concert. Je suis émue, admirative, et tellement heureuse d'avoir eu cette chance.
Twan Tee sur sa régie perché tout là-haut, convié par Selecta Antwan. Il vient poser sa voix, son flow parfois roots parfois ragga, parfois tranquille, parfois plus punchy.
L'artiste qui fait aussi des premières parties d'artistes de renommé dans le milieu reggae, s'est également produit sur la scène camping du festival. Il ambiance très ardemment le rassemblement au pied de la régie venu accueillir l'artiste suivant.
Parallèlement, sur la scène Dub Foundation le label Brigante records occupe les lieux une bonne partie de la soirée avec ses membres pour une Brigante party. Le label a été monté par Biga Ranx, production au sonorités plutôt dub. Originaire de Tours, le label fédère également des figures emblématiques comme Big Red.
Se succèdent ce soir, individuellement ou ensemble : Atili, Higher Light , Prendy, Green cross, G Rhyme. Avec leurs identités d'élocutions différentes, certains ont des flows plus ragga, plus éparses façon dub, martelées hip-hop.
Cette diversité séduit beaucoup de personnes qui malgré les deux grosses pointures qui se produisent sur la grande scène, elles sont bien présentes, bien dansantes au milieu de cette arène constituée de 3 murs d'enceintes.
Au tour de Tiken Jah Fakoly, ambassadeur de l'Afrique avec ses messages de paix de fraternité. Très attendu du public, la foule s'est rassemblée devant la scène, nous sommes même plutôt serrés pour accueillir Tiken Jah et son groupe. Les musiciens s'installent, commencent à jouer un medley pour chauffer le public qui répond chaleureusement. Et voici une arrivée sur scène dynamique. Oaahhh !!!
C'est la première fois que je le vois, et je suis impressionnée de voir ce monsieur aussi grand, accompagné de son bâton de pèlerin, vêtu de son boubou black and white, pendentif de l'Afrique au cou. Sur le fond de scène, une mappemonde est projetée.
Il occupe la scène de gauche à droite, de droite à gauche avec une rapidité surprenante. Quelle détente, c'est impressionnant de voir le grand Tiken sauter comme ça. Le groupe est très complet, choristes, guitariste, bassiste, batteur, trompettiste et un instrument à cordes ressemblant à une guitare dont je ne connais pas le nom.
Le début du concert est orienté sur ses titres phares et emblématiques comme Plus rien ne m'étonne, Ça va faire mal, Le pays va mal, un peu comme un message sur les situations écologiques et géopolitiques actuelles. Tiken est aussi un passeur d'histoire, avec une volonté de transmettre les conditions de vie passées et actuelles sur le continent africain, ainsi que des pistes de solutions possibles pour s'émanciper de l'occident. Je trouve sa voie envoûtante et apaisante sans être soporifique. Un peu comme un tuto méditatif sur internet, où il nous plonge dans l'histoire et les sentiments.
Lors des ses titres plus récents, le public commencent à décrocher, c'est un peu dommage. Les festivaliers sont peut-être plus attachés au vieux titres, il faut du temps sûrement pour que les nouveaux morceaux de certains artistes aguerris s'imprègnent dans le cur des mélomanes et puissent être adoptés.
Pour le dernier concert de la soirée et l'unique date en France pour cette pointure tant convoitée du reggae, Buju Banton fait son grand retour tant attendu.
Pour preuve, la densité de la foule devant la scène, même si certains sont fatigués et en profitent pour faire une petite sieste, d'autres se déchaînent lors du set DJ donné par Selecta Antwan et de l'animateur The Rezident du haut de la régie.
Et oui, les gars mettent le feu, et ce à chaque interludes entre les artistes présents sur la scène One Love. Ces prestations très appréciées permettent à tout le monde de profiter agréablement de ces temps de pause, parfois vécus comme longs et ennuyeux sur d'autres festivals.
Long walk to freedom c'est le nom de la tournée mondiale de Buju Banton. Ici un clin d'il est fait à ses 8 ans de prison dont il n'a pas fait mention lors de son concert. Buju Banton alias Gargamel a comme tout être humain, un côté parfois obscur. Ses péripéties (à tort peut-être) avec la drogue, les propos et actes homophobes sont pourtant derrière lui. C'est ce que j'ai envie de croire, notamment avec cette déclaration officielle en Mars 2019 de bannir sa chanson de jeunesse Boom bye bye, titre à visée homophobe, de son catalogue et de son répertoire, " pour le mal qu'elle a fait à tout le monde ".
Le band s'installe sur scène, et se lance dans une intro cinématique pour la mise en scène du retour de l'artiste, aux notes pêchues et revisitées du Carmina Burana de Carl Orff. Je pense qu'à ce moment, la totalité de l'assemblée a eu des frissons et les poils qui se sont hérissés tellement cette entrée en matière fut intense. Un début très reggae roots. Je reste impressionnée par l'énergie, le dynamisme et la carrure du bonhomme. Ses dreads enroulées autour de la tête de Buju, sont finalement libres à la fin du premier titre, et il en joue, les faisant voler un peu partout autour de lui.
Les high jumps qu'il propose sont repris par la foule qui s'en donne à cur joie. Puis avec un discours très juste, il explique : " This is the Reggae Sun Ska, there is ska so we have to fit in it " , les voilà donc tous lancés pour la partie ska. Le cahiers des charges semble respecté, j'ai cette impression que tout est vraiment très bien millimétré.
Cette partie ska, très dansant embarque les publics dans des rythmes effrénés. Puis un long medley dancehall avec ses nombreux titres qui sont chantés et repris par les festivaliers, pendant que Buju prenait le rôle de spectateur / choriste pour profiter de ce moment pour se ressourcer probablement avec tout ce qu'il a envoyé depuis le début.
Avec sa voix chaude et écorchée, il place 'Til Siloh très judicieusement pour clôturer la boucle en revenant au tonalités roots. Sur ce concert, je reste une spectatrice enjouée mais pas vraiment experte de l'artiste. Une belle découverte, à creuser. Pour la setlist, Bertrand le photographe, me nomme quelques hits incontournables comme, Not an easy road, Untold Stories, Hills and valleys, Murderer, Champion, Til I m laid to rest ....
Un très beau premier soir, où la jeunesse a été confrontée à la sagesse de l'expérience des plus anciens. L'artiste Buju est juste l'exemple parfait pour illustrer cette conclusion de soirée. Ses erreurs de jeunesse, son côté provoc, ses propos réducteurs par rapport aux femmes sont derrière lui.
J'ose entrevoir une évolution positive possible pour certains jeunes artistes croisés ce soir. Tiken Jah Fakoly et Calypso Rose pourraient les guider sur ce chemin, avec les messages de love, de solutions et de réflexions dont ils feraient bien de prendre conscience, à mon humble avis.
Le Reggae Sun Ska démarre plutôt fort, sur un site qui se veut d'exception le Domaine de Vertheuil. En effet, c'est la deuxième année sur ce site. L'équipe de bénévoles qui portent ce festival semble soudée et investie, comme j'ai pu le voir au bar, où à l'espace presse. Hâte d'être aux deux autres soirées pour découvrir ou redécouvrir certains artistes et faire les retours plus détaillés sur le festival.
Critique écrite le 13 août 2019 par Penandpaper
Envoyer un message à Penandpaper
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Penandpaper
Sun Ska Festival : les dernières chroniques concerts
Reggae Sun Ska 2019 J3, Dub Inc, Dj Vadim, Don Carlos, Mad Professor, Iseo and the Dodosound, The Skatalites, Selecta Antwan, Ziggy Marley, Snk, Twan Tee, Stranger Cole, Doreen Shaffer, 420 Sound, Ackboo, Ras Mykha, Scientist, Jman, Malone Rootikal, Dougy, Tom Spirals par Berclic
Domaine de Verteuil, le 04/08/2019
Troisième et dernier soir au Sun Ska pour cette 22ème édition.
En entrant, c'est devenu un incontournable, Sinaï Sound et le dubstep de début de journée façon cours de cardio pour... La suite
Reggae Sun Ska 2019 J2, Alpha Blondy, Balik, Flavia Coelho, Irie Ites, Linval Thompson, Morcheeba, Patrice, Selecta Antwan, Snk, Tairo, Tiwony, Trinity, U Brown, Yaniss Odua par Penandpaper
Domaine de Verteuil, le 03/08/2019
Nous voilà reparti pour le deuxième jour du Reggae Sun Ska. Paré à l'embarquement, nous allons voyager aujourd'hui aux vus des têtes d'affiches présentes ; du Brésil à la Côte... La suite
Buju Banton : les dernières chroniques concerts
Max Roméo + Buju Banton + Alpha Blondy (Les Voix du Gaou 2009) par Audrey H
Six-Fours, Voix du Gaou, le 21/07/2009
Ce soir, direction Six-Fours pour le festival Les Voix du Gaou où nous venons écouter certains "tontons du reggae" : Max Roméo, Buju Banton et Alpha Blondy...
Ma soirée... La suite
Buju Banton par didier
Bruxelles, le 28/05/2003
il m'a beaucoup décu, une heure trente de concert, le public était chaud mais Buju n'as pas chanté une minute de plus donc pas de rappel ! Beaucoup mieux au festival de dour en 2002 ! La suite
Buju banton & Shiloh band par baye bill
Elysee Monmartre, Paris 18e, le 17/07/2002
La veile, c'était son anniversaire...
Ce jour-là, il (Buju himself) a transcendé le tout Elysée.
Un "Happy birthday" lancé par les choristes (quel charme !!!) et repris par un public en délire sur des lyrics puissants.
S'il y alongtemps que vous n'avez pas frémi, Buju vous fera un plaisir de vous transmettre les good vibes lors de son... La suite
BUJU BANTON par Lol'
Le Moulin, Marseille, le 25/04/2001
A vrai dire, je ne connaissais pas bien, mais alors là !!! J'ai été agréablement surprise :) C'est vraiment excellent...Du bon son, il a trop la pêche sur scène, il bouge dans tous les sens, et la musik est terrible...Une seule chose à dire...S'il passe près de chez vous...N'hésitez pas à y aller... La suite
Calypso Rose : les dernières chroniques concerts
Jamiroquai, Sting, Phoenix, Texas, Julien Doré, Kery James, Justice, Vianney, Petit Biscuit, LP, Olivia Ruiz, Lee Fields, Last Train, Cocoon, Royal Republic, Calypso Rose, Birdy, Lulu Gainsbourg... (Festival Musilac 2017) par Lily Rosana
Aix-Les-Bains, le 13/07/2017
"Les 15 ans de Musilac !", "Déjà !" diront les musilakiens de la première heure. "Seulement !" crieront les gourmands. J'ai eu la chance de pouvoir être spectatrice des 4 jours... La suite
Fiesta des Suds : Calypso Rose + Richie Havens + Ba Cissoko + CQMD par TOFmhhheul
Docks des Suds - Marseille, le 17/10/2008
Déçu... !!! Première impression qui me reste de la soirée d'ouverture de la Fiesta 2008...
Pourquoi ??...
Parce que tout d'abord, mais ça ne saute pas aux yeux directement, il... La suite
Max Livio : les dernières chroniques concerts
Max Livio, Tonton David, Frouss, Maylan manaza, Komdab, Ranking show par Berclic
La vallee fait son cirque La Roche sur Yon, le 02/06/2018
J'arrive en début de soirée, après avoir manqué un bel après midi apparemment bien paisible avec spectacles, animation pour tous les ages, structures et tipis mis en place dans un... La suite
Tiken Jah Fakoly : les dernières chroniques concerts
Tiken Jah Fakoly par lol
La Cigale, Paris, le 04/12/2022
C'est devant une Cigale archi comble que Tiken Jah Fakoly venait porter la bonne parole début décembre 2022 avec les chansons de son nouvel album. Arrivant sur scène vêtu comme de... La suite
Tiken Jah Fakoly + Mo'Kalamity par Lebonair
Elysée Montmartre - Paris , le 15/11/2019
Pour son retour à Paris, Tiken Jah Fakoly a déposé ses valises à L'Elysée Montmartre pour deux concerts les jeudi 14 et vendredi 15 novembre. Cela faisait 15 ans que l'immense... La suite
Tiken Jah Fakoly par lol
Elysée Montmartre, Paris, le 14/11/2019
Après Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly est le deuxième évangéliste du reggae africain, qui est plus rythmé, plus dansant, plus joyeux que le reggae roots jamaïcain. Il ressemble... La suite
Triggerfinger + Tiken Jah Fakoly (Fête de de l'Humanité 2015) par Lebonair
Parc départemental Georges Valbon La Courneuve, le 12/09/2015
Rendez-vous incontournable de la rentrée, La Fête de l'Humanité s'est déroulée le week-end dernier au Parc Départemental de la Courneuve (93) à quelques encablures de Paris.... La suite