Chronique de Concert
Burning Heads + Karaboudjan + Cheap Entertainment
Le commandant de bord du Karaboujan, qui a remplacé le capitaine Haddock depuis que ce dernier a décidé de se faire anonyme alcoolique, envoie de longs accords courir le long des coursives.
La batterie ronronne comme une machine bien huilée, moteur reglé au quart de poil. Tout beau, tout neuf, le bâtiment a fière allure. Les méduses encharmées suivent le navire en clignotant.
Burning Heads, autre fois vus sur un best of trash enregistré par S.A.S 2 Belzemouk, maintenant là sur la scène du Makeda. Difficile d'être impartial, puisque le genre à été la bande son de ma vie d'adolescent. Nofx, Vandals, Millencollin, Rich Kids on' LSD, Voodoo Glow Skulls, No use for a name, No fun at all.
No fun at all, voila qui caractérise bien cette époque, où seule la décharge hyperkinetique du genre dont fait partie Burning Head parvenait à réguler mes frustrations existentielles et à calmer mes ardeurs pour la violence hystérique. Dans un Hard'n Heavy de cette période, dossier spécial sur le skatecore, un des membres du groupe disait : "skatecore ? si on faisait du foot, on appellerait ça footcore alors ? Stupide."
C'était bien vrai, même si l' extrême célérité de cette musique évoquait à la perfection les roulettes de gomme lancée à fond sur le bitume, comme la surf music ramenait des rouleaux d'écume salée dans les oreilles.
Burning Heads n'avait pas, et n'a toujours pas, à rougir devant leurs coreligionnaires américains. Tel des ninjas faisant exploser à leur pieds une grenade fumigène, c'est une ampoule temporelle qu'ils brisent au sol. Aussitôt une brume de plaisir s'insinue dans les narines.
Ils jouent à fond de cale, têtes baissées, longtemps, avec le feu sacré du wokéndwol, toujours aussi speed, toujours aussi speed. On observe la transmutation du public, on lit sur ses lèvres les paroles des morceaux, on se trémousse, on se pousse, on pogotte, on danse la tectonik pour les plus récents, les gobelets se renversent sur le devant de scène.
Au bout d'un moment, ce n'est plus tenable, ça finit par slammer comme au bon vieux temps, quand on sautait dans la foule plutôt que du haut d'un immeuble. Cathartique. Trop méchant. Trop cool.
La bonne musique, c'est hors du temps. Il n'y a que les ringards qui jugent à l'aune du temps et des rides. Burning Heads, là c'est le vieux boiteux qui parle, merci de m'avoir rappelé que le footcore reste un de mes genres préférés, à cause de l'énergie éternelle qu'il fera toujours couler dans mes veines et de l'envie qu'il me procure de prendre ma batterie pour la tabasser jusqu'à l'os. Thanks. Gracias. Aligato.
(Pardon pour Cheap Entertainement, on est arrivé trop tard pour les vacances voir, tout le monde nous a dit que c'était super. À charge de revanche !)
ndP : du coup j'ai écrit quelques lignes sur Cheap Entertainement à lire par ici
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Critique écrite le 05 février 2023 par Vv
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> Réponse le 05 février 2023, par Pirlouiiiit
En complément de la chronique de VV ci dessus, un petit mot sur les Cheap Entertainement qui ont effectivement fait un très chouette concert qui m'a beaucoup plus. Je les avais déjà aperçus sur la fin de leur set en première partie des Sheriff à l'espace julien. Aussi quand le Pinguin m'a annoncé qu'ils attaquaient j'ai tout laissé tombé et me suis mis en route. A mon arrivée le Makeda (j'ai failli dire Poste) n'est pas bondé mais il est loin d'être vide. Les 3 cheap sont en train de jouer. Je ne reconnais pas tout de suite le batteur qui a changé de couleur de cheveux par rapport à la dernière fois. En le voyant je pense aux Viagra Boys. Punk rock en français avec des textes qui tiennent carrément la route. Ca parle de Marseille, de Paname (Peine capitale, des mafieux (Les... La suite | Réagir
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