Chronique de Concert
Cabadzi + Iraka
Les nantais de Cabadzi viennent jouer dans cette salle "cosy ", mais avant ça, c'est au tour des aubagnais Iraka d'en assurer la première partie.
La programmation n'est pas anodine, en effet, il y a de grandes similitudes entre les deux formations.
Un raccourci serait de dire que c'est du rap multi influences dans le style de Java ou HK et les Saltimbanks, mais les deux groupes ne se résument pas à ça.
Mise en condition avec Iraka qui dépeigne un quotidien, ils nous racontent avec un réalisme d'une lucidité déconcertante ces réflexions sur le monde. Leur album (en écoute sur le net) s'intitule d'ailleurs : Ce que le présent dessine.
Mais il y a à la fois dans les textes et la musique une nostalgie qui s'en dégage (l'EP disponible se nomme Hier, cohérent...).
On se verrait presque dans les ruelles pavés d'une ville d'après-guerre. Cuir sur les épaules, et vocabulaire de bistro (il sort même son "larfeuil"...), ambiance jazzy, personnellement, j'adhère !
Les musiciens se lâchent, et vivent à fond leurs compos, et ça émerveillent le public fidèle au Nomad. Les yeux brillent sous le charme de cette poésie douce-amère. Une grande découverte, en tout cas.
Sans qu'il n'est été présenté en début de soirée, j'aurai situé la chose plutôt dans le Nord de la France.
Mais mon gros coup de cœur se posera sur la chanson le Sud. Un sujet qui pouvait entrer dans des clichés, mais cette poésie du quotidien me démontrera qu'Iraka connait bien la ville ; piochant dans des petits morceaux de vies bien choisis.
Puis les nantais débarquent, et la formation est différente (cordes et cuivres), mais au niveau des textes en particulier, c'est la même ironie philosophique.
Cabadzi, c'est un humour blafard, parfois noir. Juste assez subtil pour appuyer le récit.
Cruel est un petit chef d'œuvre instrumental, et le texte est sombre, mais on plonge direct dans l'ambiance.
Princesse est aussi une chanson magnifique à mon gout. La violoncelliste y trouve parfaitement sa place en tant que chanteuse.
Le beatboxer donne la bonne dose hiphop, et joue avec sa boite à rythme avec parcimonie.
Le guitariste est aussi aux cuivres, et cela enrichi en influences balkanes.
Le concert est bien pensé, il file sans s'en rendre compte. Pour être honnête, il n'y a pas un titre interprété qui ne m'ait pas plu...
J'espère que d'autres titres que Le temps passe passera en radio, car il y a dans leurs 2 albums des petits bijoux qui méritent de visiter plus de conduits auditifs! Ca débouche les esprits embrumés (Robots, J'aime pas Noel, Avant eux).
Le groupe clôturera la soirée en venant jouer en acoustique dans le public. Un beau titre qui passe d'ailleurs ces jours ci à la radio : Lachons les, plein de spontanéité, avec une trompette qui nous pousse à prendre notre baluchon, et partir avec eux.
Ces deux groupes font partie prenante- pour moi- de la réelle relève d'une certaine chanson française. Pas celle de Sardou, où Sheila, mais plutôt de Brel, Renaud ou Ferré.
La musique au service des textes et pas l'inverse...
Coté Nomad, une programmation à suivre avec attention !
Critique écrite le 09 décembre 2012 par Bertrand 13rugissant
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