Chronique de Concert
Calvin Johnson
Mais je n'ai finalement vraiment pas regretté le voyage. Tout d'abord le lieu est insolite et cool : une sorte d'entrepôt désaffecté perdu en banlieue de Lyon... Les gens sont de bonne humeur, les bières sont vraiment pas chères, il y a à manger. On voit Calvin en train d'attendre tranquillement tout seul à côté de sa table de merch', l'occasion d'aller papoter un peu avec lui. Evidemment, il n'a rien d'un boute-en-train. Il est peu loquace et impressionne avec son regard bleu intense, mais il s'avère indiscutablement cool.
Après la première partie assurée par François Virot, assis avec une guitare folk sur le bord de la scène, Calvin Johnson débarque avec une simple gratte classique. Il n'y a aucune sono mais la voix de Stentor de l'ami Calvin, amplifiée par la réverbération du hangar, se suffit parfaitement à elle-même. Plus qu'un simple concert, c'est une véritable performance. Le bonhomme a un charisme pas possible. Le genre de type qui aurait la classe rien qu'en chantant "Joyeux anniversaire". Mais les chansons sont bien là. Il ne jouera pas de Beat Happening mais on aura droit à des titres tirés de ses albums solos comme la très stylée "When You Are Mine" mais aussi des chansons vraiment cool comme "Streets of Olympia" de son groupe les "Hive Dwellers" ou encore cette excellente reprise de Ruby Fray ("Ice Cream Mint"), meilleure que la version album d'ailleurs. Il va et vient d'un bout à l'autre de la scène avec un air presque inquiétant en dévisageant le public et enchaîne parfois quelques pas de danse improbables. Certains titres en forme de mélopées psychédéliques semblent convoquer l'esprit des chants d'esclave et des chamanes indiens. Mais on sent pourtant l'absence de prise au sérieux puisqu'il recourt à moult blagues et anecdotes (il parlera plusieurs fois de son comparse Ian Svenonius des indispensables Chain and The Gang qu'il paraît vraiment porter dans son cur), sur le mode "pince-sans-rire".
Le set se clôt de manière magistrale avec l'excellente "Get In", cet hymne à l'anormalité chanté entièrement a cappella, à la manière d'un "spoken word" d'Allen Ginsberg, tout cela accompagné d'une gestuelle déconcertante et de regards hallucinés. La scène rock d'aujourd'hui compte bien peu de personnalités aussi consistantes. On aura le plaisir de discuter un peu avec lui à la fin de son set et d'acheter le très bon disque "Moanin" des Hive Dwellers. Excellente soirée donc. Le père Calvin reste à la hauteur de sa légende.
Critique écrite le 19 avril 2014 par suckmypop
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