Chronique de Concert
Caribou + Radiohead (Festival de Nîmes 2012)
Arrivés à l'heure, bien garés et profitant des terrasses pour nous sustenter, nous entrons dans les Arènes pour assister à la fin du set de Caribou. Pop à claviers à la Metronomy pour l'esprit revival, plutôt sympathique avec des montées électro lorgnant vers Underwolrd, le mélange est réussi et la performance très agréable. A réécouter à tête reposée pour voir si c'est toujours aussi plaisant.
Après quelques dizaines de minutes de mise en place, Radiohead fait son entrée sur scène peu avant 21h40. Les frissons commencent pour moi et mon cur s'emballe lorsque j'entends l'introduction à la batterie annonçant inévitablement Lucky. Grosse entrée en matière chargée d'émotion, le titre étant indéniablement un clin d'il à Scott Johnson roadie du groupe mort écrasé sous le décor le mois dernier et ayant conduit à l'annulation de toutes les dates précédant le concert de ce soir. Les churs d'Ed O'Brien mêlés au lancinement de l'ensemble, à la voix de Thom Yorke et au solo de Johnny Greenwood sont tout prêts de m'arracher quelques larmes. Dieu que c'est beau et que ça commence fort !
La formation entame ensuite le passage en revue de son dernier album où seul Codex (joué le lendemain) manquera à l'appel au cours de la soirée. Difficile d'accès, cet opus passe plutôt bien l'épreuve du live. L'ajout d'un second batteur à Phil Selway ajoute une puissance à l'ensemble. Les deux guitaristes se joignent d'ailleurs parfois aux percussions, frappant consciencieusement leurs tambours. Colin Greenwood se montre visuellement très discret, caché entre les batteurs, mais son apport est très précieux. C'est tantôt planant, comme sur Bloom, Little by little ou Lotus flower, tantôt frénétiquement dansant comme sur Feral ou Morning Mr Magpie (je constate d'ailleurs avec plaisir sur ce titre que l'influence leur ayant donné leur nom, à savoir Talking heads n'est pas si loin...) ou tout simplement magnifique de pureté comme sur Separator. Ce dernier morceau permet à Thom de danser avec sa guitare comme un enfant qui joue devant sa glace. Les arpèges et nappes finales sont à tomber et le tout paraît si simple : Wake me up.... Il y a en a donc pour tous les goûts et l'ensemble est magnifiquement exécuté et enchaîné.
Les anglais intercalent des morceaux plus anciens, mais toujours aussi efficaces. 15 steps est agrémenté d'une danse de la pluie de Yorke qui réussit le tour de force de ne jamais être ridicule, mais bien complètement habité. Sur There there, le leader est seul à la guitare, ses compères 6 cordistes étant au tambour pour enfoncer encore le clou de la rythmique et ça marche ! Même lorsque Johnny se rate sur ses arpèges, il se reprend et nous sort un solo qui met tout le monde d'accord : il a un son de malade le bougre ! The gloaming transforme l'arène en danse floor géant et I might be wrong me met complètement en transe avec ce riff frénétique où Johnny se déplace comme s'il était saoul ! Un pur bonheur ! Les joyaux que sont Pyramid song entamé avec Tom au piano et Johnny caressant sa guitare avec un archet et Nude seront délivrés avec maestria. Le public ne se trompera d'ailleurs pas sur ce dernier, se levant et ovationnant longuement ses héros. Videotape me bluffe toujours autant avec ses 2 accords de piano et son caractère entêtant, alors que Weird fishes/Arpeggi nous emmène pour une bien belle balade en mer avec les chants de sirène d'Ed.
Le public bénéficiera également de 3 morceaux inédits sur albums. Si Identikit et Staircase sont très réussis, Full stop, il faut l'avouer, laissera un sentiment mitigé, le titre étant très bizarre, bien dissonant avec son ambiance glauque à souhait et les images de caméra thermique diffusées sur les écrans. Le son est d'ailleurs hyper saturé, sans jamais (du moins de l'endroit où nous étions placés) ne perdre en clarté. L'instrumental Treefingers jamais joué jusque là en concert, tiré de Kid A recevra également un accueil mitigé. Avouons en effet, qu'il ne présente pas d'intérêt particulier, simple nappes de claviers plaquées pendant 5 minutes, au regard de la richesse du catalogue du groupe. La formation d'Oxford ne manquera d'ailleurs pas d'entonner le brillantissime Paranoid Android, qualifié de meilleur titre de ces 15 dernières années par NME. Tout y est dans ce titre : la puissance, l'émotion et quelque chose de proche du génie pour réussir à tout combiner dans le même morceau. Un grand moment donc !
Le final sera à l'avenant. Les frères chimiques, Ed et Johnny n'ayant pas à rougir devant les bidouilleurs électroniques qu'on nous présente régulièrement. Entamant quelques mots d'After the gold rush de Neil Young au piano, Thom nous sert le génial Everything in its right place. Ses acolytes nous gratifient ensuite d'un bricolage fondu/enchaîné remarquable débouchant sur Idioteque. Ce titre sera mon orgasme musical de la soirée, agrémenté d'une montée imparable et d'un déchaînement de Thom, lutin en folie, et de l'ensemble du public qui exulte lorsque le morceau s'arrête net. L'ultime titre sera Reckoner, tout en sobriété, avec une reprise finale à tomber de son siège. Le groupe en profitera pour diffuser l'image de Scott Johnson sur les écrans, lui rendant un hommage sobre et émouvant.
Durant 2H15, la formation hétéroclite nous a donc servi un remarquable échantillon de sa discographie, prenant le temps de partager cette soirée spéciale de reprise avec son public. Ils ont plaisir à jouer ensemble et ça se voit. Ils sont humains, se plantent parfois, mais retombent toujours sur leurs pattes, grâce à leur sincérité. Sur Give up the ghost par exemple, Thom s'agace de ne pas trouver la rythmique, pour ensuite nous clouer sur place, prouvant une nouvelle fois qu'une voix, une guitare et quelques arpèges bien sentis suffisent largement à emporter les spectateurs. Les changements quasi systématiques d'instruments n'ont pas constitué pour moi de perte de rythme. Ils m'ont plutôt donné l'impression d'assister à une représentation unique du groupe qui joue comme à la maison et qui, malgré le succès rencontré depuis 20 ans, n'est pas totalement devenu une machine de guerre trop rôdée et prévisible. Evidemment, on aurait aimé entendre tel ou tel titre, mais reconnaissons que les musiciens ne se fichent pas de leur public. Pour le fan que je suis, quel plaisir d'entendre toujours de nouvelles chansons à chaque concert, plutôt que d'assister à un best of (bon courage d'ailleurs pour le déterminer pour ce groupe...) live année après année ? Le son a de plus été irréprochable, puissant mais audible depuis nos places et c'est malheureusement de plus en plus rare ... Comme d'habitude, organisation au poil des Arènes avec entrée et sortie hyper rapides, reste à trouver une solution pour les toilettes où les queues ont dû décourager plus d'un spectateur (moi le premier). Une merveilleuse soirée donc pour un groupe immense qu'il me tarde déjà de revoir ...
Setlist :
Lucky
Bloom
Morning Mr. Magpie
15 Step
There There
Staircase
The Gloaming
Separator
I Might Be Wrong
Pyramid Song
Nude
Identikit
Lotus Flower
Feral
Little by Little
Paranoid Android
Rappel :
Treefingers
Give Up the Ghost
Videotape
Weird Fishes/Arpeggi
Ful Stop
Everything In Its Right Place
Idioteque
Reckoner
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Critique écrite le 14 juillet 2012 par Cabask
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