Chronique de Concert
Carnets de voyage 2014 : Grèce
Des graffs, plus ou moins classieux, des librairies militantes, des tatoué(e)s habillés en noir, on est en terrain connu. Les cafés y sont sympathiques et ensoleillés, l'autochtone ayant une accointance certaine pour le café frappé (comme une grande majorité d'athéniens d'ailleurs).
Le quartier n'étant pas loin du musée archéologique, on décide de se lancer à l'assaut de celui-ci (de source sûre il est gigantesque et très riche). Effectivement, de multiples salles offrent un aperçu des nombreuses civilisations qui s'y sont succédés. On appréciera surtout de majestueuses urnes funéraires, des argiles d'animaux, des casques en bronzes, de scotchantes têtes de taureaux et de griffons. Et des amphores. Ca y en a. Ouvragées et détaillées, des scènes de batailles aux poulpes de chez Gilda. On abdique au bout d'un temps, trop d'amphores tuant l'amphore.
On redescend vers le centre, visant un parc, et on bifurque en apercevant l'Acropole, histoire d'avoir un meilleur point de vue. On traverse sans soucis le quartier populaire d'Omonia, de mauvaise réputation. On débarque à Plaka, plus central et à vocation touristique. De nombreux café et ventes de souvenirs (le tee-shirt "Tis is Sparta" est à la mode). Au milieu de très belles et minuscules églises, taille hobbit, qui dénotent entourés de marchands du temple. On déguste notre premier yoghourt glacé, slurp, mais on ne s'attarde pas. On traverse le gigantesque parc national, histoire de passer à l'ombre (le soleil tape sa race).
Pour aboutir au musée d'art contemporain. En travaux, il n'y a donc qu'une expo temporaire, une carte blanche à un dénommé Andreas Angelidakis. Ce monsieur travaille sur l'urbanisme, on passe de maquette de maison en forme de main, de coquillages, de nuages ou de moutons. Des films sur des banlieues transformées en cloud data, un film d'animation sur un immeuble qui se transforme en ent (les hommes-arbres de Tolkien) pour s'installer à la campagne, un autre sur un musée reptilien et vagabond, un onirique fait de copier/coller et architecture vaporeuse, un dernier sur un casino, métaphore de la crise économique. On a bien accroché. On se rentre doucement, histoire de se lever tôt le lendemain.
En allant prendre le métro le matin, on passe devant un local d'Aube Dorée, le parti fasciste. Malaise. Direction l'Acropole, en traversant les rues de Plaka et ses boutiques de souvenirs. On croise toujours de mignonnes églises de hobbits, et moult grecs se promènent déjà avec leur café frappé dans la rue. On trouve l'accès au chemin qui mène vers la colline sacrée. Le soleil tape sévère. Quelques traces de bâtiments subsistent sur l'ascension, mais il vaut mieux faire jouer son imagination. Par contre, on aperçoit le temple d'Héphaïstos (Vulcain pour les ritals) en contrebas, très bien préservé.
Au somment, c'est autre chose. Une entrée monumentale nous accueille. Les colonnes s'élancent vers le ciel, ça fait entrée de l'Elysée (le mythologique, pas celui des connards français). On est content d'être un lundi de septembre, il y a du monde mais c'est pas l'émeute. Une fois les escaliers franchis, on arrive sur le plateau, face au Parthénon. Un fois la première déception passée, il y a beaucoup d'échafaudages pour cause de restauration, on ne peut qu'être touché par la majesté du lieu. Même s'il a subit de nombreux ravages (incendie, bombardement, pillage ...), il a de beaux restes. On devine les fresques en hauteur, sachant qu'une bonne partie demeure au British Museum, vu que les angliches refusent de les rendre. Un deuxième temple, plus petit est en meilleur état. Il s'agit de l'Erechtéion, érigé à l'endroit mythologique où Poséïdon aurait planté son trident en contestant à Athéna le parrainage de la ville.
Des colonnes en forme de femmes (les caryatides, surement danseuses sacrées d'Artemis selon les historiens) ouvrent le bal. De la colline, la vue est magnifique, on voit bien qu'Athènes s'étend vraiment sur une grande distance. On redescend par un autre versant, qui nous permet de voir deux théâtres. Le premier est encore utilisé. Le deuxième, celui de Dionysos, est ornée d'une très belle frise. Après une pause à l'ombre, on se dirige au musée de l'Acropole, au pied de celle-ci. Ultra-moderne, son sol est transparent pur laisser apercevoir les fouilles en dessous. De nombreuses pièces sont exposées, même, et cela sera souvent répété, une grande partie se trouve au British Museum, contentieux entre les deux pays. Les rosbeefs, toujours aussi faux-cul, arguant que Athènes ne disposait pas d'un musée capable de les accueillir, et trainant les pieds depuis que ce musée a ouvert. On découvre des serpents, lions, griffons, cavaliers.
Une bonne partie des bas-reliefs du Parthénon représentaient la guerre des grecs contre les centaures. On apprend que la plupart des statues étaient peintes, tranchant avec le blanc immaculé actuels. Des reconstitutions sont proposées, donnant un côté psychédélique qu'on imaginait pas. Au dernier étage, la frise principale est reconstituée, les parties manquantes (pillées par les pernicieux britons) sont dessinées. Le lieu est très aéré, vraiment agréable, on fait une pause poulpe/tarama (slurp) sur la terrasse avec vue sur l'Acropole. Visite intéressante, notamment au sujet de ces perfides anglais.
Vu la clim' on avait oublié, la chaleur accablante, on poursuit notre chemin, piétonisé, vers l'ancienne Agora. On longe un autre versant de l'Acropole, plus vert, avec des oliviers. Il reste peu de chose de l'Agora, lieu de la vie publique de l'antique Athènes, si ce n'est le majestueux temple d'Héphaïstos. Cependant de nombreux panneaux explicatifs permettent de se faire une idée. On passe par l'Agora romaine, plus récente, malheureusement la Tour des Vents, qui semblait bien bloquante, est en pleine restauration. On traverse le marché de Monastiraki, avec une place et une belle mosquée, avant de prendre le métro pour la gare et acheter nos billets de train pour les Météores, passer faire des courses pour les prochains jours et rentrer tôt vu qu'on se lève à l'aube pour prendre le train.
En un changement de métro, très bien foutu, il dessert l'aéroport, la gare, le Pirée, on se retrouve à la gare. Pendant qu'on sirote notre espresso en attendant le train, les grecs attaquent leur premier café frappé. Le train est beaucoup moins cher que le bus, mais le réseau est limité à une petite partie du Nord du pays. Et suite à la crise banquière et le "remède" du FMI, les liaisons avec l'étranger ont été drastiquement limitées. Pour le plus grand bonheur des compagnie de bus privées. On traverse des paysages d'oliviers pendant nos 5 heures de trajet, avant qu'un orage sévère nous accueille à Kalambaka.
Piteux et trempés, on rejoint le camping au pied des premiers pitons rocheux, entourés de brume. Après un accueil sympathique, on se réfugie dans notre mobile-home, à peine plus cher qu'un emplacement tente. Et pour cause, il s'agit d'une vieille caravane des années 80's, immobilisée. Roots. Lors d'une rare éclaircie, on profite de la piscine, qui jouit d'une vue magnifique. On tente une ballade au pied des Météores. Sophie se mettra en chasse de figues sauvages et grâce à ses réflexes félins, se saisira de ses proies. Malheureusement, l'orage éclate et on retourne au camping. On se consolera en dégustant une salade de feta au poivre vert, du slouvaki et des boulettes. Slurp. Lorsqu'on se couche, la pluie redouble de violence et durera une bonne partie de la nuit, nous laissant craindre le pire pour la grosse rando prévue le lendemain.
A priori, Zeus veille sur les mécréants. Le soleil pointe sous la brume matinale, et on aura un super temps toute la journée. On prend le premier bus qui monte tout en haut, jusqu'au monastère le plus haut perché, le Grand Météore (ou Megalou Meteorou). Durant le trajet, on a un aperçu du côté majestueux des lieux, ce qu'on prendra le temps de savourer en redescendant à pied. Il est tôt, la foule n'a pas encore envahit le monastère. On assistera lors de notre départ à l'arrivée d'une horde de bus. Face à nous, un deuxième monastère, Varlaam, perché sur un piton rocheux, ses murs à pic, prolongeant les parois.
On gravit les escaliers, jusque dans les années 30 l'ascension se faisait via un gros panier en osier tracté par une poulie, et auparavant avec des échelles amovibles. Sophie, en tant que femme et donc créature impure, se doit de couvrir ses épaules et rajouter une jupe longue qui lui donne un air de Petite maison dans la prairie. Encore, elle a de la chance, au Mont Athos, aucune femelle, humaine ou animale, ne peut entrer. C'est très bien agencé, de nombreuses terrasses alternent avec les pièces utilitaires (cuisine, forgeron ..) et les lieux propice à la prière. Un ossuaire accueille les ossements de certains moines. L'église, dans le plus pur style orthodoxe, est sombre (pas d'ouverture pour ne pas troubler la prière), chargée ras-la-gueule de peintures rehaussées d'or (avec une prédilection pour la mise à mort sanguinolente des martyrs). Jesus trône au milieu du dôme. On passe un moment sur une terrasse, avec vue sur les Météores et trois monastères. Grandiose.
On redescend donc à pied, faisant des pauses pour profiter du paysage. On visite le deuxième monastère, Varlaam. Il est plus à pic que le premier. Même si l'architecture est globalement la même, j'ai préféré celui-ci. On passera par l'endroit où la poulie, encore en activité, monte les paniers et filets (maintenant de matériaux et nourriture). En sortant, on croise une cohue de touristes, trois bus venant d'arrivé. On l'a échappé belle pour visiter le monastère dans de bonnes conditions. On continue notre descente, un troisième monastère étant fermé, on décide de prendre plutôt un chemin qui longe la base des Météores. Cela nous permet d'y découvrir des cavités aménagées, qui servaient aux anachorètes, des moines qui s'isolaient pour chercher l'illumination.
On arrive à Kastraki, le village où se trouve notre camping, en début d'après-midi. Vu la chaleur accablante, la piscine est la bienvenue. Je profite de la fin de l'après-midi, pour aller jusqu'à une vieille église byzantine, via des raccourcis que jamais je n'ai trouvé, sauvé par un vieux grec hilare qui m'orienta dans la bonne direction. On conclut cette journée par un apéro, le premier à l'ouzo. On se couche tôt, histoire de partir le lendemain de bonne heure vu qu'on a une bonne partie de la journée en bus jusqu'à Delphes.
On passe donc une partie de la journée entre bus et gare routière avec pas moins de 4 changements. Heureusement, une bonne partie du trajet se fait dans des paysages des plus agréables : collines, mers d'oliviers, petits villages. On arrive à Delphes en fin d'après-midi. Le bled se concentrent trois rues, avec une alternance hôtel, restau, magasins de souvenirs. Malgré tout, il est agréable, pour sa magnifique vue entre collines, oliviers et village portuaire en contrebas. Et aussi car il y a peu de touristes en ce moi de septembre. Aussi nombreux que les cafés frappés, on trouve en Grèce moult chats. Ils sont partout dans les rues et Delphes ne fait pas exception. On prend l'apéro, et avec mon habitude de prendre les choses que je ne connais pas, je me retrouve avec un (grand) verre d'eau de vie... Heureusement, lors des apéros, les grecs servent de généreuses assiettes de mezzes (les tapas locaux) qui permette d'éponger un peu. C'est gratos, copieux et plutôt bon en général. Cela donne un aperçu de la acrte, ce qui peut encourager à consommer sur place. Les délicieuses côteletteS d'agneau qui suivent seront les bienvenues.
Le lendemain, on se lève très tôt pour faire l'ouverture du site archéologique de Delphes. On est bien inspiré, on a le site rien que pour nous ! Et c'est assez magique de déambuler seuls sur ces lieux empreints de spiritualité. Pour trouver Delphes, on peut consulter une carte, c'est banal. On peut aussi, comme Zeus, envoyer deux aigles dans des directions opposées et définir comme centre du monde, le lieu où ils se retrouvent. A savoir Delphes donc. Pour signifier la chose, il aurait lancé un rocher ovoïde, le nombril. On commence par prendre la voie sacrée bordée de trésors (mausolées érigés par les cités-états grecques de l'antiquité pour rendre hommage à Apollon mais aussi pour étaler leur puissance). Celui des Athéniens a été restauré en partie. On apprend que des notes de chants religieux y figuraient.
Plus haut, le rocher de la sibylle, la première oracle des lieux. On arrive au temple d'Apollon, à qui le site était consacré. Il reste quatre majestueuses colonnes. Dans leur écrin de collines, c'est magnifique. Au centre du temple, sur une faille donnant dans les profondeurs de la terre, la pythie donnait ses oracles à des délégations venues de tout le monde antique. Ces prédictions sibyllines étaient interprétées par les prêtres d'Apollon. Les mauvaises langues disent qu'ils disaient ce qui les arrangeaient pour assoir leur pouvoir politique et économique. Plus drôle, selon les scientifiques, la faille donnait sur des émanations d'éthylène qui shootaient la pythie et expliquait ses transes divinatoires.
On continue notre ascension en passant devant l'amphithéâtre, qui donne sur un panorama bluffant et on arrive au stade, plutôt bien conservé. C'est une piste de course, avec des gradins. Il y avait différentes épreuves, dont une où il fallait courir avec armure et bouclier. A cette période, on croyait que les points côté étaient due à la rate, et donc les athlètes buvaient des décoctions pour anesthésier cet organe, d'où l'expression "courir comme un dératé". On redescend tranquillement et en sortant, on voit arriver des bus de touristes espagnols. Savourer ce moment de sérénité, sans le moindre anglais metempsychosé, valait vraiment le coup.
On se dirige vers un autre site plus loin, qui abrite un sanctuaire d'Athéna. En son centre, un tholos, un monument circulaire assez bloquant. On trouve aussi le "trésor" de Marseille, construit par des pèlerins de chez nous dans les -300 avant Jean-Claude. Son état de ruine est surement dû à la gestion calamiteuse de Gaudin. Le soleil tape sévère, on se réfugie dans le musée archéologique. Celui-ci est vraiment excellent. Pleins de choses prélevés sur le site : frontons de temples et trésors, statues, offrandes, qui confirment la richesse du lieu, les oracles étant loin d'être gratos. Un imposant sphinx juché sur une colonne de plus de 10m, un fronton avec des dieux se battant avec les Géants, une statue de philosophe très bien conservée, des lions dévorant des proies, un aurige (conducteur de char) grandeur nature en bronze font partie des pièces les plus marquante. Vraiment un chouette musée, complémentaire du site. Le soir, après ouzo, salade grecque et poulet mariné, on ne fera pas long feu, le bus pour Athènes partant à 7h30 de Delphes.
Le trajet jusqu'à Athènes prend 2h30. De la gare routière, on enchaîne bus et métro pour Le Pirée, le port historique. Le départ pour Paros ayant lieu à 16h45, on ballade un peu sur les quais, mais le soleil de plomb raccourcit nos velléités et très rapidement on se réfugie à l'abri pour bouquiner. Ayant eut un tarif normal pour un bateau express, on met 3 heures pour la traversée. Hélène, notre hôte à Paros, une punkette marseillaise qui vit là bas depuis 4 ans, nous file rencard à un premier bar pour entamer l'apéro. Après avoir posé nos sacs chez elle ont rejoint un couple d'amis à un restau de poiscailles où on se régale de poulpe grillés, pan con tomate local, purée de poix et autres calamars. Le tout copieusement arrosé d'ouzo. On apprendra d'ailleurs que chez les grecs, l'ouzo ne se boit pas vraiment à l'apéro mais accompagne plutôt les repas de poissons. On change de crèmerie pour un bar où joue un duo de rebetiko, ce blues grec, créé par les immigrants et les héroïnomanes, et donc condamné par le régime des colonels, car contraire à la morale. L'eau-de-vie aidant, on parle politique, crisé économique & co. Lors des périodes touristiques, Hélène peut bosser 8 heures par jour, 7/7 jours pour 750 euros. Et même si les loyers ont chuté avec la crise, on a constaté que les prix en supermarché sont quasiment les mêmes qu'en France, pour des revenus bien moindre. Beaucoup de grecs ont deux boulot, d'autant que les minimas sociaux sont bas et difficilement accessibles (360 euros et encore faut avoir cotisé un moment et il y a de la carence). Même si c'est répétitif, je pars sur certains morceaux que jouent le groupe. On change de bar, avec une pause à un vendeur de barbe-à-papa (qui se dit cheveux de vieille femme en grec). On se couche tard après cette soirée fort sympathique.
Contrairement à toute attente, on se lève tôt pour partir balader. Hélène nous avait murmuré quelque chose la veille sur le mode de vie à la grecque, qui interdisait de la réveiller avant midi. On décide de longer la côte jusqu'à une église en bord de mer dont elle nous a parlé. Septembre aidant, il y a peu de monde, et carrément dégun dès que tu marches un peu. Températures caniculaires et soleil de plomb, on est obligé de s'arrêter fréquemment pour piquer une tête dans une eau limpide (c'est dur la vie). On arrive à l'église puis on rentre, toujours sous cette chaleur écrasante et baignade obligatoire. Arrivé chez Hélène, on décide de s'adapter aux murs locaux en faisant une sieste. On entend une voix héler son prénom dans la rue, c'est le facteur, il n'y a pas de boites aux lettres, ça marche comme ça pour tous les courriers ! En fin d'après midi, sous des températures plus raisonnables, Hélène nous conduit à une très belle crique de l'autre côté de l'île (Paros est assez étendue).
Sur le trajet, on traverse le centre, sec de chez sec. Après le plouf, on part sur un sentier jusqu'à un beau phare perché sur un rocher. Une fois la nuit tombée, on prend la voiture jusqu'à Lefkes, ancien chef-lieu de l'île. A l'époque, il y avait peu de villages côtiers, à cause de raids pirates. Lefkes ets construite en hauteur, en forme d'amphithéâtre face à la mer, pour voir arriver les bateaux ennemis. On se perd dans le dédale de petites rues, avant de prendre l'apéro la vaste place face à la cathédrale, entourés de petits chats forts mignons (et fortement intéressés par nos mezzes ...). On rentre chez Hélène pour un apéro sur sa terrasse tout en jouant à "Lîle interdite", jeu de société coopératif sympathique.
Le lendemain, après un petit plouf matinal (il y a une plage à 100m de la maison d'Hélène), on embarque pour Santorin, deuxième île à notre programme. Au bout de 3 heures, on aperçoit les falaises de Santorin, au sommet desquelles se dressent des villes aux maisons blanches immaculées et à la toiture bleue. Y a pas à dire, ça en jette. On est dégueulé par le bateau avec des hordes de touristes (l'île est une des première destination de Grèce, qu'est ce que ça doit être en août) et on prend un bus pour Perissa, le bled où on a chopé un hébergement. La pente est rude, les bus forment une caravane impressionnante. Heureusement, Perissa ne semble pas la destination la plus côté, d'autant que notre repaire, le Woodywoodpeecker Backpackers est à l'écart du village. Déjà, un nom comme ça, c'est la classe internationale, d'autant que le fameux pivert orne l'enseigne de notre hébergement lynchéen, paumé au pied des falaise, désert, même si on nous a dit que c'était complet, aux allures de terminus pour bouffeur de peyotl à Hoadley (cf. carnets de voyage Mexique). Et, élément qui a motivé notre choix au départ, moins cher qu'un camping .... Et, ô joie, notre seul autre colocataire, a un chiot mignon et très joueur qui deviendra vite mon copaing. Après avoir découvert notre piaule, on repart pour Perissa, où on pique une tête d'une plage au sable noir. Celui-ci est très chaud, brulant parait-il en journée. Après avoir dégusté un poulpe frit accompagné de vin blanc local, on se rentre au Woody (je vous ai dit que c'était la classe ?).
On se lève tôt pour choper un bus pour le site antique d'Akrotiri, une ville qui s'est pris en 1613 avant Jean-Claude une éruption volcanique puis un tremblement de terre. Il faut dire que l'île était ronde à l'origine, et que depuis elle est en forme de croissant de lune, une bonne partie ayant disparu sous la mer. D'où les fameuses falaises. Le site archéologique est assez impressionnant, car bien conservé sous la cendre pendant des siècles. Une espèce de Pompeï local. On déambule soit au dessus des bâtiments via un système de passerelles, soit au milieu des rues. On découvre des reproductions des fresques de l'époque (pêcheurs, singes, antilopes et même un combat de boxe), preuve d'une société raffinée. Assez bloquant. Détails étrange, aucun reste humain n'a été découvert sur le site. On suppose que les habitants sont mort ailleurs, le séisme et l'éruption ayant eut lieu à quelques semaines d'écart, ou bien qu'ils ont eut le temps de rejoindre la Crête.
On part ensuite pour la plage rouge, dont les galets, issus de la falaise, teintent la plage d'une couleur rouille. C'est beau mais surpeuplé. On chope un coin plus calme en bout de plage, mais le monde et le soleil qui cogne sa race ne nous ferons pas nous éterniser. On rejoint alors Fira en bus. C'est la capitale de Santorin, avec les maisons blanches accrochés à la falaise, un dédale de rues étroites, une vue magnifique. Mais c'est aussi blindé qu'une rue StFé pendant les soldes. Sur les pentes, des villas-hôtels offrent une petite psicine individuelle à chaque bâtiment ... On prend les rues de traverses pour déguster un frozen yogourt, avant de rentre faire un plouf sur la plage noire de Perissa et préparer notre apéro-repas au Woody (the place to be).
On se lève pour prendre le bus pour Fira, puis Oia, deuxième ville de l'île. Le car a du retard, on voit passer les scooters et les quads, mode de déplacement privilégié des touristes sur l'île. Oia est sur la pointe de l'île, on en a pour un petit moment. Arrivés sur place, on est sous le charme. C'est plus beau que Fira, et bien moins fréquenté. On se perd dans les petites rues, certaines façades sont fort travaillées. On découvre une superbe petite librairie, à l'intérieur certains rayonnages sont fait de bouquins empilés, comme la "Tour de la philosophie". Véritable tour de Babel niveau langues, on y trouve une version originale de l'Ulysse de Joyce à 1000 euros au milieu des bouquins en poche (Kerouac, Patti Smith, ...). Jeune, barbu, sympa et à lunettes, le libraire a l'uniforme de tous ses confrère à travers le monde.
On rejoint le côté falaise, avec cette ville accrochée à son flanc, la vue est magnifique. On descend jusqu'au port en contrebas, changement de perspective, une église en pierre rouge est sur notre chemin. On prend un petit chemin qui part du port pour se trouver un bon spot de baignade au milieu des rochers, avec vue sur la Oia en hauteur. Bloauant. On remonte ces (putains de) 300 marches en plein cagnard pour un dernier tour en ville, bluffés par ce qu'on voit. Détail amusant, Santorin attire les jeunes mariés pour des séances photos, les plis kitsh les unes que les autres. On verra donc des Barbie/Ken en maillot, des japonaises en robe de mariée, un mec galérant pour rendre l'effet que sa douce voulait faire avec son voile .... Malheureusement des cars entiers déboulent, on prend donc le large pour retourner prendre notre bain quotidien à la plage noire de Perissa.
Le lendemain, direction Armorgos, vivement conseillé par Stéphanie D., grecque par alliance. C'est l'île du début du "Grand Bleu". J'espère que ma légendaire ressemblance avec Luc Besson me fera gagner des coups à boire ... On arrive par le port de Katapola et on est d'entrée sous le charme. La baie donne sur les collines, des plages et des criques l'enserrent. Il y a pas mal de bateaux de pêche. On se pose rapidement à la Pension Sofia, avant de partir, longeant la partie est du port, repérant des restau pied dans l'eau, passant par des rues où des chats se prélassent au soleil, avant de quitter le village.
On passe les premières plages pour tracer jusqu'à une petite église. Tout est propice à l'enchantement, l'ambiance apaisée (il y a dégun) et les côtes magnifiques nous font oublier le soleil de plomb. On tente un premier plouf mais la présence massive d'oursins nous fait changer de crique (nous autres aventuriers aimons nous confronter à la nature hostile, mais pas trop). On rentre ensuite doucement pour la sieste, piquant des têtes plusieurs fois dans le trajet. Le soir, on ira tester le poulpe et le poisson local dans un restau du port. (la fameuse vie trépidante et dangereuse dont je parlais).
Le lendemain, changement de pension, on prend le bus jusqu'à Hora, au milieu des terres, là haut sur la colline. Contrairement à Paros et Santorin, Amorgos est sauvage, très peu de villages et d'habitants. Comme ses consurs, il n'y a pas de cours d'eau, ce qui donne un paysage très sec et rocailleux, et oblige à approvisionner en bouteille d'eau (pas d'eau potable). Notre pension offre une terrasse collective avec vue, propice aux petits-dejs et autres couchers de soleils. Hora est un condensé de village des Cyclades : un dédale de petites rues en nombre hallucinant vu la taille du village, une quantité d'église au mètre carré surréalistes, des hordes de chats, et un charme indéniable.
On part dans l'après-midi pour le monastère (celui de l'intro du Grand Bleu), incrusté dans une falaise vertigineuse. La vue est impressionnante, l'édifice semble en symbiose avec la roche, son blanc immaculé rend la chose grandiose. On grimpe les nombreuses marches en plein cagnard, on attend l'ouverture aux touristes avec les chats. Sophie se drape d'une jupe longue pour cacher sa féminité diabolique. Le jeune homme qui nous ouvre ne fait pas trop religieux, plutôt lascar. Et malgré la présence de deux popes, il y a d'autres mecs dans son style. Je m'imagine le lieu comme repaire de trafiquants de drogue, essayant de donner l'illusion d'un lieu de culte, mais les jeunes bandits imberbes sonnent faux. J'aurais du faire flic dans une autre vie. L'intérieur est abrupt, tout en hauteur, le bâtiment étant fort peu large.
On se dirige à pied vers la plage d'Agia Anna, celle où le jeune Jacques Mayol a fait ses premières brasses. Petite (le parking est plus grand), rocailleuse, elle ne manque pas de charme (dont une belle vue en contre-plongée sur le monastère). On rentre en stop. Le soir, après une bière sur une place fort sympathique, on a du flair pour un petit restau pas tapageur mais où une mama nous régale pour pas cher (agneau et cochon avec des cuissons et des sauces slurpslurpantes).
Le lendemain, on prend le bus pour Aigiali, le deuxième port de l'île. On longe le littoral déchiqueté, le trajet est un ravissement. Des nombreuses chèvres squattent les abords de la route. Aigiali est encore plus petit que Katapola, à priori son centre de plongée est renommé (note : prévoir une semaine de stage de plongée à Amorgos pour 2015 ...). On prend un deuxième bus pour Langada, un petit village perché sur les collines. On goute la vue avec un café, avant de redescendre à pied, au milieu des oliviers. Après une pause pique-nique, on goûte les différentes plages d'Aigiali avant de rentrer à Katapola pour un hamburger/bière pas cher avant le dodo.
Pour notre dernier jour sur Armorgos, on loue une bagnole pour aller dans le sud de l'île, non desservi par les bus. Encore plus sauvage que ce que nous avons traversé (seulement deux micro-villages). On alterne les petits cols aux virages serrés et le littoral. On s'arrête à la plage de Mouros qui sera notre préféré du séjour (rocheuse, sauvage, déserte ..). On poussera jusqu'à la pointe sud, alternant plages magnifiques et criques paradisiaques (à moins que ce soit l'inverse).
On s'arrêtera pour voir "l'épave", celle où Enzo sauve un mec dans "le Grand Bleu". Après un sentier chaotique, on débouche devant cette carcasse de bateau abandonnée depuis des décennies. Impressionnant, même si c'est gâché par les nombreuses ordures autour. Au retour, j'aurais (enfin!) droit à un "Are you Luc Besson" par deux français venu voir l'épave. Après un dernier plouf à Agia Anna, on rentre à Katapola pour notre dernière soirée sur Armorgos. Pour se consoler de notre départ, on fait péter mezzés, jarret d'agneau, poisson frit et vin blanc les pieds dans l'eau.
Le lendemain, levé à 5h du mat' pour prendre le ferry pour Athènes. 9H de traversée entre les îles. Quand le soleil se fait trop violent, j'en profite pour taper ce journal et avance dans "Perdito Street Station", très bon bouquin de SF/Steampunk de China Miéville, auteur qui a la bon goût d'être anglais, communiste et rôliste. Il y a un décalage certain entre la mer et les Cyclades et cette mégalopole tentaculaire où se croise êtres hybrides, magouilles politiques, magie noire, grève des dockers et intrusion de créatures extra-planaires. Il faudrait pas l'écrire quand tes potes bossent en recevant ces carnets, mais 9h de traversée, au bout d'un moment c'est long ... On arrive enfin au Pirée vers 15h et on galère au téléphone avec notre hôte AirBnb pour choper l'adresse de l'appart'. Il faut dire que les prononciations sont très différentes (les "g" se prononcent plus ou moins "r") et que nos anglais respectifs ne sont pas vaillant. Mais finalement, grâce à mon sens de l'orientation (et mon entêtement de cochon pour ne pas prendre un taxi ajoute Sophie), on trouve l'appart au bout de deux heures avec l'aide gracieuse d'un gentil serveur. Quartier populo, piaule cheap, un tag antifa en face de la fenêtre. Reste plus qu'à s'approvisionner au Spar du bas de la rue et choper un bar sympa pour la mousse du soir (voire une connexion wifi pour balancer des nouvelles).
Le lendemain, on écume les marchands de souvenirs pour la familia. J'ai droit à un regard dédaigneux lorsque je demande une écharpe de l'AEK pour mon frangin footeux, découvrant donc qu'il y a plusieurs club de foot antagonistes au sein de la capitale grecque. Malheureusement, je ne trouverais pas une réplique de la tête de griffon qui m'a tant fait triper dans les divers musées. Seul reproduction vue, en bronze à plus de 100 euros. For a next time. Je m'offre quand même une marionnette de leur théâtre de guignols, caricature populaire d'un art qui tant à disparaître. On va ensuite découvrir Gazi, l'équivalent de leur Friche Belle de Mai, où un ancien complexe industriel gazier a été reconverti en friche artistique. Quand on arrive, un groupe répète sur une grande scène, mais la plupart des lieux semblent fermés. Je repère toutefois une affiche pour un concert de Wovenhand en octobre. Le look hipster marche aussi chez leur cultureux à eux. On décide de rentrer lorsque des premières gouttes tombent, bon réflexe un violent orage s'abat sur la ville quand on arrive à l'appart.
Le temps de finir Perdito street station, et une accalmie pointe. On décide d'aller visiter le musée d'art cycladique, qui s'avèrera fermé, et donc direction le musée d'art byzantin, quant on se prend un orage de sa race sur la gueule. On y arrive trempé. Atmosphère étrange, un groupe de mariachis répètent tandis qu'on hisse le drapeau mexicain. J'ai du mal révisé mes cours d'histoire... La guichetière prend pitié de nous, trempés jusqu'aux os, et nous mène jusqu'à un séchoir. Elle nous apprend que l'ambassade du Mexique organise une soirée pour leur fête de l'indépendance, d'où l'ambiance. Le musée est vaste et offre un panorama intéressant avec de nombreux tableaux, dont certains font bd du Moyen-âge (des damnés rôtis en Enfer, le jardin d'Eden et la pomme pour les nuls ...) , tout ça avec ce côté sombre et gothique propre au style byzantin (on est loin du psyché de chez certains cathos). Bien évidemment, quand on sort, soleil radieux. On va prendre une bière avant de se choper un restau pour notre dernière bouffe grecque de l'année. Bonne pioche, on se régale de stamnaki (veau, fromage et tomate cuit dans un pot de terre) et bekri-mezze (buf au vin et à la cannelle).
Le lendemain direction l'aéroport pour Istanbul, vu qu'il n'y a que deux vols directs par semaine pour Marseille. On a 9h de transition, on choisit évidemment de se faire 4 heures aller-retour d'embouteillage en bus pour profiter de 3 heures de ballade à Sultanhamet, le centre historique de Byzance. Y étant déjà venu, l'orientation est facile. Mais le côté majestueux de Sainte-Sophie fait toujours impression (et complète de travaux pratiques notre visite du musée byzantin de la veille), de même que la sérénité au cur de la Mosquée Bleue. C'est toujours un plaisir de déambuler dans les rues, là aussi un orage nous surprend, on va se réfugier dans le bazar. Le temps de déguster un kebab et un thé au jardin du cimetière où on avait nos habitudes avec Peggy lors de ma première visite et on doit déjà reprendre notre bus pour l'aéroport.
Critique écrite le 24 septembre 2014 par Mystic Punk Pinguin
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