Chronique de Concert
Carte Blanche à Hakim Hamadouche (jour 2)
Des cartes blanches à Hakim Hamadouche j'ai déjà eu la chance d'en voir quelques unes : la première c'était en 2012 à la Meson (avec Rachid Taha, Edmond Hosdikian, Ahmad Compaore, Manu Théron, Philippe Forcioli, Raymond & Bastien Boni), la deuxième c'était au JAM en 2016 (avec Philippe Forcioli, Ahmad Compaoré, Francis Livon, Ed Hosdikian, Philippe Jardin, Dominique Brunier, Bencha Abbas, Edouard Thommoret, Christian Zagaria, Bernard Abeille), la troisième c'était à nouveau à la Meson en 2018 (avec David Lafore, Manu Theron, Sam Karpienia, Edmond Hosdikian, Ahmad Compaore, Jean Marc Montera), auquel je peux ajouter ce Hakim Hamadouche All friends sur le haut de la Canebière en 2019 (où j'avais vu ou entendu du loin Blu, Gildas Etevernard, Edmond Hosdikian, Mirabelle Gilis, Èdith Begout, Guy André Lagesse, Medhi, Siska, Manu Theron, Squaaly) ... et je me suis régalé à chaque fois, ce qui explique que nous sommes de retour ce soir avec Svet pour ce deuxième soir
Au programme cette fois ci sont annoncés sur 2 soirs Christine Roch (saxophoniste), Mirabelle Gilis (violoniste), Guy Roch (batteur), Edith Begout (clavier), Lucie Land (poétesse), John Greaves (basse) , Jean Marc Montera (guitare), Bernard Abeille (contrebasse), Manu Théron (chant), Sam Karpiena (chant), Gari Gréu (chant), Blu (Guitare), Edmond Osdikian (saxophone) ainsi que Bernard Abeille (contrebasse) ... bref des artistes que j'ai pour la plupart déjà croisé à ses côtés
De cette liste ils seront tous présents sauf Edmond finalement indisponible et Blu et Gari présents la veille (voir la chronique de Sami), et il y aura même quelques invités en plus comme Nadia et Hassan Boukerrou aux percussions, Jean Marc Montera à la guitare, Thomas Lippens et deux chanteurs dont je n'ai pas compris les noms (ndP : l'un des deux était Nadir Benmansour).
Mais reprenons les choses dans l'ordre. En arrivant un peu avant 21h, il y a encore du monde dehors et dans l'entrée. Pas mal de gens qui n'avaient pas réservé et attendent de savoir si une place se libérera ... parmi eux le Pinguin et une collègue de boulot (qui finiront pas rentrer). Pas mal de têtes familières mais moins que ce que j'aurais imaginé. Un public très mélangé à tous points de vue, même si j'ai l'impression d'être plutôt en dessous de la moyenne d'age.
Ce soir encore le théâtre de l'œuvre affiche complet (comme lors du concert d'Herman Dune il n'y a pas si longtemps), aussi nous nous calons devant à droite, pour ma part debout dans le coin. Hakim son entrée en scène avec Mirabelle au violon. Comme à la plupart de ses concerts (comme il le précise lui même) il attaque en douceur par un morceau sur la Brise.
Un brise un peu " bizarre " ; en effet il commence déjà à jouer avec Mirabelle et le public en s'arrêtant,, repartant de plus belle. Il est un peu enrhumé ce soir, mais nous promets de mettre le paquet comme chaque fois. Effectivement dès le premier morceau on le retrouve à fond, cramponné à son luth, tel un félin constamment sur le point de sauter sur sa proie. Sitôt le morceau fini, il convie une première fois sur scène Lucie, écrivain et poète, pour un petit texte de sa composition qu'il accompagne de quelques notes. Quand elle quitte la scène après avoir dit " celui qui perd sa vie un jour la trouvera " nous sommes tous un peu surpris par le courte durée de son intervention mais elle sera de retour comme cela plusieurs fois pendant la soirée.
A peine le temps de jeter un œil à mon appareil photo que la scène s'est remplie : Bernard, Nadia, Christine, Guy, Edith, Jean Marc ... Il faut bien ça pour attaquer le très énergique Leila hommage à Jamel Brown comme il aime le dire à chaque fois et à Rachid Taha bien sûr et le peintre Djamel Tatah, premier temps fort de la soirée. Je reconnaîtrai la plupart des morceaux (et la façon de les introduire) qu'il jouera ce soir. Les surprises viendront plutôt de la séquence des invités ... Sur ce morceau Edith semble avoir des problèmes techniques, ce qui ne l'empêche pas d'exploser de joie bras en l'air en même temps que le morceau décolle !
Suivra un hommage à un grand maître du chaâbi (" genre musical d'Alger " qui veut dire " populaire ") dont je n'ai pas réussi à comprendre le nom, qui pour lui symbolise l'Afrique. Et effectivement ce long morceau où le jeu de Guy à la batterie sera central, donnera vraiment envie de se lever et danser avec son côté afro-beat marqué. Sans transition ou presque nouvelle apparition de Lucie " ... fraternité ça n'empêche pas la solitude mais fraternité ... ", et présentation par Hakim du fameux John Greaves ...
D'abord à la basse et au chant pour un morceau en français Saturne... où je lui trouverai des faux airs d'Arno (pour la voix et le petit accent sans doute), accompagné par Guy, Mirabelle et Hakim. Juste après il enchaînera avec un autre morceau, en anglais cette fois, radicalement différent du premier. Plus pop-rock épique, à la Bruce Springsteen presque, ou alors Technicolor Hobo, en tout cas plus anglo-saxon. Incroyable la différence de style que ça donne avec pourtant le même auteur/chanteur. Il finira cette partie avec une poésie (de lui?), à nouveau en français, lue avec sa grosse voix. Très chouette.
Directement après, la chanson écrite par Hakim pour se faire pardonner d'avoir jeté des cailloux quand il était jeune, sur ce " vieux fou " dont ils ne comprenait pas les propos. Dans ce morceau, et sur les précédents je réalise l'a place prépondérante du saxo de Christine, et du violon de Mirabelle. Je réalise aussi que je ne comprends toujours strictement rien à l'algérien. Il me reste les expressions faciales et corporelles de Hakim pour suivre.
La fin de ce premier set verra Bernard passer de la contrebasse à la basse au cours du même morceau, puis le retour de Nadia notamment. Pendant cette pause je reste à ma place à moitié assis sur la petite paroi en bois. Le neveu de la saxophoniste vient saluer sa tante. C'est là que j'entends que Edmond ne sera pas de la partie.
A la reprise ils attaquent avec un chanson en arabe toujours sur un " petit jardin qui grandit " avec Mirabelle, Edith, Bernard, Guy, Nadia, Christine mais aussi Hassan à la derbouka. Je trouve à ce morceau des petits airs de Idir, avant que ça ne parte en free jazz rock sur la fin. Dans ces morment là Hakim fait le chef d'orchestre, on l'entend crier " vas-continue " en mimant des coups sur les cymbales de la batterie ...
En ouverture du morceau suivant Au feu, il nous parle de son arrivé du bled à Marseille en 1982, et de la marche des beurs de 1983, et de sa ressemblance physique avec ce jeune qui avait été tué par un CRS. C'est pour lui qu'il a écrit ce morceau qui à dédié à " tous les enfants du monde " et qu'il est allé joué devant sa famille. Sur ce morceau c'est Christine qu'il encourage à se lâcher plus au saxophone. Je pense aux longues impros de Edmond. Après ce morceau très énervé où on l'a vu tenir son oud comme une arme, on se re-calme avec Lucie ... très court texte" je ne suis pas d'ici pas d'ailleurs, je ne suis rien " ... " si tu veux une femme parfaite dessine la si tu veux une imparfaite promène toi ‘'
Suivi de Bertrand Abeille qui nous fera un aperçu de son chant des baleines (sans les projections qui l'accompagnent parfois), soutenu par le violon de Mirabelle. Très beau en effet ; enchaîné avec cette chanson sur une petite fleur qui pousse seule dans le désert (un truc comme Sirr filamen). Pour la chanson suivante, un hommage à son arrière grand-mère qui, la centaine passée, continuait à danser avec 2 voiles, il invite sur scène une amie pour danser justement avec 2 voiles.
Elle sera rejoint par une, puis deux, trois et enfin quatre autres danseuses ; pas forcement aussi trad algéroise que les premières mais elle se sont fait plaisir et on mis l'ambiance. Pour le prochain Hakim nous dit qu'il a eu envie de faire un morceau inspiré des chants dans les stades en Algérie. Pour cela il invite non pas un nouveau chanteur mais deux qui arrivent depuis le public : Nadir Benmansour (qui était déjà présent la veille) et (en phonétique) Svenja.
C'est Nadir qui attaquera avec un chant très mélodique trad' plutôt raï je dirais avant que tout le monde n'embraye toutes percus en avant. Il sera ensuite rejoint par le deuxième chanteur, au phrasé plus rap bien sympathique, qui sera aussi obligé de tendre le micro à Hakim pour que celui ci puisse aussi chanter. Semi impro réussie, qui finit avec tout le public qui reprend " ooooo oooo ooo oooo ".
Pour faire redescendre tout le monde rien de tel que Lucie " c'est le vent que j'écoute, c'est le vent que j'écoute ", avant d'enchaîner avec John au piano cette fois ci (décidément cet homme a plus d'un talent dans son sac). En français, la ressemblance avec Arno ou un Higelin me saute à nouveau aux oreilles. Quelques problèmes de connectique du côté du saxo depuis que les danesues sont montés sur scène ... mais ça passe.
Puis duo en anglais avec Mirabelle. Touchant. Et re-français ... là je pense à Dick Annegarn. Très beau en tout cas. Le jeu de Mirabelle qui accompagne tout le monde depuis le début est lumineux. Il est 23h40 je me demande si Manu et Sam n'ont pas joués la veille et ne sont pas là que comme spectateurs. Hakim annonce un morceau (intitulé Mère?) dédié à toutes les mamans.
Et c'est après celui ci que Hakim, appellera pour terminer " 2 talentueux amis de Marseille " qui vont nous " chanter quelque chose de Marseille " , à savoir Manu Theron et Sam Karpienia ... et ce dernier d'entrer en levant les bras et en criant " avec la collaboration de Hassan Boukerrou et Thomas Lippens " et d'ajouter " c'est Gacha Empega c'est le retour ! ". Et boum c'est parti. Hakim s'assied sur le côté et les deux compères que je n'avais pas vu chanter ensemble sous ce nom depuis depuis 2007 à la Cité de la Musique.
Et c'est la première fois que je les ai vu le faire avec autant d'entrain, sinon en tout cas autant de mouvement. Si Manu est bien placé derrière son micro avec son tambourin, en revanche Sam est plus en mode " rap " à parcourir la scène en donnant la réplique à son compère historique. Énorme ! J'espère que cela leur donnera des idées !
Pour finir Hakim rappelle tout le monde pour un Labess' " sur un rythme de Bo Diddley " donc forcement explosif. Pas facile pour tout le monde de trouver son moment, mais je dois avouer que la premier couplet de Sam était particulièrement réussi. Une dernière fois Hakim dirigera tout le monde, groupe comme public pour les " oooo ooo ooo ooo o oh oh oh " et le concert finira par une standing ovation au cours de laquelle, Hakim re-présentera tous les musiciens de la soirée.
Au final même si par moments j'ai trouvé que ça manquait un peu de fluidité dans les enchaînements, nous passerons à nouveau une très belle soirée en compagnie de Hakim et ses amis. Cela réveillera en moins l'envie de me procurer son album live que je ‘ai toujours pas écouté mais qui doit logiquement contenir la plupart des morceaux joués ce soir.
Svet ayant décidé de se lancer dans la confection d'un gateau en forme de Empire State Building pour la fête d'anniversaire de Lucie (et vertical bien sûr!) nous nous échapperons immédiatement à la fin du concert malgré l'envie de prolonger un petit peu encore ce bel instant dans un lieu décidément bien sympathique par son accueil et bien évidemment sa programmation aussi riche qu'éclectique ...
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Critique écrite le 06 novembre 2022 par Pirlouiiiit
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