Chronique de Concert
Cassius (Festival Rock en Seine 2016)
Rien n'est plus galvaudé que le label "french Touch" quand on parle d'électro. S'il est souvent accolé au premier péquin français qui fait de la musique avec un ordinateur, il ne devrait être en réalité juxtaposé qu'aux véritables pionniers légendaires de l'électro française : Laurent Garnier, Etienne de Crecy, Daft Punk, Air, Alex Gopher, Le grand Pop Football Club, Dimitri from Paris... Cassius fait indubitablement partie de ces pionniers contrairement à Justice, C2C, Kavinsky, Mr Oizo, qui sont arrivés quelques années plus tard et qui ont surfé, parfois avec talent, sur la vague de cette appellation d'origine, pas si contrôlée que cela.
Vu l'ampleur du phénomène électro en France et sa résonnance mondiale, il est donc normal de retrouver certaines grandes figures électro à la programmation de grands festivals comme Rock en Seine. Pourtant, à mes yeux c'est une vraie erreur ! L'électro est avant tout une musique de club, de fête et de transe. On écoute pas de l'électro comme on assiste à un concert de Rock. Voir un set électro dans un festival comme Rock en seine équivaut à mes yeux à boire du Crystal Roederer dans un gobelet en plastique, bref c'est totalement inapproprié... Que ce soit Cassius ou les Chemical Brothers, ou même l'horrible David Guetta, on voit toujours des mecs perchés devant des ordinateurs et une table de mixage qui secouent frénétiquement la tête en bidouillant des boutons avec plus ou moins d'entrain. A quelques exceptions près, comme les Daft Punk ou les Chemical Brothers, susceptibles d'avoir les moyens de créer une véritable théâtralité avec de vrais light shows, on ressort souvent extrêmement déçu des sets electro quand on les voit lors d'un festival Rock. On ne profite en effet pas ou trop peu du côté tribal et hypnotique, ou des crescendos et des explosions propres à ce courant musical quand on n'est pas dans un état légèrement second avec toute une nuit devant soi et aucunes contraintes le lendemain et les jours qui suivent. Un set d'une heure n'est pas assez long pour que l'on puisse vraiment décoller, et pas assez court pour que l'on ne s'y ennuie pas. En club, on va prendre un verre, discuter avant d'être en condition de rentrer pleinement dans le Beat.
Le set de Cassius à Rock en Seine a donc vraiment, à mes yeux, souffert de tous ces écueils. Même, si je ne leur trouve ni le talent de Daft Punk, ni l'originalité et le côté planant d'Air, j'aurais certainement apprécié leur musique dans une soirée privée en plein été au bord d'une piscine dans une villa cachée dans les hauteurs du Nord d'Ibiza, ou vers 4 heures du matin au rex club dans la fièvre d'une soirée lancée depuis plusieurs heures. Si j'étais assez loin du compte sur ce set de festival, il y avait autour de moi toute une nuée d'adeptes dansant avec frénésie. Ma malhonnêteté intellectuelle me fera écrire que ce sont les mêmes qui dansent sur du Guetta ou sur les tubes des années 80 dans les mariages sans y voir de différence. Je suis en effet persuadé qu'un vrai fan d'electro ne se déplacera pas spécifiquement de son plein gré pour voir un groupe comme Cassius dans le cadre d'un festival comme rock en Seine...
Critique écrite le 29 août 2016 par lol
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