Chronique de Concert
Cats On Trees + Selim
Sélim / Joseph Chedid. Joseph Chedid / Selim. Le groupe à quatre initialement devient groupe à lui tout seul désormais donc. Après avoir assisté aux destinés des autres, et avoir assisté de plus proches (musicien touche-à-tout de -M- sur ses tournées, ou collaborations avec sa soeur Anna " Nach " Chedid), Joseph Chedid semble vouloir ici endosser la tenue de Selim pour incarner ses compositions, tout comme son frère Matthieu a enfilé le costume de -M-.
Une voix qui peut paraître assez similaire à celle de son frère. Le phrasé et l'attitude qui rappellent cependant parfois un autre Mathieu, Boogaerts, (" Marianne qui suis-je sans toi ? "), une douce exubérance en tenue de Monsieur Loyal et lunettes noires octogonales en plus.
Une aisance sur scène indéniable, ici très contrôlée pour ne pas empiéter sur les têtes d'affiche du soir. Et une musique kaléidoscope, une pop psyché-mandarin-citron-curaçao, avec autant de tiers de quelque chose qu'un rafraîchissement à la Pagnol, dont on a du mal à saisir les contours très nettement. Mais qui ravit et nous laisse à quelques centimètres au-dessus du sol, le sourire aux lèvres.
Lévitation trois cent soixante degrés sur moi même : je ne suis visiblement pas le seul.
Le duo toulousain Cats On Trees, que je ne connaissais pas il y a quelques jours, n'a quant à lui visiblement plus besoin d'être présenté à en croire par l'affluence : le Cargo de Nuit est plein comme un oeuf, me laissant un peu coi, quand même.Un public toutes générations confondues, du collégien aux clans OVS, en passant par des couples d'amoureux trentenaires, massés devant la scène comme des ados, ne maniant pas toujours les smartphones avec autant d'aisance, mais déjà très au fait de la récente renommée des nominés. Et une équipe même du Cargo totalement fan.
Le duo Nina Goern (voix et clavier) et Yohan Hennequin (percussions et choeurs), tout sourire et seul sur scène, déjà rôdé et déjà emprunt de proréflexes, affiche sans fard l'humilité d'être là, assume toute maladresse et s'excuse du peu de morceaux à proposer.
Un duo fusionnel, comme les trajectoires artistiques de longues dates peuvent sans doute en créer, un duo qui s'épaule à distance à coups de regards échangés.
Pour l'ermite qui ne connaît (encore) rien à leur musique, cette formation réduite à sa plus simple expression, leur position naturellement figée derrière clavier et batterie, ainsi que l'usage de la langue anglaise pourraient faire barrage à leur univers, ne laissant pas beaucoup d'autres prises.
Mais leur fraîcheur et leur simplicité, le don pour des mélodies pop accrocheuses et efficaces (les déjà tubes Burn et Sirens Call, boucles-arpège disco sur Wichita), ainsi qu'une aptitude à créer à deux des atmosphères efficaces (pont musical de Walking on the Line, intro sur la reprise du Courage des Oiseaux de Dominique A), ouvrent la brèche par laquelle on se glisse volontiers.
Critique écrite le 26 janvier 2014 par Flag
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