Accueil Chronique de concert Charlie Jazz Festival : La Goutte au nez + Rosa + Art Ensemble of Chicago + Leoquartet Joue Monk
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Chronique de Concert

Charlie Jazz Festival : La Goutte au nez + Rosa + Art Ensemble of Chicago + Leoquartet Joue Monk

domaine de Fontblanche - Vitrolles 7 juillet 2007

Critique écrite le par

La journée commence très tôt pour moi vu que j'ai rendez-vous à Ensuès-la-Redonne avec Virgile Abela et Remy Decrouy les guitaristes du groupe ROSA, qui doivent faire leurs balances vers 10h au Moulin à Jazz, Vitrolles. Je n'insisterai pas sur ma session photo avec les pêcheurs en attendant le réveil des musiciens, étant arrivé trop tôt...

Le cadre du domaine de Fontblanche est totalement agréable vu que la scène est située en plein air dans un parc bordé de platanes. On est en été entourés de verdure dans le sud de la France, le cadre est donc forcément idyllique. Je fais la rencontre du nouveau bassiste Stéphane Diamantakiou qui remplace la contrebasse et Sylvain Thévenard l'ingé son. Arrivent également Emilie Lesbros la chanteuse et François Rossi le batteur. Les balances se passent bien jusqu'au moment où un grain de sable vient compliquer l'ambiance. Une personne de l'organisation vient leur expliquer que leur son est trop rock et leur rappelle qu'ici c'est un festival de jazz et qu'ils devraient donc modérer leur musique. J'avoue ne pas comprendre. Certes le son est rock, mais il n'est pas à plein volume. Bon, finalement, chacun passe les heures suivantes à oublier le stress et les doutes en allant à la plage (aïe ! les oursins...) ou à dormir.

Retour au domaine.
Les musiciens se préparent. Je découvre la pochette du prémix de leur album, qui est une photo que j'avais faite d'Emilie masquée à la Meson. Les bières sont fraîches, le temps passe, le stress monte. Je fais un tour dans le parc aux alentours de 20 h. Le soleil est encore haut. Je réalise qu'entre-temps les gens ont commencé à investir les lieux. Je suis attiré à la fois par des sons de fanfare et par l'odeur des grillades et découvre le groupe La Goutte au Nez qui ouvre la soirée. Les musiciens, au nombre de huit sont vêtus de rouge et de noir. Leur set est purement festif et mélange à la fois musiques traditionnelles et réarrangements modernes Ils débutent avec un son de didgeridoo fait avec un sousaphone et accompagné par une rythmique dub accomplie par les cuivres (trompette, sax, trombone), et rehaussé par des touches légères d'accordéon.



S'ensuivront chant au mégaphone, sirènes d'alarme, son funky. Puis un morceau oriental. Après un morceau de fanfare traditionnelle du type Nouvelle-Orléans, ils enchainent sur un reggae dont la rythmique est faite à l'accordéon (pas de guitare chez eux) qui n'est pas sans évoquer la musique de l'Armée des 12 Singes version reggae ! Ils continuent leur set devant les gens attablés avec encore des cris au mégaphone, puis de la musique juive, de la salsa. Donc une explosion totale de couleurs malgré la difficulté de jouer devant des gens qui ne pensent qu'à manger.

21h
Je rejoins le groupe Rosa et m'approche de la grande scène, pour l'instant vide de spectateurs. J'avoue que je suis intrigué et impatient de savoir comment ils vont gérer la remarque de la matinée sur leur son puissant. Les chaises se remplissent assez vite et je me demande quelle va être la réaction de l'auditoire. Le concert commence sous des applaudissements froids. J'ai l'adrénaline qui monte, près pour l'action, à l'affut des photos à prendre. Tout à coup grosse décharge sonore et je comprends qu'il s'agît du titre Stakaïvista, c'est-à-dire un morceau avec l'un des passages les plus rentre-dedans du groupe, histoire de montrer qu'ils jouent un mélange jazz-rock et qu'il n'est pas question de se compromettre pour faire plaisir à l'auditoire en édulcorant leur son.



Bien que le leitmotiv repris à la fin du morceau adoucit un peu l'atmosphère, j'avoue en rester médusé et à attendre la réaction du public qui vient de se prendre une grosse gifle en guise de bienvenue.
Il se passe une ou deux secondes de blanc sans réaction que je trouve très angoissantes mais finalement les gens applaudissent dans l'ensemble chaleureusement.



Le concert se poursuivra admirablement bien, les membres de Rosa sachant alterner des phases atmosphériques faites de nappes sonores puis des explosions déjantées où le groupe donne une base solide derrière Emilie Lesbros, lui permettant ainsi de se lâcher totalement. Car il faut dire qu'Emilie est vraiment en forme ce soir et subjugue le public par son chant lyrique mélodieux puis par ces phases baroques où la voix devient totalement hystérique.



Les titres de l'album s'enchaînent parfaitement et l'absence de saxophone ne gène en rien l'envolée du groupe. Petit plus pour le morceau Pigs II, digne successeur de quelque chef-d'oeuvre sortie des albums de King Crimson période Red,



avec sa basse obsédante, lente mais groovy et menaçante, et soutenue par une batterie jazzy et des crissements de guitare jusqu'à une explosion rock, suivie de l'ambiance bossa nova de Alakoliken (Pigs III) et des gazouillements d'Emilie.



Je passe ainsi mon temps à tourner dans tous les coins à la recherche de LA photo mais je prends également le temps de me laisser envahir par ces ambiances qui me subjuguent. Le groupe termine le concert en rappel en douceur avec le sensuel et entêtant My Fellow sous les applaudissements d'un public finalement conquis.



S'ensuit sur la même scène l' Art Ensemble of Chicago qui vient exprès en Europe pour ce concert et repartira en avion très tôt à l'aube.



J'avoue être totalement ignorant et ne même pas connaitre le nom du groupe. Ce que j'ai appris tout au long de la journée c'est qu'ils sont vraiment attendus par le public. J'apprendrai par la suite par Uli Wolters qui me ramènera à Marseille que le groupe est mythique, et qu'ils s'agît de légendes vivantes, du moins pour les membres qui sont encore vivants, vu que le groupe a été créé dans les années 60, à une époque où leur musique représentait l'émancipation afro-américaine. En dehors de la musique et de la technicité (leur musique remontant aux racines du free-jazz), il y a donc un caractère politique et historique. Malheureusement, n'étant pas initié au Free, je ne ressentirai pas grand chose au cours de leur set certes prodigieux mais manquant de chaleur à mes oreilles. J'entends déjà les cris des mélomanes avertis, mais je le dis clairement, je n'y connais rien dans ce domaine musical. En voyant les papys, je m'attends à écouter une musique s'approchant du Buena Vista Social Club, mais, en fait, je me sens totalement largué par les quatre musiciens débarqués devant nous. Famadou Don Moye, toque musulmane et l'air serein aux percus et Roscoe Mitchell, chapeau du Mississippi sur la tête, au saxophone, sont les rescapés du groupe d'origine.. Quant à Harisson Bankhad, contrebasse, et Rasul Siddik, trompette, leur chapeau à l'italienne leur donne un côté frimeur. On est certes très loin des stéréotypes de radio. Ce qui semble être les trois premiers morceaux (à moins que ce soit la même suite)me paraissent totalement abstraits mais Harisson Bankhad marquera le public par son jeu hallucinant de part sa vitesse. Je me sens oppressé tellement la musique est extrême. Oui, il s'agît d'extrême car ses doigts ne semblent plus humains à frapper ainsi les cordes de la contrebasse.


Avis à messieurs les death-mettaleux qui prétendez écouter de la musique extrême, vous avez de la graine à prendre ! Roscoe Mitchell me fascine avec ses phrases complexes et l'improvisation de son jeu. Heureusement pour moi, la deuxième partie est moins improvisée. Voilà deux morceaux de jazz plus accessibles à mes oreilles, entrecoupés par un solo de congas fabuleux de Famadou Don Moye, rappelant que les racines du jazz sont bien afro-américaines. Et pour finir les papys nous livrent un rappel beaucoup plus groovy et chaleureux qui efface les souffrances de mon cerveau coincé dans la lessiveuse du début. Le concert fini, plusieurs minutes sont quand même nécessaires pour s'en remettre. D'ailleurs, la chronique tardera à être écrite à cause des émotions mitigées que j'ai ressenties mais également à cause de mon incompréhension face à leur mur sonore.

23h30
Il ne me reste plus qu'à vagabonder dans le parc vers la buvette pour délasser mon esprit. Il se trouve qu'il reste encore un groupe, le Leoquartet Joue Monk qui joue sur une toute petite scène à l'écart et comme son nom l'indique réarrange des morceaux de Thelonious Monk. Pendant la journée, je me suis demandé pourquoi la petite scène était active après la tête d'affiche. Mais après l'Art Ensemble, je comprends que nos oreilles ont besoin de douceur et de se reposer avec une musique d'ambiance. Du moins, c'est mon cas. Je me retrouve totalement vidé et incapable de me concentrer sur ce groupe, juste me laisser aller par l'ambiance avant le repos dans mon lit.

C'est seulement après coup que je prends conscience de l'importance de la venue de l'Art Ensemble of Chicago pour les 10 ans du Charlie Jazz Festival.


Yoan-Loic Faure

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