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Chronique de Concert

Cheb Samir and the black souls of Leviathan, The feeling of love

L'appart Reims 5 janvier 2007

Critique écrite le par




Cheb Samir and the black souls of Leviathan. C'était ce soir les deux tiers de The Normals, un groupe de rock'n'roll strasbourgeois, qui était venu nous rendre visite il y a deux mois. Deux garçons. Samir et Seb. Plutôt mals en point. L'invocation répétée des âmes noires du Leviathan n'est pas sans risque. Seb avait une jambe dans le plâtre et Samir, la voix brisée. Dix fois de suite, il l'avait invoquée, cette créature phénicienne. A Saint-Etienne, à Courtrai, à Bordeaux, à Limoges, ce soir c'était la dernière cérémonie avant le prochain réveil du monstre.
Etrange autant que bizarre, le Leviathan entendrait l'anglais. L'anglais du bayou. Une langue d'insomnie et de cauchemar. Une langue qui ne met pas de glaçon dans son whisky. La langue de Tom Waits.



Samir fait crisser toutes ses cordes tandis que Seb entre une grosse caisse, un tom aquatique, une cymbale et un clavier nous rappelle que même les alligators dansent. Peu de gens le savent. Les quelques biologistes témoins de cette parade nuptiale n'ont pu retenir leurs rires lors de cette découverte. Or, les alligators font partie de ces prédateurs qui n'aiment pas que l'ont ri d'eux. Ils ont croqué les biologistes. Les jambes seulement. Puis ils ont repris leur gigue autour des troncs scientifiques s'enfonçant dans les eaux du Delta (du Mississippi).



The feeling of love draine les mêmes eaux sales et putrides. Seul. C'est un tout en un, les crissements, les alligators, les âmes noires. Il se définit lui-même comme un one man no band. C'est une version lourde et lorraine (Metz c'est en Lorraine) de Bob Log III, cet Américain qui fait claquer les seins de ses copines sur ses disques (chez Fat Possum, le même label qui a ressuscité les bluesmens noirs RL Burnside, T-Model Ford, Junior Kimbrough). A la différence que The feeling of love semble avoir échoué dans ce challenge mammaire.



Pas de fille nue pour lui. Ca l'a mis en rogne. Alors, d'un pied il tape dans la batterie, de l'autre il écrase les touches d'un clavier, avec ses mains il se gratte fort l'instrument, et avec sa bouche, il gueule, tout comme Bob Log III, mais en plus violent. A l'arrivée, ça donne quelque chose de sensiblement différent, de plus intense. Un blues-rock primitif et viscéral, brut et déplumé, qui donne envie de hurler à la vie, à la mort, à Pussy Galore. J'ai hurlé moi-même.
Sur ses premiers morceaux, il avait, en plus de la grosse caisse, une boîte à rythme épileptique. On ne pouvait prévoir sur quel tempo s'annonçait la prochaine mesure. C'était pas mal du tout.



 Critique écrite le 08 janvier 2007 par Bertrand Lasseguette