Chronique de Concert
La Chica (Les Femmes s'en Mêlent)
Comme le concert de Jeanne Balibar mardi ici même (voir chronique par ici), le concert de ce soir est organisé par AMAM et fait partie du festival Les Femmes s'en Mêlent. Par contre Lionel m'a prévenu, ce soir c'est complet. Arrivé à l'heure pour une fois (en tout cas avant que le concert ne commence), je me cale près de la porte. Quand La Chica me double lentement par la gauche pour monter sur scène en faisant des mouvements circulaires avec un bâton d'encens allumé, je me glisse derrière l'enceinte au pied de la scène.
Je suis vraiment content d'être là car jusqu'ici j'ai raté ses pourtant nombreux passages à Marseille, dont le théâtre silvain (voir chronique par ici) et ces 2 soirs à la Meson. En plus il s'agit de la dernière de ce piano solo avec le quel elle tourne depuis plus de 2 ans. Même de dos de 3 quarts, accroupis dans le noir j'apprécie ce début de concert et m'amuse déjà du fait que selon la lumière Sophie Fustec plus connue sous le nom de La Chica est complétement différente.
Après avoir failli me braquer avec son "Je parle bien français mais je fais ce que je veux" que j'ai trouvé un peu puéril alors qu'il avait j'imagine plutôt vocation à amuser, j?ai accepté de me laisser porter par sa musique et ses paroles essentiellement en espagnol. D'autant que mes restes de LV2 additionnés aux explications qu'elle donnera avant la plupart des chansons fera que je les comprendrai beaucoup plus que ce que j'aurais pu imaginer.
Au cours de cette première partie je découvrirai des titres comme Serpiente (une chanson sur la transformation, sur le genre), le plus (geo)politique Ratas sur les ravages de l'impérialisme occidental au Venezuela (dont elle est originaire pour moitié) et son refrain "Qui a l?esprit clair, qui peut faire la révolution avec l?estomac vide", the sea (je crois) où il est question d?amour, de passion, de "boule de feu qui nous crame de l'intérieur quand on est passionnément amoureux et que l'amour est impossible" soit au final une chanson de "suicide mais très très poétique" et ses sonorités limite asiatiques.
Il y aura aussi Sola sur l' "indépendance féminine", morceau pendant lequel je penserai à la fois à Lasha pour les parties grâces et à Dolores O'Riordan pour les pics dans les aigües. Alors que je suis en train d?apprécier son adresse au piano qui sait se faire jazz, j?aperçois à quelques mètres de moi l'ami Henri ? JAM ? Fiore qui se régale. Après ce morceau je profite des lumières qui s'éteignent quelques secondes pour aller me caler en face, dans le trou entre les fauteuils au premier rang.
C?est à ce moment-là qu'arrive le seul tire que j'avais déjà entendu, à savoir La Loba ce tube mystique et un rien inquiétant avec son refrain claqué "pick up the bones". De mysticisme sinon en tout cas de spiritualité il en sera question pendant tout le concert. Comme dans ce Drink en anglais et son refrain "I want to be drunk until tomorrow", un chant pour les morts ("ceux qui ont changé de dimension") et de citer les noms de ceux pour qui elle le chante ce soir.
Sur le suivant (qui pourrait s'appeler Hoy) elle se placera à l'autre extrémité de son piano à queue pour taper sur les cordes de son piano en rapant quasiment. Puis ce sera le moment où elle allume des bougies sur scène. Rituel fait à chaque concert pour parler du Venezuela (pas de politique juste de l?information dira t-elle) et du chaos ambiant qui y règne dans l'indifférence générale. Allumer des bougies pour "envoyer de l'amour et de la force à tous les peuples en guerre" (et il n'y en a malheureusement pas qu'un) et de nous parler de son sentiment d'impuissance.
Effectivement on se sent bien impuissant et même un peu coupable d'être bien au chaud en train avec ce luxe qu'est la culture. Le public reprendra le "Y yo" du refrain de ce morceau où j'ai cru comprendre qu'il était question de ne pas se marier, de langue noir et d'hommes qui sont des meurtriers. De mort, il en sera question avec Agua (cette eau qui guérit) morceau écrit pour essayer de dépasser cette peine. Et ce refrain repris longtemps par le public "Del cielo cae agua. Lluvia poderosa".
Long moment de communion réussi avec le public qui s'est laissé embarquer comme un seul homme. Après la guérison par l'eau : l'acceptation ; celle de laisser les choses s'envoler nous dit-elle. Selon la lumière, comme mentionné plus haut, elle est complément différente, en tout cas la perception que j'ai d'elle. Elle parait tout à tour dure, fragile, douce, funky, légère, mystique, et toujours sincère malgré le côté écrit / joué d?un spectacle bien rodé joué des centaines de fois (et dont il existe déjà de belles traces filmées).
Pas de fausse sortie pour le rappel ("alors qu'il reste des morceaux à jouer") mais un échange plus long avec nous. Pour nous dire que ça la fait "kiffer" de jouer dans une salle de cinéma, et qu'on soit là. "Vous n'êtes pas restés devant votre télé, vous êtes venus en faisant confiance à ce qui allait se passer" et de continuer "L'art éveille les consciences" avant d'attaquer conclure par Suenos sur les déconnections de réalité / rêves éveillés dont elle est victime lorsqu'elle est émotionnellement instable ("j'ai vu quelqu'un pour ça mais ça n'a pas été très concluant donc on fait des chansons").
Après un final debout sur son siège, tonnerre d'applaudissements ... Après avoir dit son plaisir de finir cette longue tournée à Marseille elle nous offrira un petit dernier : une reprise a capella de Tonada de luna llena de Simón Díaz qu'elle dédiera à une certaine Hélène Rose ... Après une bonne heure de spectacle elle quittera la scène et la salle et nous la suivront lentement, encore un peu dans ses rêves, et passerons à côté du stand merchandising qui nous attendait à la sortie dans lequel je remarquerai des chaussettes (aux motifs de ces tatouages ?) !
Encore une bien belle soirée que je suis content de ne pas avoir ratée ?
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Critique écrite le 03 décembre 2023 par Pirlouiiiit
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> Réponse le 07 décembre 2023, par C briceño
Merveilleuse prestation, envoûtante. Bravo pour la chronique. Réagir
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