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Chronique de Concert

Chickenfoot

Chickenfoot en concert

L'Olympia, Paris 16 Janvier 2012

Critique écrite le par



L'Olympia était bien rempli, mais pas complet, pour ce concert exceptionnel du super-groupe Chickenfoot ; la faute, peut-être, à des billets un peu chers (de 60 à 70€). Il faut dire que le line-up justifie de mettre la main au porte-monnaie, puisque Chickenfoot, c'est rien de moins que le guitariste virtuose Joe Satriani (souvent considéré comme un des tous meilleurs au monde), entouré de Sammy Haggar, ancien chanteur de Van Halen, Michael Anthony, ancien bassiste du même groupe, et Chad Smith, batteur des Red Hot Chili Peppers (ce dernier ayant quitté le groupe l'été dernier pour se consacrer au nouvel album et à la tournée des Peppers). Un "super-groupe", donc, dont les apparitions sont rares en France et dont la venue en ce mois de janvier était un des évènements musicaux du début d'année.

La bande entre en scène sur Lighten Up, extrait de leur deuxième album (fort logiquement intitulé "III"...), qui démarre plutôt fort ce concert, même s'il est trop gras pour être le morceau le plus efficace du combo. Avec Alright, Alright, la production du groupe se fait plus abrasive et Satriani laisse déjà entrevoir son incroyable talent. La montée en puissance se confirme sur Big Foot, encore plus ébouriffant, et atteint un premier sommet avec Sexy Little Thing, vraie démonstration de hard rock à l'ancienne, qui permet d'apprécier à quel point les quatre musiciens sont techniquement exceptionnels. Histoire d'évacuer d'un coup les deux tubes issus du premier album, la bande enchaîne avec l'énorme Soap On A Rope, tellement énorme, d'ailleurs, dans sa version studio, que même s'il inflige une grosse claque au public, on ne peut s'empêcher de le trouver un peu confus dans cette interprétation live. Petite déception heureusement vite emportée par l'ouragan sonore Up Next, qui menace de faire se fissurer les murs de L'Olympia.



Après un petit intermède un peu mollasson, Chickenfoot reprend son entreprise de destruction du music-hall parisien avec le monstrueux Down The Drain, au son plus lourd que jamais, qui laboure littéralement le parterre de la salle. Et ça continue de plus belle avec Three And A Half Letter, dont les couplets sont des extraits de lettres lus par Sammy Haggar, mais dont les refrains sont fous furieux et font s'abattre sur les spectateurs une vraie tempête de feu. Le groupe laisse enfin un court répit avec Something Going Wrong, titre beaucoup plus bluesy, pour lequel Joe Satriani passe sur une guitare à double-manche. Mais le matraquage reprend déjà par Turnin' Left, dont l'intro à la basse met en valeur Michael Anthony et qui devient carrément dantesque quand la batterie, puis la guitare hallucinée de Satriani, rentrent à leur tour. Le public se fait tabasser et apparemment, il aime ça, à en juger par son enthousiasme durant tout le morceau. Pour achever le set, les Chickenfoot assènent un titre qui rappelle particulièrement les productions de Van Halen, et pour lequel Sammy Haggar prend même la guitare : Future In The Past. Le show s'achève par une belle standing ovation, qui augure un rappel bouillant.



Le rappel en question démarre avec Different Devil, peut-être le titre le plus mélodique du groupe, sorte d'hymne extrêmement fédérateur sur lequel tout le monde peut donner de la voix. C'est finalement Oh Yeah qui vient mettre le point final au show avec son refrain tubesque. Il se termine à toute allure pour clore la soirée en offrant au groupe un bel hommage du public, debout pour applaudir ses héros.

Avec ses distos gutturales, ses basses vrombissantes, ses riffs de guitare apocalyptiques et ses futs matraqués en règle, la production scénique de Chickenfoot est à la hauteur des promesses du line-up, même si on aurait bien-sûr préféré voir à l'œuvre le toujours spectaculaire Chad Smith. Malgré tout, si l'on est époustouflé par les solos de Satriani - qui ne manque jamais une occasion d'éclabousser la salle de son talent - et par la maestria de Sammy Haggar, on reste un peu sur sa faim devant des titres souvent confus et qui ne sont pas tous aussi efficaces qu'on aurait pu l'espérer. Mais ne chipotons pas trop non-plus, le groupe produit un hard rock old school impeccablement maîtrisé, très impressionnant techniquement et extrêmement puissant. Finalement, le problème des super-groupes est peut-être qu'on en attend toujours trop. Chickenfoot, en livrant un concert excellent et pourtant quelque peu décevant, l'a parfaitement illustré ce soir.


Merci à Alice, chez Gérard Drouot Productions.

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