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Chronique de Concert

Chikinki, Radio 4, The Rapture

Cartonnerie, Reims 1 octobre 2006

Critique écrite le par

Le Dieu-rythme était l'invité d'honneur de cette première soirée 2006-2007 à la Cartonnerie. Les trois groupes à l'affiche évoluent en effet dans le même registre punk-funk, du rock dansant, un style incarné dans le passé par toute une écurie britannique, Gang of four, A Certain ratio, New Order, les Happy Mondays, Primal Scream (issus au trois-quarts du label mancunien Factory)... et remis au goût du jour au début des années 2000 par une ribambelle de musiciens new-yorkais, qui redécouvrirent alors l'héritage de leurs aînés ESG et James White, ainsi que les disques des groupes précités, et transformèrent le tout en un joli effet de mode.
Radio 4 furent les premiers de ces revivalistes à connaître le succès en France, avec Gotham (2002) et son single manifeste Dance to the underground, puis il y eut The Rapture, LCD Soundsystem et !!!, prononcez Chk chk chk, à ne pas confondre avec Chikinki, qui eux sont anglais, de Bristol, et qui sont les premiers à s'élancer sur scène ce soir.



Chikinki se compose de cinq garçons dont la moyenne d'âge doit tourner autour du quart de siècle. Leur formule est assez originale. Un chanteur, un guitariste, un batteur, deux claviers et pas de bassiste.




Je n'ai jamais entendu parlé d'eux et c'est donc les oreilles vierges que j'accueille leurs compositions. C'est plutôt plaisant. Ca me rappelle des choses, le XTC première période pour les claviers, la frénésie et l'effort apporté à la construction des chansons. J'entends aussi les Strokes de Trying your luck sur leur dernier single You said, puis encore quand ils annoncent le titre Like it or leave it, qui fait écho au Take it or leave it des américains sur leur premier album Is this it.
Ca ne respire pas l'originalité. Un groupe de plus de pop dansante.




Rupert Browne, le chanteur, a une voix passe-partout. Mais ç'est expédié avec de la prestance et du punch. Tenez Boris, par exemple, l'un des deux claviers. Il fait tellement le zouave dans sa combinaison de garagiste que j'en viendrai presque à trouver sa musique géniale. Il me fait penser à son homologue de Maximö Park, Lukas Wooler. Lui aussi passe son temps à jerker et à baver au-dessus de ses touches. Sauf que Maximö Park, c'est plutôt médiocre. Chikinki, c'est la classe au-dessus. Juste au-dessus. Assez, en tout cas, pour focaliser l'attention pendant 45 minutes.




Les Radio 4 sont cinq eux aussi. Guitare, basse, batterie, claviers, percussions. Je n'ai pas de photos d'eux à vous proposer. Oui..., j'ai un peu honte de vous l'avouer, mais je me suis assoupi. Je n'ai pas résisté à leur gros son assommant. J'en suis vraiment malheureux parce que j'avais adoré et j'aime toujours Gotham, l'album qui les avait révélé. Ils en ont d'ailleurs joué plusieurs titres : Calling all enthusiasts, Our town, Dance to the underground. Les meilleurs moments de leur set, mais une misère comparée aux versions originales. Ils se sont donnés du mal pourtant. Il y avait de la sueur sur leurs visages, le guitariste multipliait les poses de rockers, ça pulsait, on ne peut pas dire le contraire, et le public dans son ensemble répondait présent en dansant et en applaudissant. Mais qu'est-ce que c'était gras, boursouflé d'échos, et pauvre musicalement. A l'image de leurs deux derniers albums, Stealing of a nation et Enemies like that. La formule est toujours la même, le talent en moins. Je n'arrive pas à voir la différence entre le début et la fin des morceaux. A part le silence. Il ne se passe plus rien.

J'aurais pu presque dire la même chose concernant The Rapture. Peu avant ce concert, j'ai reçu leur dernier album Pieces of the people we love. ENORME DECEPTION. Echoes, leur premier LP, est une merveille de rock à danser. Olio, Open up your heart, I need your love, House of jealous lovers, Sister saviour, Love is all... Quand même! Dans chaque chanson (hormis Infatuation, bon pour la poubelle ou pour une veillée funèbre), il se passe des choses, des émotions, des breaks, des cris et en plus c'est rythmé comme des scies à dancefloor. Avec Pieces of the people we love, malheureusement, il ne nous reste plus que les scies. Les compositions ont perdu de leur tranchant et de leur dramaturgie, ce n'est plus qu'un sympathique fond sonore pour soirée sage.




Voilà pour le disque, par chance, sur scène c'est une autre aventure. Ce soir, par exemple, c'est la grosse fiesta. Luke Jenner, le guitariste et principal chanteur, est remonté comme un coucou. D'entrée, il se jette dans la fosse avec son micro sur I need your love. On est gentil à Reims. On lui a laissé ses vêtements et ses cheveux. Mais j'imagine la même chose au Japon. C'était l'inondation au minimum. Car ils sont plutôt beaux gosses les Rapture. Et ils se la donnent à fond. Ca danse, ça saute, ça sourit, ça fait des clins d'œil, ça rampe, le tout sans commettre une seule fausse note. Très, très bon, très, très fort.



Ils ont même réussi à rendre intéressants leurs nouveaux morceaux. Pieces of the people we love, chanté par le bassite Mattie Safer fut un des grands moments de ce concert qui n'a pas connu de temps mort. Du reste, sur les quatorze morceaux joués, il y en a eu seulement cinq du dernier album.





Cerise sur le gâteau, ils m'ont même fait le plaisir d'interpréter Out of the races and onto the tracks, un bijou de stridences tiré du maxi du même nom, sorti en 2001 chez Sub Pop. Sur ce morceau, on peut entendre Luke citer le Robert Smith de Shake Dog Shake, de la même manière qu'il cite Disintegration sur Olio, la dernière chanson de la soirée, jouée en rappel. Un Luke, toujours aussi content d'être là à la fin de son concert puisqu'il repartit comme il était arrivé en passant par le public pour serrer des mains et distribuer des bises.


 Critique écrite le 04 octobre 2006 par Bertrand Lasseguette


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