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Chronique de concert Chorale Anguélos (Cap sur la Bretagne)
Samedi 23 novembre 2024 : 6572 concerts, 27231 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Chorale Anguélos (Cap sur la Bretagne)
Profitant d'un week-end de 3 jours nous sommes de passage en Bretagne une semaine avant d'y revenir pour de bon (pour les vacances). Programme intense puisque nous accueillons les 30 et quelques choristes d'Anguélos qui font halte chez nous pour 2 nuits pour donner un premier concert à l'église de Plougasnou le 14 juillet et le second à l'église Saint François d'Assise à l'entrée de Morlaix. Heureux hasard du calendrier, j'ai profité de la présence d'une de mes tantes aux côtés de Svet pour m'échapper la veille et aller voir le superbe (comme souvent) concert de Red Cardell hier sur la pointe de Primel (voir la chronique par ici).
Aujourd'hui après avoir assisté à un bout de leur répète dans la grange de ma tante, à la séance de confection de sandwichs par l'équipe cuisine, que la pluie nous contraindra de manger en intérieur accompagné de quelques huitres, et fait quelques photos de la chorale nous voici donc à l'église Saint Pierre où la chorale est en train de re-repéter en tenue de ville (salopette pour le chef de chœur) histoire de travailler quelques passages un peu délicats. La porte de l'église est fermée pour ne pas laisser rentrer les pigeons. J'aime ces moments où on accède à l'envers du décor ...
A l'heure dite tout le monde se change vite et la porte est ouverte pour laisser rentrer le public et sortir les choristes. Derniers ajustements dans la setlist. Petite photo souvenir en tenue au soleil entre l'église et le bus garé au loin devant la boulangerie. On ajuste les cols de chemises, vérifie qu'il n'y a pas trop de plis. C'est parti, la chorale rentre en silence dans l'église plutôt qu'en chantant comme certaines fois (si je ne dis pas de bêtises)
Une fois tout le monde arrivé au pied de l'hôtel, Yoann Pourre, le chef de chœur qui a succédé à Patrick Benoit qui a fondé la chorale, présente la chorale Anguélos Chevreul Blancarde Marseille, établissement catholique en contrat d'association avec l'état à Marseille, de passage dans le cadre de sa tournée "Cap sur la Bretagne". Et Yoann de citer les dates précédentes et découvertes alimentaires ou touristiques associées : Cheverny et son Cour-Cheverny, Guerande et son marais salant, Saint Renan, l'ile d'ouessan où ils ont passé 2 jours avec vent et pluie, et (coups de) soleil. Ce matin les huitres de Sterec ...
Répertoire de chants sacrés (surtout) et profane dans lequel ils ont choisi pour commencer ce concert S nami bog classique de la liturgie orthodoxe dont on ne connait cependant pas le compositeur. Comme à chaque fois je suis impressionné par la beauté de l'interprétation de cette chorale qui compte dans ses rangs des élèves qui viennent juste de finir leur 6ème et pour certains qui n'avait jamais chanté avant ; bref le fruit d'un travail acharné sinon en tout cas régulier tout au long de l'année ...
Suivra le Grand Salve, chant gregorien en une seule voix (mais quand même à plusieurs) intérprété par le petit chœur de filles ; l'occasion de rappeler que cette chorale existe depuis plus de 35 ans au sein de l'école Chevreul Blancarde et que comme touts les écoles Chevreul (la première était à Lyon) elle avait pour mission de préparer les jeunes filles aux "grands postes d'administration".
Chaque morceau est introduit avec beaucoup de détail et d'humour par Yoann, qui n'hésite pas non plus à nous parler du quotidien des choristes pendant cette tournée et de leur fonctionnement très responsabilisant.
Après avoir vanté les mérites de la technologie (le piano qui joue tout seul et les vertus du scotch - le ruban adhésif, pas l'alcool) ils enchainent avec, pour la première fois de la tournée (et tout court pour la plupart) le Chant de Triomphe de Joseph Noyon qu'il aurait bien aimé jouer à l'orgue mais a été contraint de renoncer pour des questions logistiques. "Jerusalem acclame celui qui vient vers toi".
Après le petit chœur des filles, ce sera au tour des garçons de passer devant pour Notre Dame de la Garde un chant de marin où ces derniers se confient à la vierge marie et qui bien que venant de Haute Normandie (parait-il) à une résonnance particulière pour les marseillais. En tout cas ce sera une des belles occasions d'apprécier les voix homme (chaudes, rondes, puissantes).
On continue à se confier à Marie avec cette fois un morceau signé Gabriel Fauré, dont l'œuvre est à tort parfois réduite à de la musique de divertissement de salon nous apprend Yoann. Ce morceau sera aussi chanté par le petit chœur.
La pièce suivante viendra elle de la Renaissance de quelqu'un dont je n'ai pas compris le nom. Un Jesus christe sublime quand les voix se superposent pour chanter (en latin) "Avec douleur je crie vers toi". Si j'aime beaucoup les morceaux où ils donnent de la voix, je suis aussi impressionné lorsqu'ils chantent tout en douceur ; quel régal ces "miserere nobis".
J'aime beaucoup me mettre sur le côté devant ce qui me permet de regarder les échanges entre Yoann et les choristes. L'ayant pas mal fait pendant la répète je resterai plus dans le fond cette fois. Amusant de voir comment tout le monde arrive à garder son serieux sans qu'il y ait trop de fou-rires.
Sur la La marche des rois, musique de Jean-Baptiste Lully et harmonies de Joseph Noyon (encore lui !) je repense à mon rêve (pas si) secret (puisque je l'écris) de les voir un jour accompagner Massilia Sound System sur la chanson du Moussu. En attendant que ça se réalise je me contenant de chanter "de bon matin j'ai rencontrer le train des marseillais qui partent en voyage" par-dessus les paroles que je n'entends plus.
Le morceau suivant sera un des deux morceaux qui me touchera le plus. Il s'agit de Noël Noir (celui qu'ils ont le plus répété avant le concert) de Francine Cockenpot une incroyable arrangeuse compositrice, doublée d'un modèle de pardon/charité, qui s'était faite agressée un jour chez elle par un brigand qui l'avait laissée pour morte et à qui elle avait pardonné.
Ce morceau que la chorale chante pour promouvoir la beauté de la différence et le "vivre ensemble" (sacrément malmené par le contexte politique notamment). Le texte de Robert Morel porté par le musique de Francine, me file des frissons à chaque écoute avec ses "Dieu n'est pas nègre, Dieu n'est pas blanc" et Au Paradis, Du bon Jésus, Y'a pas de pauvr' nègre, Y'a pas de sal' blanc." ...
Suivra un morceau plus léger et qui bouge avec le gospel Praise his holy name de Keith Hampton pendant lequel l'audience sera invitée (ou s'invitera) à taper des mains, puis, fête nationale oblige, une Marseillaise où la douceur des voix et la beauté de l'interpretation contastera une fois de plus avec la violence des textes de cet hymne guerrier.
Toujours sur thème de la guerre, suivra le magnifique, à tous points de vue Chant des partisans, précédé d'un quasi-évanouissement parfaitement géré par une des grandes de la chorale ; entre la fatigue accumulée et la concentration que demande une telle performance, les plus jeunes font preuve d'une résistance à toutes épreuves (pas étonnant qu'ils dorment pendant trois jours quand ils rentrent chez eux après).
Après nous aurons le droit à un morceau adapté du hongrois où il est question de Murmure au loin sur la plaine, puis au Je connais des bateaux de Mannick où il est question de bateaux qui ne veulent pas quitter le port. Une occasion pour parler d'autonomie et de prise de risque pour Yoann. Pendant ce morceau je penserai de façon étrange autant à Chantal Goya (donc Jean Jacques Dubout) qu'à Jacques Brel.
L'interprétation de L'hymne à l'amour avec le solo de Alexandra et l'accompagnement du reste de la chorale sera pour moi le deuxième temps fort de ce concert. Ce n'est pas la première fois que je les vois (voir par ici), je re-écoute la plupart des morceaux avec le même plaisir et sans lassitude mais ces 2 là me troublent plus.
Je crois que c'est pendant ce morceau que je me suis échappé vers le fond de l'église et suis monté au niveau de l'orgue (impressionnant) pour faire quelques photos d'en haut. La fin du concert est proche. Yoann prend la paroles pour annoncer qu'ils avaient annoncé que l'entrée était gratuite, mais n'avaient rien dit sur la sortie (ça me renvoie à Gustave Parking et sa formule "entrée gratuite, sortie libre participation" à Paris) pour annoncer la présence d'un stand de merchandising pour amortir les frais de la tournée.
Et de laisser la parole à Pierre qui se charge à chaque concert des remerciements avec cadeaux (pour les Barre et Marianne). Chacun a vraiment son rôle dans cette chorale (équipe cuisine, équipe chargement du car, maitres du temps, ...), avant de presque finir avec le grand classique des chorales Dans la troupe et ses multiples couches : "Papa, maman, votre enfant n'a qu'un oeil, Papa, maman, votre enfant n'a qu'une dent ...", "Dans la Troupe, y a pas d'jambe de bois, Y'a qu'des nouilles, mais ça n'se voit pas ! ...", "Nous avons, vous avez, Nous avons plein l'dos, plein l'sac, Plein l'fond des godillots, des pelles, des pioches, ..."
Ils finiront vraiment par l'hymne provençal Coupo Santo de Frederic Mistral pour que vive la langue provençale (un combat sur lesquels les bretons ont un peu d'avance sur nous), qu'ils finiront en procession en sortant de l'église.
La sortie finie, et les salutations faites aux amis qui ont répondu présent à notre invitation, nous retournons dans l'église pour essayer de faire quelques photos officielles de la chorale. Puis ce sera direction Kerdiès pour un bbq bien mérité à l'issue duquel plutôt que d'aller se coucher effondrés par la fatigue les choristes trouveront encore la force de faire un loup garou géant semi réel dans la grange ... Pas impossible qu'il y en aient quelqu'un(e)s qui baillent demain à Saint- François (chronique à venir)
Beaucoup plus de photos et quelques videos par Pirlouiiiit par ici
Critique écrite le 22 juillet 2023 par Pirlouiiiit
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