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Chronique de Concert

Christophe Maé

Espace Julien à Marseille 16 novembre 2007

Critique écrite le 17 novembre 2007 par Gandalf

Quelle idée d'aller voir un chanteur de variétoche actuelle calibrée radio sans aucune personnalité me demanderont ceux qui me connaissent... Tout simplement parce que ce mec est l'exact opposé de tout ça !

Primo j'adore sa voix. Ce grain spécial, cette légère fêlure quand il pousse, cette capacité à faire un peu ce qu'il veut avec son organe.

Ensuite, ce mec compose la plupart de ses chansons ! Et ça c'est devenu rare dans ce qui passe à la radio... Un vrai compositeur, avec son talent et sa patte, et un bon musicien en plus, comme on a pu le constater ce soir. Ce n'est pas un pur produit marketing fabriqué par des majors. Bien au contraire. Et ca, ca me plait. Pas de mièvrerie, juste de la bonne chanson francaise.

Puis il a vraiment le rythme dans la peau. J'avais déjà pu le remarquer dans la comédie musicale, mais là, dans son monde, avec toute la liberté qu'il se donne, c'est flagrant et bien agréable à voir.

Enfin, il est d'une sympathie et d'une fraicheur sincère. On pourrait souvent le comparer à Bruel, pour le public féminin qu'il attire, pour le fait de jouer un peu sur ce coté beau gosse, pour sa voix cassée... Sauf que pour le premier que j'ai pu voir en début d'année, ca transpirait la déconnade faussement naturelle, le hautain, alors qu'avec Maé rien à voir, c'est fun, et il le dit lui même, y a deux ans personne ne venait le voir, alors qu'il entende autant de cris suraigus, ca l'étonne et le ravi bien sûr ! Il a même appelé la sécurité sur la fin pour leur demander de faire quelque chose avec la douzaine d'hystériques sur le coté gauche... en déconnant evidemment !

Toute cette intro grandiloquente pour démontrer à quel point ce mec n'est pas un produit marketing fade et ephémère se contentant de jouer sur son physique. Et pour annoncer le plaisir que j'ai pu avoir d'être dans la salle pendant ses deux heures dix de live !

J'arrive dans un Espace Julien déjà plein, sans la moindre personne au bar, tous étant plantés dans la salle, ça me change des concerts rock ou metal !
Un public majoritairement féminin, comme on pourrait s'en douter, mais pas mal de mecs tout de même, et surtout, tous les ages sont représentés ! A part mémé centennaire avec son déambulateur, y avait vraiment de 7 à 77 ans. On est loin de Tokyo hotel est son public prépubère.

L'artiste se ramène sur "Mon Paradis", dans un décor exotique, avec deux palmiers en plastique en fond, une grande peluche de Rasta à coté de la batterie, un clavier au maillot jamaicain... Bref la couleur etait annoncée, même avec la musique d'attente (Bob Marley), ce sera reggae/africain dans l'ambiance et le jeu.
Il s'appuie sur un putain de bon groupe de zicos en plus le gars ! Un bassiste black balèze avec une voix de stentor quand il faut, un batteur que j'ai déjà vu à la tv ou en live et qui assure la technique et le feeling, tant en rythmes afros qu'en samba brésilienne, un gratteux qui n'en fait pas des tonnes mais est trés facile, et un clavier à l'aise blaise, sourire vissé aux lèvres. Avec tous un dénominateur commun: le rythme dans la peau ! On aura droit à pas mal de pas de danse en commun ou en solo trés bien exécutés. La palme revenant à Maé, toujours en mouvement dés qu'il quitte sa gratte sèche. Un vrai gigoteur. Il affole ces dames, et moi perso il me fait plaisir car il a ca dans le sang, et il a plus d'une "chorégraphie" à son arc ! Avant le rappel, lors d'une longue version de l'excellent "C'est ma terre", tout le groupe nous gratifiera de rythmes afros et brésiliens, chacun y allant de ses gestuelles, dans une ambiance vraiment festive et complice. Une complicité que Maé partage totalement avec ses musiciens, et avec son public.

Tout son premier album y passe, c'est normal. Un album tout accoustique en studio, dont certains titres vont gagner en ampleur en branchant les amplis en live ("On s'attache", "C'est ma terre"...), ou par une intimité voix/gratte sèche/participation totale du public (le magnifique "Spleen"). Pas mal de chansons sont rallongées ("L'art et la manière", Parce qu'on sait jamais", C'est ma terre"), ou bénéficient d'intros plus longues, mais ca ne tourne jamais à la jam bordélique. C'est maitrisé et pas chiant pour deux sous. Ce n'est pas non plus de la démonstration à outrance. Maé nous montre ce dont il est capable vocalement, tant en puissance, qu'en débit de paroles, en langue africaine, en limite scat, en douceur, en variations et en tessiture. A l'aise, vraiment.

Il a une présence et une fraicheur qui comblent l'audience déjà toute acquise à sa cause. Les paroles sont connues par coeur, même pour un inédit sorti en plein milieu de set. Ca participe à fond, les bras sont levés, les applaudissement nourris, les cris "hystériques", les sourires un peu partout dans la salle.
De plus il a un vrai background musical, ca se sent. Pour délirer sur toutes ces nanas en folie, il reprend "Vous les femmes" de Iglésias, version reggae. Il incorpore "Could you be loved" dans sa longue version de "Parce qu'on sait jamais", il arrange pas mal de titres dans ce registre ("Ma vie est une larme"), et ca donne trés bien.
A coté, y a la douceur d'un "Ca fait mal", où il nous démontre qu'il est un trés bon harmoniciste, et une voix riche en émotion, sans trop en faire encore une fois. Et ce "Spleen", seul à la gratte dans un premier temps, puis en partage avec le public. Ou encore ce "Père spirituel" lancinant.

Il parle peu, et tant mieux, j'aime pas ceux qui déblaterent entre chaque morceau. Il nous invite juste dans son paradis avant d'entamer "Ma vie est une larme", il nous dit que s'il y a un message à faire passer ce soir, c'est de se respecter, de respecter l'autre, et de respecter la terre, et de se lacher sur un "C'est ma terre" à la fin tribale et qui fera danser l'Espace, et il nous remercie chaleureusement d'être venu. Et pour la peine, on aura droit à un vrai rappel, après le final sur "Ca marche", du "Roi soleil". Les lumières se sont rallumées, le groupe a tiré maintes révérences, mais Maé rappelle son gratteux, et lui dit qu'ici c'est un peu comme chez lui, alors ils vont rester encore un peu... Pour faire monter deux filles sur les planches... deux gamines adorables du public, qui vont participer à un "On s'attache" tout en accoustique et percus, surprenant et bien bonnard.

Je pourrai en raconter encore, sur sa manière d'être, sur sa voix variée et puissante, sur l'harmonie du public, sur le fait qu'il ait autorisé tous les appareils photos et flashs, sur son fun et sa lucidité... Mais le mieux est de vous en rendre compte vous même en live, ca prend une toute autre dimension que sur un album déjà de qualité. J'espère qu'il ira loin, il le mérite amplement. Une carrière à la Bruel ? Qui sait...


Setlist (à peu près dans l'ordre):

Mon Paradis
Ma vie est une larme
L'art et la manière
Maman (?)
Ca fait mal
Va voir ailleurs
On s'attache
Vous les femmes
Belle demoiselle
Nouveau titre
Parce qu'on sait jamais/Could you be loved/vocalises/Parce qu'on sait jamais
Mon pere spitituel
C'est ma terre

Rappel

Spleen
Ca marche

Rappel 2

On s'attache (accoustique)

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