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Chronique de Concert

Clare and The Reasons

Clare and The Reasons en concert

Cabaret Frappé Grenoble 23 juillet 2009

Critique écrite le par

" Welcome, Bienvenue, Willkommen ! "
(Parlez-moi de Grenoble II)

"Critique de la Pure Raison "
(Clare !)

Cabaret Frappé : aux alentours de minuit (After Hours) :
Je sais, je sais, que Clare et ses acolytes s'en sont venus fouler le plancher local, quelque vingt-cinq minutes, à peine, après le départ des Jil is Lucky, mais, bon, c'était tellement " à part ", tout à coup, comme " hors du temps ", " suspendu ", et " inclassable ", que, ben, bon... Voilà, quoi !



Déjà, UNE chose, au moins, me semble Claire, et chasser les idées reçues, ou autres lieux communs : les Raisons ne sont pas les " bonnes ", ou " Garder ", non, elles sont juste, ROUGES, toutes, rouges, juste... Rouges, on vous dit !

Passé le moment délicat dit du " choc visuel " - debout, dans l'ombre, face à cette armada d'hémoglobine sur pattes et Carmins vêtements - primeur est enfin rendue à la musique, qui tangue doucement, à mi-chemin entre ballade Hawaïenne et le " When I Was Fab, in... 64 ! ", des Scarabées (fleurs dans les cheveux et lèvres à l'âme). Bon, d'accord, le " chantez avec-nous ! " met du temps à décoller pleinement - c'est une sorte d'After, la tension est désormais retombée et les organismes ont été génétiquement modifiés par le duo de groupes précédents, il ne faut point l'oublier ! - mais, c'est toujours dur de passer en troisième partie de soirée, quand minuit la " fatidique " se met à cogner à la porte des bâillements restée malheureusement entrouverte...
L'avantage, au moins, lorsque les interprètes sont calqués sur tricolore hexagone, c'est que les " Merci Beaucoup ! " sonnent juste : " R " (et non pas " w ") bien prononcé, bien en place, calé à hauteur du niveau d'exigence linguistique requis.
Dans la lignée exacte du fragile et dense The Movie, All The Wine (nouvelle chanson) s'appuie sur un duo de violons en " pizzi " utilisés au plus proche du Ukulélé. Je ne sais encore exactement ce que tout ceci va sous peu modifier en mon organisme, mais je remarque que le gros tournesol de plastique posé sur le micro de la Muldaur, se trémousse déjà de plaisir, LUI, alors, alors ? Ben... Ça ne saurait tarder !


C'est à peine en train de monter doucettement, que, déjà, LE tube, LE morceau du disque fait son apparition : afin de mettre tout le monde d'accord et faire en sorte que les restes de foule vibrent à l'unisson de Pluto. Enfin, non, de Pluton, tout d'abord, puisque Clare la chante initialement en FRANÇAIS, avant que d'enchaîner sur son Anglo-Saxonne version. Commencée dans le noir, celle-ci luit des diverses lumières frontales, ou " jambales ", portées par les quatre membres du groupe - Clare arbore au moins deux ou trois lampes, à elle seule : posées sur cuisse, et jambe, en gros ! - qui reconstituent, à elles seules, un vaste ciel constellé d'étoiles : en l'honneur d'une pauvre petite, aujourd'hui déclassée, soit, mais émargeant autrefois au registre envié de planète... L'" English version " enterrant sa devancière haut la main, caressée d'un violoncelle enjôleur et de légères percussions sous claviers.

Tout du long de Rodi - présentée comme " l'histoire de mon voisin ! " - on se dit que c'est rodé, joué, chanté sous " strates " de voix et instruments, au plus proche du Brian Wilson de Smile, ou Pet Sounds. C'est finement arrangé, maîtrisé, joli, soit, mais non dénué d'un certain décalage apte à chasser le doute, solo de flûte à bec, en sus (Olivier Manchon posté aux commandes labiales de l'instrument de bois) ; une douce intervention que n'aurait reniée Penny Lane, elle-même, si elle ne s'était amourachée d'une trompette piccolo, en lieu et place de... (Faut que je me reprenne, là ! La nuit est encore jeune, et je divague de la prose...).


Ça tombe bien, voici venu le temps autoproclamé de LA chanson " méchante ! ". Un règlement de comptes " domestico-post-rupturesque ", qui bascule vite dans l'irréel, tellement cela sonne étrange, que de voir un joli trio de violons et violoncelles très, très, travaillé, saupoudré à heure fixe, d'un sonore et glaçant " enculé ! " (de quoi faire légitimement frémir en nos cœurs pudibonds : blackboulés de frais par ce moment de grâce musicale, ainsi souillé de trivialité, toute... Rock !). C'est par ailleurs LE moment choisi par un méchant larsen, pour s'inviter céans et tenter ainsi de gâcher ce curieux moment d'hérésie linguistique.
Hermétiques à ce type de détail insignifiant, les instruments tournent sans cesse, passant de mains en mains, histoire que d'annoncer le retour des " Garçons de la Plage " : qui reviennent illico s'incruster, puis s'inviter, aux bras de la belle du soir ; portés par une nuée gracile de chœurs, gorges, ventres, lèvres, bouches et œsophage en (parfait) mode résonance. Du céleste à déguster... Sous chapiteau, à défaut de voûte.
" C'est rétro, c'est tout beau ! C'est délicat... C'est... Ciselé ! " (me glisse Lof en fendant la salle, toujours à la recherche d'un angle, d'une vision, d'un espace déblayé d'où shooter !).
" Ok, mais ça s'appelle pourtant : L'Amour Peut-être un Crime ! Parfois... " (Elle ne s'abaisse pas pour autant à me répondre, et s'enfonce de nouveau dans la sombritude du lieu (on dit, " sombritude ? "). Murder, They Want Murder !, c'est pire encore, là, le crime est cette fois parfaitement annoncé ! Mais ça tombe bel et bien sous le sens, en cette heure particulière et noire, du, " c'est déjà demain... ". Rassérénée par notre constance présence, Clare nous remercie chaleureusement pour nos présumés efforts. Un remerciement qui pourrait tout aussi bien s'appliquer à eux (elle ?) qui continuent à " faire " le show, quoi qu'il arrive, malgré les allées et venues, un rien dérangeantes, d'un public excité/fatigué, ou bien tout simplement en quête de retour... Domicile !


Les flûtes, j'ai bien dit LES flûtes, reviennent pointer du bec (désolé...) à deux, cette fois, en un final digne de feu Groucho Marx, qui nous tiens en rupture de zygomatiques, tendus d'aise, et de plaisir. Sur Nothing-Nowhere, le public donne de la claque à tout casser. Au bout du compte, moins il est nombreux et plus il " pousse ", curieux... Non ? " Nulle part, c'est là que je t'ai trouvé ! ", lui lance Clare en retour, toujours portée par ces délicates harmonies Californiennes : dorées sur planche, moussues de rouleaux qui se brisent sans bruit (il est temps que " ça " s'arrête, je donne dans la mauvaise poésie télévisuelle, là, mea culpa !).
Dotée d'un trio de cordes, tout en retenue, des accords délicats d'une guitare qui caresse : Alphabet City - ode au fameux quartier de Manhattan, qui balance aujourd'hui entre fièvre artistique et violences urbaines - me semble de nouveau propice à l'évasion, au rêve, hors de portée, en tout cas, des sempiternels besoins destructeurs d'un Homo Sapiens toujours peu avare de violence, et destruction.

Ha, tiens, " ça " sent la fin, cette fois, puisque LA Raison en chef, se propose désormais de nous gratifier d'un court résumé de l'actuelle tournée Française : " Nous avons faits beaucoup de festivals... De concerts... Mangé du fromage... Fait " amis " avec un bouc... Mangé des centaines de pêches... Et bu du bon vin... De toutes façons, c'est tout le temps bon, ici... ". Une déclaration agrémentée d'une présentation des Reasons, avec ovation particulière faîte au tricolore Olivier Manchon, qui bascule tout de go vers l'autre sommet de la soirée : leur version du Everybody Wants To Rule The World des Tears For Fears ; tellement supérieure à l'originale (celle des deux endives à larmes) avec voix qui (se) balade, qui réinvente, et codas de cordes qui tressent, nattent, et parfument de velours ; juste histoire de refaire un brin de beauté vénéneuse, à la " chose " du passé en question...


Si la terre est bleue comme une orange, la nuit est Clare de rouge... (Non !).
Si la terre est bleue comme une orange, de rouge est Clare la nuit... (Non... Non !).
Si la terre est bleue comme une orange, la nuit est rouge de Clare...
(Non, non, non ! C'est de pire en pire !).

Si la terre est bleue comme une orange, la nuit est rouge (elle) c'est Clare ! ! ! (J'arrête-là, cette fois... Tant pis !).

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