Chronique de Concert
Clinton Fearon and the Boogie Brown Band + Matayah and The Skamelia Band
Matayah et le Skamelia Band seront les premiers gladiateurs à livrer un combat victorieux contre le manque d'ambiance. Ils assurent un warm-up sans fausse note. La Rome antique les qualifieraient de provocators aux antipodes des groupes copycats en matière de reggae français et ce titre est justement mérité. Le Skamelia band tourne depuis quelques années et on les sent rodés. Ils collaborent avec de nombreux artistes toulousains prometteurs. Le MC Matayah illustre bien cela. Il n'a pas peur d'interpeller le public en lui dictant quelques airs qui seront fredonnés sans hésitations. Matayah invite quelques mc's à venir déballer leurs lyrics le temps d'un morceau, mais ils font difficilement le poids comparé à sa prestation. Matayah reste alors le maître incontesté de ce premier combat.
L'entracte n'est pas long car The Boogie Brown Band s'installe très rapidement. Ce backing band tourne depuis longtemps avec celui qui l'a formé : Clinton Fearon. Gladiateur parmi les gladiateurs, le tenant du titre de ce soir a su installer une complicité avec ses musiciens que l'on ressent, que ce soit par les regards ou même la tape sur l'épaule en guise de remerciement lorsqu'un solo exécuté par ses compères fait plaisir à ses oreilles. Le vétéran est là pour défendre son nouvel album, "This Morning", dont il nous régale de quelques titres. Les fans de son ancien groupe The Gladiators ne sont pas en reste puisqu'il leur joue aussi quelques standards.
Certains morceaux font planer le premier rang et les suivants. Ils contiennent des arrangements plutôt dub avec des delay bien sentis à la guitare, un gros son de basse. D'autres morceaux aux accents caribéens, plus légers font voyager l'audience loin de Babylon. Le set est bien étoffé mais ne lasse pas le public. Le maître enchaîne les morceaux qui sont pour la plupart empreints de reggae roots. Il est très communicatif avec le public et essaie rapidement de bredouiller un " comment ça va ? " montrant qu'il passe de plus en plus de temps en France et qu'il apprécie d'être là. Il tend la main récupérée par tous les fans de reggae qui se bousculent gentiment pour graver ce souvenir dans leur mémoire même s'ils n'ont pas besoin de ça pour entrer en communion avec le musicien qui affiche des sourires tout au long de son set.
Seulement le public en veut toujours plus et le rappelle sur scène. Il remonte jouer quelques morceaux et tend une deuxième fois la main à l'audience qui se rapproche. Seul l'agent de sécurité recule et n'ose pas toucher le musicien mais affiche un large sourire. C'est assez rare pour être souligné puisqu'on entend régulièrement parler de débordements dans des établissements où la sécurité est parfois un peu trop musclée. Ce soir, ce n'est pas le cas puisqu'on côtoie un personnel extrêmement courtois et affichant une attitude détendue à l'image du reste de l'équipe du Boleg' et de l'ambiance qui règne dans la salle. Dans le public et sur scène la température monte, les musiciens mouillent la chemise et Izaak Mills aux cuivres se met à mimer un numéro de claquettes et sautille pour clôturer le show. Clinton Fearon le suit, traverse la scène de gauche à droite en exécutant quelques petits pas chaloupés, puis se dirige tranquillement vers la sortie...
C'est l'occasion d'aller boire un dernier verre et admirer les dessins de Laska rassemblés autour de l'expo " Skan It Face ". Le portraitiste dont l'exercice consiste à reproduire les visages des plus gros noms du reggae pendant leurs prestations live et de leur faire signer son travail dès la fin du concert est vraiment réussi.
On quitte ensuite la salle heureux car lorsqu'on se rend au concert d'une pointure du reggae comme Clinton Fearon qui en est à son douzième album solo, on peut avoir une pointe d'appréhension et se dire que ce n'est sûrement plus la meilleure époque pour aller le voir. Cependant, on a pas envie de passer pour des vieux cons en se disant que c'était mieux avant. D'autant plus qu'on ne souhaite pas aller se coucher a 23 heures après s'être avachi toute la soirée sur son canap' à s'abrutir devant des émissions tv de piètre qualité. Dans ce genre de circonstances, on se félicite donc d'avoir trouvé une bonne excuse pour aller prendre l'air, le bon, celui joué par un papy de 65 ans qui en a encore sous la pédale...
Critique écrite le 10 novembre 2016 par Vilay
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