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Chronique de Concert

Cocorosie, Aaron

Théâtre antique d'Arles 26 juillet 2007

Critique écrite le par

4 jours après la double claque Artic Monkeys/Arcade Fire aux Arènes de Nîmes, on reprend la voie romaine pour découvrir Aaron et retrouver Cocorosie au théâtre antique d'Arles.


On passe l'enceinte côté jardin, nos pieds foulent les pierres qui affleurent dans tous les sens au sol, le couloir large donne sur le théâtre directement. La scène, large d'une vingtaine de mètres, met en valeur les deux colonnes romaines à l'arrière. La fosse est agréable et l'amphithéâtre à des proportions divines. Le lieu est en plus magnifiquement mis en valeur par les jeux de lumières.

Et ce n'est rien comparé à la buvette. Faudrait d'ailleurs inventer un autre mot pour ce magnifique lieu, parce que buvette, c'est bon pour Paris-Roubaix. Ici, les pierres remontent du sol, les arbres nous tombent dessus, on peut s'asseoir sur des coussins, les serveurs draguent les filles, les filles sourient en buvant leurs bières, les uns payent des coups aux autres qui se donnent rencard au prochain changement de plateau pour renvoyer l'ascenseur.

A la fin des concerts, on y retourne encore une fois... les serveurs n'ont pas trouvé l'âme sœur alors ils se sont mis un peu à picoler et ça rigole derrière le comptoir au point de finir par une bataille à coups de pistolets. Dans un coin, les sœurs Casady sont assises sur des blocs à tailler la discute avec le quidam de passage. Il est deux heures du matin et les mêmes les mecs du service d'ordre, costard noir, chemise lie de vin et cravate rayée sur le même ton (un groupe de rock à eux tout seuls !) se font discrets...

La douceur de la nuit arlésienne nous invite à prolonger cet étonnant voyage commencé quelques heures plus tôt.

6 heures auparavant, vers 20h donc, on était déjà à une terrasse sur la place du Forum. Il faisait doux, c'était calme, la bière était fraîche, les filles bronzés qui revenait de la plage à moitié habillées croisaient les couples de touristes en quête d'un restau. C'était tellement bon ce petit break qu'on a fini par louper la première première partie (Cocoon).

22h. Le théâtre est bien rempli quand Aaron entre sur scène. Un piano à queue et une guitare pour Simon, un violoncelle pour la très belle Maeva et le micro pour Olivier. Mademoiselle a revêtu sa plus belle robe, juste au corps sur volant en tulle, messieurs sont tout en noir (jean tee-shirt, veste, cheveux courts). Ils commencent par Le tunnel d'or, superbe chanson en français (la seule du set... avec la dernière) et tout de suite, on est envoûté par la voix d'Olivier, savant mélange de basse presqu'éraillé comme celle de Perry Blake et d'envolées aigües à la manière de Chris Martin, le chanteur de Coldplay. Une voix typiquement anglo-saxonne pour une musique qui ne l'est pas moins. La batterie remplacée par un sample, le piano de Simon pour les arpèges (il n'utilisera la guitare que sur deux chansons puis les rappels) et le violoncelle pour les arrangements classieux... le tout baigné, naturellement dans une ambiance de spleen total. Voilà en tout cas l'idée que l'on se faisait d'Aaron à l'écoute de leur disque, Artificial Animals Riding On Neverland.

Sur scène, c'est... disons un peu différent. Car la faille qui semble avoir nourri Aaron lors de l'enregistrement du disque s'est quelque peu refermée... Ou alors, pire, elle n'a jamais existé. C'est que notre Olivier à la voix d'or n'a pas l'air très triste sur scène. Il semble avoir des tubes d'Ovomaltine à la place des jambes et des bras tant il se met à se trémousser comme un forcené sur chaque morceau. On a l'impression de le surprendre en train de s'énerver seul dans sa chambre en écoutant son groupe favori, tiens, pas hasard... Radiohead.

Certes le sample de batterie apporte un peu de pets aux compositions du groupe, mais quand même, on est bien loin du stage diving... d'ailleurs, le public a bien de la peine à partager ses danses de Saint-Guy (qui est, entre parenthèse, une vraie maladie dégénérescente dont est mort le chanteur américain Woody Guthrie en 1958). Tout ça est un peu mou du genou pour nous.

Et puis, comme pour montrer qu'il est vraiment content d'être là, il fait lever les gradins sur le troisième morceau. "Est-ce que vous êtes prêts à foutre un peu le bordel, lance-t-il. Utilisez vos pieds, vos mains, vos bouches"... Ah, les joyeuses colonies de vacances, merci papa, merci maman...

Bon, donc, côté introspection, on repasse. Et même si le public, bon enfant, a parfaitement joué le jeu du show, n'empêche, on cherche encore les frissons qu'on pouvait ressentir à certains morceaux de leur album...

Si, attendez, je me rappelle, il y a eu deux moments où j'ai un peu eu les poils des bras qui se sont dressés. Pas sur U turn (Lili), leur tube, qui n'a pas déclenché d'enthousiasme particulier, mais sur deux reprises (c'est bien ça les groupes français...) : Strange fruit de Billie Holiday (sur l'album) et surtout sur Bachelorette, de Bjork. Reprendre Bjork, il ne doit pas avoir plus casse-gueule, mais là, les Aaron m'ont vraiment impressionnés.

1 heure plus tard et 3 rappels en plus, on est un peu seuvré d'Aaron et de leur joie de vivre et je saute et je danse et je parle avec le public, je chante avec lui... alors que les compos auraient pu nous entraîné bien plus loin qu'un divertissement, tiens, comme un concert des Tindersitcks, par exemple.


Retour au bar et puis ça parle d'Arcade Fire à Nîmes et puis aussi du concert pourri des Cocorosie au cabaret aléatoire de Marseille voici 3 mois. Mais comment imaginer qu'une même catastrophe se passe au théâtre antique ?

Trois bières et une demi heure plus tard, la clameur monte des gradins. On se précipite (mais sans se casser la gueule sur les pierres) pour découvrir les sœurs Cassidy.

Alors, qu'elle est la nouvelle tendance mode pour les mois à venir ? Mesdames, accrochez vous ! Sierra la brune à la voix haut perchée porte de belles bottes en cuir marron, un short bouffant rayé noir et rouge, un tee shirt noir sur lequel elle présente le dernier maillot de bain à la mode, tout or et échancré à mort.

Maquillée à outrance comme à son habitude avec cette petite larme qu'elle dessine au feutre sur sa joue droite, elle a noué ses longues couettes noires en un chignon qu'elle lâchera plus tard.

A ses côté, Bianca a la voix si particulière se présente un gobelet à la main (qu'il faudra bien souvent lui remplir vu à la vitesse où elle le descendra), jean noir, déshabillé en satin blanc réhaussé d'une ceinture plastique blanche et noire. Dessus, elle a négligemment jeté une robe de chambre rose, très ménagère américaine en pleine déconfiture... Elle porte une casquette carrée posée sur le côté, son maquillage n'a rien à envier à sa sœur...

Les deux sœurs sont accompagnées d'un jeune pianiste, d'un bassiste qui aura l'air de se demander ce qu'il fout là durant tout le concert (trop ou pas assez défoncé ?) et d'un grand type aux lunettes carrés et caché dans un survet à capuche vert.

Et pourtant, c'est bien le télétubbies qui allait mettre le feu au concert en faisant un numéro de human Beat box à couplet le souffle. C'est comme si les 6 voix de Baucklang était réuni dans un seul mec. Epoustouflant.

Durant le changement de plateau, les roadies ont installé une toile tendu surlequel seront projeté des photos et vidéos durant tout le concert.

Voilà. Le son est bon, le lightshow discret, tous les ingrédients sont en place pour nous laisser embarquer dans l'arche déglingué de Cocorosie.

Ça commence, comme sur le dernier album, avec Rainbowarriors : gligli enfantin, ultra basse et les voix complémentaires de Bianca et Sierra s'entrelacent dans un flow poétique tandis que derrière, les photos flippantes défilent.

Le concert d'une heure et demi sera à l'image de ce premier morceau : l'univers de Cocorosie est toujours à l'équilibre précaire entre les mélodies d'enfant et les menaces lourdes du trip-hop. C'est du beatnik d'après les raves parties, ou de l'anti-folk déconstructiviste (quelques étiquettes de critiques rock qui ont trop lu Levi-Strauss)... Je ne sais pas mais en tout cas,la magie opère sur cette ligne de crête où l'on est souvent atteint de vertige, ne sachant pas s'il faut rester concentrer ou danser comme un taré.

Au 3e morceau, la mère Casidy (qui habite de temps en temps en Camargue) monte sur scène pour accompagner ses deux filles sur une chanson, puis elle interprète une comptine indienne.

Le set est en très grande partie composé des morceaux du dernier album, the adventures of ghosthorse and stillborn, et de quelques morceaux des deux précédents albums (By your side, Beautiful boys, terrible angels) qui mettent tout de suite le public en transe.

Sur scène, les sœurs semblent vraiment occupée les deux revers d'une même médaille. Autant Sierra est communicative, danse, joue du piano, de la harpe, parle avec les musiciens, autant Bianca verse dans le côté obscur. Elle tourne souvent le dos au public, picole franchement, quitte la scène à la moindre occasion. Et pourtant, c'est elle, la voix de Cocorosie. C'est elle qui nous procure notre dose d'émotion et de frissons pour la soirée. Et c'est sa sœur qui nous ravie les yeux. Comme leur musique, tout semble être partagé entre les deux sœurs. A vous rendre schizo... ou doublement amoureux...

En conclusion, un coup de chapeau à l'équipe du Cargo de nuit, la salle de concert d'Arles qui a organisé ces escales du Cargo. Avec une programmation sur trois jours qui proposaient au théâtre antique Ilenes Barnes et Ayo (le 24), Cocoon, Aaron et Cocorosie le 26 et Piers Faccini, Rita Mitsouko et Cassius (le 27), on tient là la meilleure programmation de cet été.

> Réponse le 30 juillet 2007, par fanny

C'est toujours intéressant de lire des papiers sur des concerts où on était, et c'est là où on voit que la musique ne touche pas de la même manière, et c'est tant mieux...donc, donc, donc...même si je te trouve plutôt dur envers Aaron qui réalisent à mon avis une prestation scénique surprenante par rapport à un album plutôt sombre, et que je te trouve en revanche plutôt super tendre envers les casidy's sisters qui, toujours à mon (humble) avis, n'arrivent pas à produire une bonne scène (défonce + désintêrét manifeste + subtilités sonores bouffées par les gros sons = ben...pas terrible :-)), même si, même si...tous les avis sont toujours bons à lire! en revanche, et là, c'est la journaliste qui parle, grosse erreur, le chanteur d'Aaron s'appelle Simon et c'est Olivier qui gratte et qui...  La suite | Réagir

> Réponse le 06 août 2007, par Plume

J'ai adoré le concert de CocoRosie à Arles ! Je suis assez d'accord avec ta critique ! J'ai vu Cocoon, j'ai trouvé très gentil mais bien léger quand je pense que deux heures plus tard CocoRosie était sur la même scène ! Pour AaRON, Simon m'a franchement énervé à sauter partout. Ca faisait effectivement penser à une colonie de vacances avec ces jeunes francophones qui ne comprenaient même pas sur quoi ils dansaient ! J'espère que Simon a compris qu'il était ridicule et énervant à sauter partout, son jeu de scène gâchait le concert, dommage la musique est bonne pourtant ! Concernant CocoRosie, je suis une grande fan, difficile d'être objective... Le concert était excellent. Nonobstant, il faut diviser le concert en 2 parties dont Tez fut le milieu. Avant c'était bon, très bon(je n'avais...  La suite | Réagir

> Réponse le 21 août 2007, par rikedenimes

Instant magique pour les soeurs "Cassidy" Bianca et sa somptueuse voix, le théâtre antique a résonné du son de la harpe, nuit caline et mystique où les colonnes de ce lieu millénaire ont reçu après Radiohead les Cocorosie !!!  Réagir


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