Chronique de Concert
Cocorosie
15 minutes après le début du concert, quand j'ai réouvert les yeux, je n'étais plus dans un Poste à Galène bondé, j'avais atterri sur l'arche de Noé de Cocorosie peuplé de souvenirs tendres et de sentiments tristes (la perte de ce paradis perdu, non ?)
J'aurais bien voulu rester dans cet état de régression, me laisser porter en apesanteur par ces chansons fragiles, mais, bon, vous savez comme moi que tous les rêves ont une fin (surtout quand la charmante demoiselle finit par vous lâcher la main...)
A moitié dedans, à moitié dehors, je me mets sur la pointe des pieds pour essayer de comprendre qu'est ce qui m'a mis dans cet état. Je vois d'abord sur l'écran en fond des projections vidéos, tantôt des dessins, tantôt des petits films (comme cet extrait d'un concours de gymnastique, qui dure exactement le temps d'une chanson : on y voit au ralenti une petite gymnase, sa concentration, son saut parfait au cheval d'arçon, son bonheur et puis à la fin, une espèce de profonde tristesse dans le regard). Tout y était
Puis, j'entend des voix et des notes. Les deux soeurs jouent et chantent ensemble, plus précisément en fusion. L'une joue alternativement du piano, de la guitare sèche, de la Harpe et commence souvent les chansons. la seconde, debout, reprend de sa voix si particulière (nasillarde un peu masculine) les chansons et enclenche tous une série de jouets enfantins (piano, alaphabet numérique et même une batterie plate tel que l'on en vend pour Noël et qui en général, casse les oreilles des parents dès le 26 décembre... , il y avait égalementun petit magnéto de poche qui donnait à entendre entre chaque morceaux des conversation, des bruits de rue...)
Les deux soeurs sont souvent rejointes par une autre femme (ndP : il s'agit de leur mere) qui chante et joue des petits instruments en bois (indien ?) et par une autre (habillé en garçon, avec pantalon noir, tee shirt blanc bretelles noires, chapeau : un vrai camouflage...) qui s'occupe apparemment des machines et de vider les bouteilles.
Cocorosie reprend quasiment en intégralité son dernier album (Noah's ark en registré en Camargue), avec des versions encore plus épurées...La seule chose à laquelle je pense, c'est le premier concert de Dominique A que j'ai vu voici plus de 15 ans à Lille à l'occasion de la sortie de la Fosette...La même émotion liée à la même fragilité...
Le trouble érotique en plus...Car les deux filles de Cocorosie, si elles développent un univers fragile, enfantin, n'en sont pas moins particulièrement troublantes. L'une est arrivée sur scène avec la capuche de son sweet sur la tête, l'autre avec un bandeau de ménagère accroché dans les cheveux. Quand elles se sont découvertes (littéralement), la première se révélait très femme sexy avec un joli haut décolleté, un jean taille basse et une petite larme dessiné au feutre sous son oeil droit. La seconde révélait une coiffure très indienne avec frange et petite queue de cheval décalé et un rien de masculin dans ses postures...
Au trouble de leur musique s'ajoutait ainsi le trouble visuel...A ce moment, plus moyen de fermer les yeux et de retourner avec délectation dans mon berceau... J'étais complètement réveillé. ça tombait bien, les filles sur scène entamaient la dernière partie de leur set en faisant un peu monter la température. Elles se mettent à danser sensuellement à deux à trois, puis sur la dernière chanson, digne d'une piste de danse avec sa ligne de basse et de breaks, elles se mettent à tortiller méchamment... POur la première fois, elle s'adressent au public (oui, oui, on est là, on est calme, on est sous le charme, on vous aime...)
Elles reviendront pour deux rappels plus calmes, l'air vraiment d'être contentes d'être là. Comme nous.
Il y avait mercredi soir au Poste à peu près tout ce que l'on demande à de la musique : de la magie, de la grâce, du trouble.
Photos Pirlouiiiit, moi aussi tombé sous le charme de la voix (mais pas que) de ces deux soeurs ... mais heureusement que j'étais tout devant car ce fut vraiment très calme et on était très serrés ... De plus j'ai vraiment aimé le set de Jours en première partie
Critique écrite le 24 novembre 2005 par Stéphane Sarpaux
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