Chronique de Concert
CocoRosie
Ils débarquent à 10 sur scène, comme les dignes représentants d'une belle pluriethnie. Bianca (Coco) et Sierra (Rosie) affichent un look totalement déjanté, comme d'hab !! La première en sorte de "Belle jardinière" avec blouse rose et chapeau de paille et la seconde en rien de moins qu'une salopette de chantier jaune fluo (avec bandes réfléchissantes s'il vous plait !!). Elles sont toujours aussi folles, comme on les adore. Avec leurs deux voix venues d'ailleurs, superbement servies par la musique hindou de Rajasthan ... C'est déjà de l'or en barre.
Ils sont tous fascinants, dans cette lumière diffuse et envoutante. Les Roots en tenues traditionnelles indiennes dont celle, très troublante, de la seule fille du groupe, Arenla, en robe noire transparente, avec de petites pierres précieuses qui brillent à son front et qui manie de petites Tingsha avec une grâce toute particulière. Et les autres musiciens avec leurs looks improbables, entre rappeurs et hommes du désert ... Bref, un truc incroyable, aussi bien pour les yeux que pour les oreilles.
Au fil des morceaux, les fabuleuses voix des deux surs se répondent, se confondent ou s'opposent. Celle de Sierra est absolument fabuleuse, semblant venir d'ailleurs, avec toujours ce côté quasi religieux ou fantasmagorique ... Comme le chant d'une sirène. Et celle de Bianca, plus chaude et gutturale, troublante et poignante. Que dire, sinon que CocoRosie, c'est unique et merveilleux.
De plus, avec ce nouveau concert, on se retrouve bien loin de l'univers du précédent. Exit les drôles de musiques de Salle de Bain (leur premier album a été enregistré dans leur salle de bain, avec bruits d'eau et de jouets d'enfants). Nous sommes ici beaucoup plus dans une musique du monde avec de doux mélanges : Des percussions indiennes avec une harpe. Et Bianca qui se met à danser devant, comme une poupée désarticulée. C'est excessivement festif et sombre à la fois. Tout un monde onirique, qui est définitivement le leur, avec des sonorités dansantes et des rythmes enlevés, à la manière de la musique vaudou.
Tez, la BeatBox Masquée ;), mêle son flow aux percussions et le public hurle littéralement de joie entre chaque morceau. Quelques notes de piano montent sur Black Poppies et on change encore de décor. Notre voyage extraordinaire (un peu troublé quand même par le message d'erreur du rétroprojecteur qui merde et qui s'affiche sur l'écran en fond) nous entraine sur une jonque mystérieuse. Flûte, Samplers et voix ... Impossible par moment de les distinguer, tant tout cela se mêle avec une parfaite harmonie, jusque dans les dissonances. Le Piano à vent entre dans la danse et nous offre un moment de pure poésie.
La voix de Sierra est vraiment incroyable. Lorsqu'on y ajoute de l'écho, elle devient envoutante comme celle d'une créature céleste (ou diabolique). La musique semble entrer en elle et lui insuffler le légers soubresauts. Puis celle de Bianca vient la rejoindre, presque en mode rap et la force des deux se rencontre. Un univers qui tient vraiment du fantasmagorique ce soir, alors que la dernière fois, nous étions plus dans le fantomatique en fait.
Pour Undertaker, elles appellent la belle Arenla a les rejoindre. Sa voix se mêle à celle de Sierra. Le contraste entre cette danseuse des Mille et Unes Nuits et notre sirène de la DDE en salopette : C'est bien du 100% CocoRosie !! Elles dansent toutes deux en se tenant la main et Bianca ajoute sa voix à leur jeu, amenant la chaleur de sa tessiture si particulière. La danseuse oscille entre oiseau de paradis et étrange animal marin. La musique devient minimaliste et seules leurs voix nous portent ... Quelle claque mes aïeux, quelle claque !!
En milieu de Set, les Rajasthan Roots vont rester seuls pour deux morceaux, plus musicaux que chantés. La Dotora (petite guitare indienne) semble nous conter une histoire et Adi Das en joue en tournant sur lui-même à petits pas, pour faire tinter les grelots qui ornent ses chevilles. La musique et la danse deviennent entêtantes et semble les posséder. Par moment, ils jouent sur la douceur de leurs voix, avant de repartir de plus belle, comme s'ils voulaient entraîner quelques derviches tourneurs dans leur sillage. Puis ils nous remercient à l'indienne, en se touchent le front, pour laisser la place à CocoRosie, qui vont reprendre seuls dans un premier temps.
Et pour leur retour, les filles nous ont réservé des looks trash et super sexe !! Alors, comment vous dire ... Pour Bianca, (il fallait y penser !) c'est bermuda de chantier (un bout de la salopette de sa sur ;) ?!!), top couleur chair qui peut laisser penser qu'elle est nue (de loin) et bonnet rasta. Mais c'est Sierra qui décroche la prix de la fantaisie et du n'importe quoi : Nuisette en soie, bas façon cuir, talons de 20cm et ... Slip kangourou (si, si, je vous jure). Elles sont vraiment complètement folles. Je les adooore !!
L'écran de fond de scène fonctionne enfin et diffuse des images de danseurs au ralenti. Le clavier a sorti une trompette, dont il joue avec une sourdine, façon jazz. L'ambiance devient presque "Cabaret" et il est fabuleux d'assister à ce doux mélange des genres. C'est Bianca qui s'occupe de la ligne musicale et Sierra qui maîtrise les digressions. La musique est la même pour les deux, mais c'est comme si ces deux univers se superposaient, comme deux facettes, le pile et le face de la même chanson, entre le Beat et le lyrique. C'est vraiment d'une musicalité unique. Elles dansent et se retrouvent si proches, qu'elle chantent dans le même micro et finissent par terminer Werewolf tout en douceur. J'en ai des frissons.
Pour la fin du set, Rajasthan Roots viennent les rejoindre. La voix de Rosie, toujours quasi irréelle, se confond avec la flûte hindou et l'expressivité qu'elle met dans les gestes de ses mains est fabuleuse ... C'est peut-être ça la musique des anges !! Puis les deux surs se mettent à danser, comme si elles étaient seules au monde. Le public est en réelle communion et se met à danser de même, en harmonie. Puis la harpe sonne de nouveau et leur chant devient charnel, soutenu par la force des percussions et une ligne de basse qui devient presque violente. Elles dansent au raz du sol et cela devient d'une intensité presque indescriptible.
Le calme après la tempête. Sierra vient s'assoir devant le Piano à vent et Bianca danse en faisant onduler son corps sur la musique, devenue lascive. La flûte sonne comme une flûte de pan. Le battement du tambour semble appeler les esprits. Les associations musicales sont osées et font mouche à tout les coups. Bianca nous ressort son cher jouet musical de bébé. Sa sur s'est mise au piano et elles chantent toutes deux avec de petites voix enfantines, sur cette musique hyper ludique. Tout le monde danse et il est surprenant d'entendre à quel point elles parviennent à avoir un timbre aussi similaire. Puis c'est la harpe qui revient et les indiens qui se déchaînent, avec Tez qui se balade au milieu de tout ça, une serviette sur la tête. La dernière va être jazzy (à leur façon). Les lumières éclairent leurs visages, comme des rayons d'un soleil qui se lève et leurs voix montent comme une prière. C'est une véritable euphorie dans la salle et des cris saluent les baisers qu'elles nous envoient.
Avant qu'elles ne reviennent pour les rappels, les spots vont et viennent sur le public, qui frappe le sol de ses pieds et qui en veut encore, indéniablement, devant cette scène toute rose et ces images de danseurs qui tombent qui passent encore sur l'écran. Ils se font un peu désirer et/ou doivent se remettre un peu de leurs émotions et de la chaleur. Mais à leur retour, Sierra touche quelques mains et Bianca serre son jouet sur sa poitrine. Leurs voix montent en même temps. Tout le monde reconnait K-Hole et se met à danser. On dirait deux gamines qui répètent une chanson pour un spectacle improvisé. C'est touchant. Et puis Bianca demande à Tez de lui passer un briquet, ce qui bien sûr amène le public à en faire de même et qui allume autant de petites étoiles dans le noir, avec juste la musique qui plane au dessus de nous. Mais la tendre mélodie devient entêtante, toujours quasi sans lumière. Les deux surs sont à genoux, l'une en face de l'autre dans les strombis qui s'allument soudain et leurs corps semblent pris par un rythme qui monte de plus en plus, qui embarque le public. Il saute mains levées, chante et se lie à elles jusqu'à la dernière note.
Elle nous quittent à nouveau. Les lumières semblent se rallumer, mais le public ne l'entend pas de cette oreille. Il crie. Frappe le sol. Tant et si bien que les Rajasthan Roots reviennent, percussions en tête, et rapidement suivis par les filles ... Avec encore un changement de chapeau pour Bianca !! Tous le monde danse pour ce rappel improvisé (pour de bon celui-là, parce que pas prévu sur la Setlist). A la limite de l'inconscience, Sierra et Arenla se lancent dans le public pour un slam en toute confiance (pas peureuses le filles, même si c'est bon enfant !!). La première va regagner la scène sans encombre, mais la seconde va s'arrêter en route, finissant par danser un milieu de la salle. La frappe de pied du public, qui hurle définitivement, se mêle aux beat des basses. Tout cela se termine en apothéose pour un véritable concerts de fous (dans tous les sens du terme !!)
Bianca Casady : Chant & Jouets Electroniques
Sierra Casady : Chant, Harpe & Piano à vent
Tez : BeatBox
? : Basse & Clavier
? : Clavier & Trompette
Adi Das : Dotora
Ashok Foga : Percussions
Abid Ali : Percussions
Tagaram : Flûte
Arenla : Chant & Tingsha
Setlist
1 - God Has A Voice, She Speaks Through Me
2 - Tearz For Animals
3 - Black Poppies
4 - Black Rainbow
5 - Undertaker
6 - Rajasthan Roots (Morceau 1)
7 - Rajasthan Roots (Morceau 2)
8 - Daisy Chain
9 - Werewolf
10 - R.I.P. Burn Face
11 - Fairy Paradise
12 - Smokey Taboo
13 - Animals
14 - Turn Me On
15 - We Are On Fire
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16 - K-Hole
17 - Teen Angel
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18 - Japan
Chronique réalisée par l'équipe de Concerts en Boîte
Critique écrite le 30 juillet 2012 par Ysabel
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