Chronique de Concert
Fiesta Des Suds 2017 : Cody Chesnutt, Omar Souleyman, Labess, Amadou Et Mariam, Tristesse Contemporaine, Yasmine Hamdan, Cymande...
Jeudi il fallait venir tôt et faire des choix, avec des artistes qui passaient quasi simultanément sur les trois scènes, un peu dommage quand on apprécie les trois.
Au cabaret, entendu quelques titres des Toulonnais de Gang Of Peafowl, un combo qui ravit les amateurs de rock avec énergie et fraîcheur.
A la salle des sucres, l'envoûtante Yasmine Hamdan ne fait pas vraiment dans le festif avec une musique entre folk et trip hop aux sonorités assez lourdes.
Un peu en décalage pour la fiesta avec une voix autoritaire, mais après quelques minutes le charme opère et la Libanaise communique pas mal avec le public, avec des mouvements lascifs et une atmosphère assez planante.
On apprécie également la présence du guitariste Cedric Le Roux (déjà apprécié chez Phoebe Killdeer ou Lescop) toujours aussi exigeant.
Sur la grande scène on retrouve avec plaisir Amadou Et Mariam pour la dernière moitié de leur concert généreux et aussi enthousiasmant que leur dernier passage.
Du récent et très dansant "Bofou Safou" aux tubes "La réalité" en passant par l'inévitable "Dimanche à Bamako" c'est toujours impeccable de justesse.
Pas grand monde au cabaret pour le dj set de Dj Oil bizarrement programmé très tôt, une ambiance un peu mollassonne alors que ses sélections étaient de qualité.
Pour un vrai plébiscite il fallait aller à la salle des sucres avec le concert chaleureux de Labess, un mix ensoleillé entre Chaabi et Flamenco avec un chanteur puissant, des musiciens enlevés avec une section de cuivres façon Négresses Vertes, à découvrir.
La soirée finit avec quelques morceaux du phénomène MHD devant un public aussi jeune que ce rappeur très connecté ("allez on fait un snap pour machin").
On aime son flow et ses instrus afro trap efficaces, moins le coté poussif et répétitif de ses interventions, mais le public qui connait les lyrics par cœur avait l'air de kiffer.
Vendredi, avec la traditionnelle grève des transports (heureusement pas totale cette fois) le tram est plein à craquer de fans très très jeunes de Bigflo & Oli. qui ont commencé déjà à cartonner ici même en 2015
Pour ma part les concerts de la salle des sucres et du cabaret qui avaient ma préférence ce soir comme ceux du lendemain d'ailleurs.
Coté beau gosse il y avait Charles X, une voix r'n'b assez agréable mais pas vraiment de titres qui se détachent, si ce n'est pour une reprise accapella du "Stand By Me" du regretté Ben E King.
Un peu de hip hop avec la prestation énergique des marseillais de La Methode au cabaret, avec la participation du guitariste Labo Klandestino sur quelques morceaux électrisants.
Une bonne surprise ensuite avec le trio Tristesse Contemporaine dont j'avais peu de souvenirs de leur précedent concert à Marseille, une new wave sombre et parfois dansante, on aime les rythmiques 80's très Depeche Mode et la voix et le charisme du chanteur Mau font le reste.
Mais le pic de chaleur de la soirée ce fut l'improbable Omar Souleyman qui a transformé la salles de sucres en discothèque en mode hamam, avec un public survolté pour une musique orientale redoutable pour les hanches.
Avec sa voix aussi impressionnante que sa musique est minimaliste, le Syrien et son acolyte au clavier ont tout simplement livré l'heure la plus jouissive de la soirée, loin devant la tambouille décorative des Chinese Man sur la grande scène.
Samedi enfin, une programmation soignée aux petits oignons pour les amateurs de groove.
Un régal de voir pour la première fois Cymande, une formation entre funk soul et jazz assez culte, peu connue du grand public mais dont les morceaux ont été samplés des dizaines de fois.
Dès "Brothers on the slide" on se dandine et on apprécie les lignes de basse et une section de cuivres particulièrement classe, tout comme "Bra" et surtout "Cymande" le fameux morceau qui a servi sur le "Bouge de là" de MC Solaar, pour lequel ils font d'ailleurs un joli clin d'œil.
Au cabaret le rappeur Burkinabé Joey Le Soldat joue un genre plus revendicatif, avec une belle présence et un flow qui tabassent et dénoncent autant Monsanto que les politiques véreux, accompagné par avec un duo batteur/percus détonnant.
On retrouve ensuite à la salle des Sucres le génial soulman Cody Chesnutt, quelques années après un passage au Nomad Café encore dans toutes les mémoires.
Une communion rare entre un public et son artiste, l'américain est habité et généreux à chaque instant, s'éloignant assez loin de ses disques (surtout sur "What kind of cool") pour proposer un concert incroyablement vivant.
Si certains quittent la salle pour aller re-re-revoir Keziah Jones sur la grande scène, on passera plutôt le dernier quart d'heure du concert hypnotique du sud africain Spoek Mathambo, dans une ambiance bouillante au cabaret.
Electro afrobeat au son impressionnant, avec plein de percussions affolées, une choriste danseuse épatante et pour finir une reprise formidable du "She's lost control" de Joy Division.
A la salle des sucres une autre reprise beaucoup rigolote, celle du "Can't touch this" de MC Hammer par les colombiens de Puerto Candelaria qui jouent de la cumbia ultra festive (pléonasme), avec une chanteuse muy caliente.
On finit fatigué mais heureux de cette très bonne édition avec la house efficace du producteur Ambush avant d'autres dj's pour les festivalier.es les plus endurant.es.
Critique écrite le 01 novembre 2017 par Sami
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