Accueil Chronique de concert Cowboys from Outerspace + The Legendary Tigerman
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Chronique de Concert

Cowboys from Outerspace + The Legendary Tigerman

Cowboys from Outerspace + The Legendary Tigerman en concert

Le Molotov, Marseille 4 février 2018

Critique écrite le par

Comment mettre fin au bien connu problème d'absence de préventes suffisantes à Marseille ? Cette tendance naturelle (et chiante) du marseillais à se dire qu'il ira évidemment au concert, mais sans penser à le signaler à l'organisateur en réservant une place, et qui nous a déjà valu tant d'annulations de bons groupes ? Le Molotov semble avoir trouvé une solution en mettant une grosse pression sur sa page sociale, en décomptant les places restantes jusqu'au sold out. C'est donc bien complet ce soir pour une belle messe païenne (on est encore dimanche), avec de vrais cadors du rock et du blues...


En première partie, se sont rajoutés (depuis que j'ai acheté le billet ... début décembre) les so-called "The Legendary Cowboys From Outerspace from Marseille", trois tirailleurs qu'on ne présente plus, dont le chanteur est le parrain de Lollipop (où il a joué le jour de l'ouverture), et plus généralement le Parrain du rock'n'roll marseillais - au sens Francis Ford Coppola du terme. Il ne faut que quelques instants pour reconnaître le son typique du trio, le temps que toutes les pédales y soient : guitare saturée au point de saignement possible du nez, batterie cogneuse au point de saignement probable des oreilles, et curieusement basse ronde et tolérable, qui tient tout ensemble et permet finalement à l'organisme de supporter le tout sans tomber en syncope. A vrai dire, la première fois que je les ai vus, j'avais cru que c'était la salle qui leur donnait ce son terrifiant mais, non, c'est bien fait exprès, et même certains larsens atroces semblent parfaitement prémédités. Seules les mauvaises langues diront que c'est parce qu'ils sont un peu durs d'oreille...


Incarnation de l'éternelle jeunesse et de la fougue rock'n'roll, les trois gaillards (que les mêmes mauvaises langues disent au moins sexagénaires) affichent une belle banane (sourire et cheveux inclus), tout contents d'avoir retrouvé la formation initiale du trio avec Monsieur Henri à la batterie, littéralement échevelé lui, et en tenue de batteur heavy-metal. Monsieur Basile affiche toujours sa moue un peu comique (bouche en avant) pour appuyer son très bassiste propos, Monsieur Michel ricane et aboie joliment au micro tout en nous ramonant les oreilles au crochet de boucher. On est en droit de penser que certains de ses élégants tricots rock'n'roll à la guitare seraient mieux valorisés en jouant 20 % moins fort, histoire de ne pas sonner comme le gratteux de Slayer, mais bon... L'ensemble groove, secoue et roule quand même très bien, à l'exception de certains morceaux plus expérimentaux et un peu longs, jammés - la configuration tarte-dans-la-gueule-de-3-minutes leur va pourtant parfaitement au teint ... et c'est bien ainsi qu'ils concluent leur set, pour notre plus grand plaisir. Au fait, le sifflement dans ton oreille après CFO, c'est encore du CFO, comme dirait l'autre...


Ayant croisé The Legendary Tigerman avec son gang dans le bar, on a pu constater qu'il s'était laissé pousser une seyante moustache - ça tombe bien parce qu'avec l'éclairage rouge sombre, on ne le verra plus ou moins plus du tout de la soirée, y compris sur scène. C'est encore du fumoir qu'on peut l'apercevoir le mieux, pourtant joliment costumé tout de blanc. Paulo Furtado, qui mériterait aussi qu'on ne le présente plus non plus, passe ici à Marseille au moins pour la cinquième fois (en tout cas j'en ai vu trois depuis 2009 rien qu'au Poste à Galène, plus son groupe Wraygunn au Moulin il y a déjà 13 ans...), et avec une augmentation préoccupante du personnel : seul les premières fois, à deux la dernière fois, à quatre cette fois-ci. Mèfi, au prochain round et à ce train exponentiel, il va falloir un tour-bus beaucoup plus grand !


Bien. Que perd exactement un one-man-blues-band quand il se démultiplie ? Un peu de fraîcheur et de cette super-énergie nécessaire à faire la batterie des pieds, la guitare des mains et la voix en plus, avec toutes les vibrations dedans. Qu'est-ce qu'il y gagne ? De la puissance indiscutablement, avec une vraie section rythmique basse-batterie, la possibilité de dérouler sereinement la guitare en travaillant le son, d'enrichir le tout d'un saxo très cool, qui ne sera jamais trop bavard ou trop envahissant (c'est assez rare pour être signalé !), mais aussi de chanter sans vibrer au son de la grosse caisse. C'est donc différent certes, mais pas moins bien : les vieilles chansons en sortent agréablement transformées, même si pour finir il réussira quand même l'exploit de jouer moins longtemps à 4 ... que tout seul. Allez comprendre... Evidemment (et hélas), on ne peut pas jouer She Said de Hazil Adkins à quatre, ce serait un peu ridicule !


Armé d'un nouvel album encore peu écouté, Misfit, il place pas mal de nouveautés assez intenses pour la plupart, en live : A fix of rock'n'roll, inattendue mais fort efficace, Motorcycle Boy - pute à souhait, rutilante comme une moto trop chromée, riff d'une banalité consternante, mais juste irrésistible... Sans pour autant nous perdre en route grâce à ses nombreux classiques : Wild Beasts annonce la couleur calme, Naked Blues rappelle l'intention originelle du projet (= jouer du blues à poil, littéralement), & then came the pain (...et tant pis si ça fait mal). Des respirations mid-tempo (Black Hole) jusqu'aux saillies dansante (Dance Craze), tout est bel et bon dans la musique à la fois roborative et sans gras de ce garçon, dont le son est plus aimable que celui de ses prédécesseurs, et qui est parvenu à tirer le meilleur de sa voix, pour en faire un pur vecteur sexuel - "You gotta hold me !", tout le monde le prendrait bien dans ses bras, tant il est bizarrement charismatique...


Au rayon reprises - il en fait toujours une ou deux, toujours "ces bottes sont faites pour marcher, et c'est bien ce qu'elles font, et un de ces jours elles vont te marcher partout dessus"... Succès garanti pour ce titre inépuisable d'un autre moustachu célèbre, tout comme le glamour 21st Century rock'n'roll qui conclut, comme à l'accoutumée, son set, et n'est finalement pas une reprise de T-Rex. Surexcité, il s'abandonne à ramasser (ou arracher ? pas bien vu !) un bout de plafond qu'il agite fébrilement, avant de se percher sur la batterie en braillant (enfin je crois, j'y vois rien !). Il est vrai que le premier rang est composé uniquement de filles enamourées et très agitées (on l'a constaté depuis le fumoir), il y a donc de quoi perdre un peu son sang-froid... Un petit slow élégant et touchant en rappel et, surprise, c'est déjà terminé. Formule de conclusion à retenir : "Merci motherfuckin'beaucoup !"

C'est entendu, le Legendary Tigerman est toujours l'un des meilleurs showmen du circuit blues/rock. On aimerait quand même bien le distinguer quand il est sur scène (mais vu ses lunettes fumées, il craint peut-être les projos de face ?), et on précisera pour finir que s'il veut re-tourner un jour tout seul son blues tout nu, comme aux temps anciens, on ira le revoir avec joie, anytime, anywhere...

Setlist :
Wild Beasts
The Saddest Girl on Earth 2
Child of Lust
Naked BLues
& then came the pain
I finally belong to someone
Black Hole
Motorcycle Boy
Gone
Fix of rock'n'roll
About Alice
Dance Craze
These boots ...
21st Century Rock'n'roll
Encore :
Lonesome town

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