Chronique de Concert
Crache + Conger! Conger! (en soutien à la Dar)
Evidemment il n'y a à peu près qu'un seul idiot pour se pointer à 21 heures (heure annoncée) mais c'est ma façon de reprendre mes bonnes habitudes, à commencer par celle de ma naïveté historique. Evidemment c'est plutôt vers 21 h 47 que ça va se passer. Au moins c'est l'occasion de blaguer avec les copains, notamment celui au joli prénom qui va peut-être illustrer cette chronique. Peu à peu, arrivent donc les usual suspects/collègues de ce genre de musique, à qui cette belle date n'a évidemment pas échappé.
Premère partie, Crache ! Non, ce n'est pas un impératif à la 2e personne du singulier, mais ça y ressemble, et c'est comme ça qu'il faut sans doute le dire, avec point d'exclamation ! Ces 4 jeunes gens sont surmotivés, guitare et basse portées haut, pas du tout punk dans le look même si punk, leur son l'est d'abord, et furieux encore. Riffs d'enfer, batterie qui claque, chant bien braillé, on est d'abord en terrain bien balisé, mais on s'y plait déjà.
La dissonance et des surprises aussi inattendues que plaisantes interviennent dès lors qu'un clavier entre dans la danse : le son va être plus complexe que prévu, et c'est tant mieux ! Au fil de passages ou de morceaux plus lents, d'un chant qu'on réalise en français, on peut penser à Starshooter ou plus récemment à Wampas, au fil d'une intro bien kitsch et vraiment chantée... Mais il n'y a pas que ça !
L'ADN punk s'hybride à de la pop furax sympa, l'orgue permet des envolées garage, le côté déconnant évoque un moment les Toy Dolls... à un moment un morceau plus plombé me fera penser à Black Sabbath... avant de repartir en mode balade pétaradante. Bref, c'est constamment varié, on comprend vite pourquoi Crache nous a été recommandé... Puisqu'ils ont un son fort original en somme, et surtout tout y est hyper en place ! Typiquement un groupe qu'on reverra, à n'en pas douter.
Setlist (avec une part de pizza dessinée dessus) :
Alibi
Ma Tête
Fantôme
Ballade
Voler
Reflet
Macabre
Crache
Reflet II
Eclaircie
Homme
Confu
Ovni
Deuxième partie, autre génération et valeur sûre s'il en est, nos vieilles connaissances de Conger! Conger!. Mine de rien, ça va faire 15 ans qu'on suit de loin en loin cette formation anguiliforme, à l'imagination décidément inépuisable : ce soir encore, la plus grande partie de leur set-list est composée esclusivement de nouveautés !
Même si en bons trompeurs d'oeil, ils commencent avec une "vieillerie", Statue, qui permet au batteur de chauffer sa voix par son passage en falsetto historique. Que dire de neuf d'eux, alors qu'ils sont quasiment iconiques ? Trois types élégants, dans trois chemises noires qu'ils vont rapidement tremper, surtout le batteur/chanteur/hurleur patricien central. Guitare, batterie, basse. Un mur de son, régulièrement démoli et reconstruit dans des breaks fréquents. Que du bonheur !
Plus encore que pour les précédents, le son (parfait) part d'une base noise pour se mettre dans tous ses états - au fil des vocalises, on peut passer du death metal growlé, au post punk à voix blanche, à ce qui faut bien appeler de l'ultra noise, faute de mieux. Une fois qu'il est bien mouillé, le chanteur ne manque pas de descendre aussi hurler à capella dans le public, maracas à la main, pour un loooong morceau aussi chelou que plaisant.
Mais dans la musique de Conger! Conger!, même quand elle est "juste" punk sauvage, il y a aussi comme une nostalgie, une détresse, de l'émotion qu'on ressent dans ses viscères. Même dans les nouveaux titres, on réentend ces motifs familiers, apocalyptiques : c'est bientôt la fin du monde peut-être, mais ça fait quand même chier et on se rendra pas sans la combattre !
Comme d'hab, ça rigole aussi pas mal avec la salle, assez gratuitement insultée par Patrice, comme toujours très en pétard contre nous et contre ses bières qui s'ouvrent pas, en plus de l'être contre l'état de son coin du monde. Le finale du concert est comme toujours déchaîné, fantastique et un peu hypnotique, avec là aussi un passage par la "vieille" Nevermind.
On a assez écrit et répété au fil des années que ce groupe était formidable sur scène : on aurait bien passé encore une partie de la nuit avec eux, des heures et des heures avec leur oeuvre copieuse et protéiforme ! Mais la taulière s'étrangle à minuit et vient vigoureusement leur faire signe de couper, sans doute pour des raisons compréhensibles de voisinage à épargner.
Une très belle soirée en ce lieu, qu'on espère pouvoir fréquenter encore longtemps, merci à celles et ceux qui le font vivre !
Photos Pipoulem - https://www.flickr.com/photos/cinephil/
Setlist (avec, sauf erreur, deux ou trois gouttes de sang dessus)
Statue
Snakes
Handsmade
Brighter
Dervish
Down the wall
Slint
The Call
Favor
Junk
Backgate
Pulsate
Nevermind
Critique écrite le 05 juin 2023 par Philippe
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