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Chronique de Concert

Crest Of Darkness + Sterbhaus + Shining

Crest Of Darkness + Sterbhaus + Shining  en concert

Le Ninkasi Kao à Lyon 28 Novembre 2013

Critique écrite le 07 janvier 2014 par Ylxao

Ce soir-là, j'incarne la joie car c'est une date qui ne peut que me ravir : Shining est de passage dans le comté lyonnais ! Ayant découvert un ou deux ans auparavant je n'attendais plus que de les voir en live. Arrivée à 19h30 au Kao, on peut déjà admettre que l'info a bien été diffusée. Bien que closes, devant les portes du Kao, la foule grandit progressivement. J'entends ici et là des commentaires enthousiastes au sujet de la performance live de ce soir. La hâte finit définitivement par me gagner. Enfin, les portes finissent par s'ouvrir et tous les spectateurs s'engouffrent dans la salle. Place aux réjouissances.

La première partie : Crest Of Darkness est un groupe de black métal norvégien formé en 1993. On retrouve respectivement : Jan Fredrik Solheim et Rebo à la guitare, Kjetil Hektoen à la batterie et Ingar Amlien au chant et à la basse. Les musiciens apparaissent sur scène, le visage blafard, les yeux et les lèvres obscures à l'image même des dignes représentants du genre musical auquel ils se rattachent. rnD'emblée la setlist conjuguent des titres épris de verve, avec un rythme effréné et une voix qui crépite, saturée à souhait. Le martèlement de cymbales à la batterie laisse présager à chaque minute la tombée d'un jugement, la sentence à l'appui. Les guitares et basse concourent ardemment avec une fébrile vélocité : la cadence est soutenue, peu de place laissée au répit. La voix aigue et rocailleuse d'Ingar Amlien semble puiser dans les abysses de son corps une teneur qui s'élance, infatigable, dans des grognements et paroles hors d'atteinte.rnJ'avoue cependant avoir eu un peu de mal à me concentrer sur les compositions du groupe. Je n'ai pas pu les apprécier autant que je l'aurais souhaité. Légèrement désappointée par un enchainement assez rapide entre les morceaux et quelques ressemblances sur des titres, ce fut cependant un bon moment live.

Setlist : In the Presence of Death· Redemption · The Priest from Hell Welcome to My Funeral · Computerized · Death and Pleasure · Demon Child · Warhead 666

45 minutes plus tard, vient le tour de Sterbhaus de jouer. Originaires de Stockholm (Suède), le groupe de trash/death a été fondé en 2007. Il est composé de cinq musiciens dont : Jimmy Ahovalli et Simon Olovsson à la guitare, Peter Lindqvist à la batterie et Marcus Hammarström au chant et à la basse. Visiblement, le groupe n'est pas inconnu pour bons nombres de personnes car déjà des acclamations accueillent les musiciens qui prennent place. Premier titre envoyé : Insectiside. J'en reste interloquée de surprise. Quelle vague d'énergie ! De la dynamite balancée dés le commencement. Je ne bouge pas d'un pouce, évidemment happée par ce que je viens d'entendre et mes oreilles en redemandent. Une batterie qui décharge sévèrement : jeu sur les caisses à l'affut, ça martèle, ça pulse. Rien à reprocher aux guitares qui arpentent savamment les morceaux pour distiller leur bel aura. Le chant de Marcus Hammarström, puissamment agressif défie la mélodie, s'y agrippe, et courcircuite les neurones. C'est vainement addictif ce genre de voix ! L'avant dernier titre : Ministry est excellent, le réécoutant en cd et après la version live, je ne fais que la repasser en boucle. Rythme très riche, avec des orientations variées et une violence pleinement assouvie et maitrisée ! Superbe découverte live ! Et je peux certifier ma conviction par la chaleur qui émane du public, très emballé par la prestation de Sterbhaus.

Setlist· Insecticide · Tell Them I Hate Them· Absolutely Do Not Die!· Intermission · Captain Bible in the Dome of the Dead · The House of the Dead Dwarf · Ripping the Pope · Sinister Neckgrip · Ministry · Destroy the Fire




Et puis, hop c'est au tour de la tête d'affiche, Shining. Je ne me prononcerais pas sur la réputation qui précède le personnage de Niklas, tête pensante / leader du groupe, car il est certainement inutile de dire qu'une image assez virulente le poursuit... Peut-être playboy pour certains ou figure controversée pour d'autres, on s'en fiche. Désintéressons-en nous complètement : au feu ce genre de cancaneries, et la musique, rien que la musique de Shining au programme. Et je dois bien dire, que j'attendais cela avec impatience maintenant. Pour le petit mémo : Shining, a été crée en Suède en 1996. Le groupe a connu plusieurs changements de line-up depuis sa création. Actuellement, il est composé de : Niklas "Kvarforth" Olsson au chant, Peter Huss et TBA à la guitare, Christian Larsson à la basse et Ludvig Witt à la batterie.

La partie commence avec "Människa o'avskyvärda människa", un morceau assez nerveux mais pas trop non plus. Ce qui permet à tous de se mettre dans le bain et de gouter au fluide made "Shining". Dés qu'il se met à chanter, je reconnais bien là le timbre plutôt grave et parfois "déchiré" de Niklas "Kvarforth". Comme parfois ces étirements quasi douloureux de voix dés que le chant s'estompe pour laisser place à une partie plus instrumentale. Ce qui fait notamment toute la force de la musique du groupe. Le chant n'est pas la ligne directive et ne fait pas d'ombre à l'instrumental. Un temps leur est imparti et paraît naturellement découlé avec splendeur. "Yttligare ett steg närmare total jävla utfrysning", extrait du cinquième album "Halmstad" déploie la brutalité au prélude du titre et puis cède le pas à un solo de Guitare de Peter Huss qui est tout bonnement envoutant ! AHHHH ces morceaux de guitare dans Shining, ils ont ce genre de pouvoir qui subjugue. Un brin mélancoliques, inquiétants, ils deviennent obsédants, Les notes se répètent et ondulent, les deux solos de guitares s'entrecroisent. la mélodie est terriblement belle. La batterie accompagne et précipite la perdition, les "plaintes" de "Kvarforth" ne présagent aucune lumière. On se laisse assombrir avec volupté : "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle,Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle. Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;" dixit ce cher Baudelaire... Ce sont ces vers qui me gagnent à l'écoute de ce titre... Et jamais ça n'en finit..."Vilseledda barnasjälars hemvist", "Ohm (Sommar med Siv)", "Submit to Self-Destruction" suivent dans un même registre teintés de noire torpeur et de dérives semi-éveillées à demi-inconscientes. Sur " Terres des Anonymes", petite surprise : "La sale Famine de Valfunde" de Peste Noire se joint au chant. Les fans du groupe, enchantés, lui font belle ovation. Le morceau se déroule comme dans un songe vertigineux, empoisonné et grandiose dans son abattement. La tension accumulée au cours du précédent morceau retombe un peu avec les titres : "Han som hatar människan" et "Låt oss ta allt från varandra". Mais ce n'est pas pour autant que l'écoute en devient plus fluide. On se retrouve toujours embourbé dans un cauchemar brumeux, un espèce de brouillard qui s'épaissit, s'éclaircit, indécis.

Les musiciens arrivent à merveille à refléter cette atmosphère qui s'alourdit, qui tantôt se tord de convulsion, et tantôt se relâche exténuée sous la pression, feint un semblant contrôle de soi, prêt à fondre à chaque instant. L'humeur est perceptible, palpable même. Puis tout d'un coup, c'est électrique, hypnotique, extatique... Cette intro de : "for the God Below". "Cette entrée" dans la matière, c'est physique, se sentir dépossédée par la musique. Bah pour moi dans ces instants-là c'est ce qui arrive quand je perçois ce type d'évasion sonore. Inutile de dire que sur cette chanson, je n'ai jamais pu un seul instant ouvrir les yeux, trop absorbée à me laisser vider, habiter voir même hanter par la musique. Le jeu de guitare de Peter Huss + le chant clair de Niklas alterné avec son chant plus arraché ressemblait à un genre de lointaine ballade nostalgique. Un genre d'aspiration, de trou de lumière qui se referme avant même que tu n'es pu en pénétrer le cœur. Bon, je m'aperçois que je m'emballe mais quel titre...oh vraiment !rnLa soirée se termine avec :"Förtvivlan, min arvedel" . La Désillusion prend fin, le rêve aussi. Bravo à l'organisation pour avoir rendue possible cette date !

Setlist :- Människa o'avskyvärda människa - Yttligare ett steg närmare total jävla utfrysning - Vilseledda barnasjälars hemvist - Ohm (Sommar med Siv) - Submit to Self-Destruction - Terres des anonymes - Han som hatar människan - Låt oss ta allt från varandra n- For the God Below rn- Förtvivlan, min arvedel


Photo : © Martin Strandberg

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