Accueil Chronique de concert Crystal Stilts (Festival B-Side)
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Chronique de Concert

Crystal Stilts (Festival B-Side)

Crystal Stilts (Festival B-Side) en concert

Machine à Coudre Marseille 31 mai 2009

Critique écrite le par

" La Nuit des Crystal... "
(Mercure Blues)


C'est la " der des der ", l'ultime soirée du B Side, et déjà, quelque chose nous dit que les Girlz In The Garage seront de nouveau là l'année prochaine, fidèles au poste, afin de nous titiller les pavillons à l'aide des prochains Icy Demons ou Mahjongg (révélations de cette 2 009, cuvée !).
Heaven Knows I'm Miserable Now : glisser ainsi une pincée de Smiths dans une Machine qui mousse de houblon, me ramène immanquablement vers les lointaines 80's et tend à me faire oublier que certains gosiers, ici, ingurgitent un sombre mélange fait de bière, vin blanc et sirop... Gaspe ! (J'en ai le foie qui se rétracte salement, à cette évocation).

Sur scène, tout est vintage : guitare Strato, amplis Ampeg ou Roland Jazz Chorus, sans oublier cette " belle rouge " de légende (avec fille sur vinyle, posée) pionnière du son du rock " roots ", et sa caisse profilée...



Tandis que Devo déstructure Satisfaction, les voici qui investissent les lieux à pas mesurés. Tout de suite, j'avise la paire de ciseaux tatouée sur le bras droit de " Miss " Frankie Rose (ex Vivian Girls) et observe plus précisément le gang des garçons : des messieurs " average " tout le monde, des " Joe Dirt " en polos, T-shirts et jeans lambdas à l'avenant ; pour l'impression visuelle, on repassera... Tiens, j'avais reçu le même (tout petit) clavier, le jour de mon 8éme anniversaire, avant de le jeter tout de go par la fenêtre quelques minutes plus tard, après une longue suite d'accords ratés (fragile, le matos !). Il a beau sembler minuscule, entre les mains de Kyle Forester, il pulse suffisamment pour emmener Bright Night à destination ; c'est net, rapidement troussé, et ce, dès les hostilités déclenchées (quoique, pas besoin de se " chauffer " ce soir, non, la Machine s'en charge stoïquement).

Le problème, quand on est une FILLE, c'est qu'on peut parfois voir sa jupe glisser entre les morceaux, ce qui ne l'empêche pas de frapper sèchement l'intro du morceau phare de Alight Of Night : The Dazzled, LE morceau qui enveloppe, qui fait voyager et quitter la croûte terrestre (sur disque) et qui fera prochainement Lynch (David) sur pellicule, craquer, à n'en pas douter. L'attaque est tellement tonique, que le coude de JB Townsend perce le tissu " green " épais de sa chemise : j'attends le moment où le futal du chanteur va lui aussi pointer mollement sur ses chevilles, tant qu'à rester dans l'épique vestimentaire dégradé...
C'est dommage, on y paume quelque chose, à les voir ainsi de si près : un bon tiers de magie et de moite noirceur, baignée de ce rien de brume, qui colle si bien sur Alight Of Night ; un peu de ce que tente de retrouver/tutoyer Brad Hargett, en chantant paupières closes et boucles figées, pour mieux se perdre, ou... S'oublier ?



Bonne nouvelle, Miss Rose se montre plus précise et plus efficace que Meg White, derrière ses fûts minorés de cymbales. C'est tout d'abord la basse qui se lance de grave, ouvrant ainsi la route à la grosse-caisse (qui lui colle bien au derche !) la guitare cisaille et égrène alors une suite de notes tirées, millésimées, juste avant que la voix ne s'éveille lentement, comme sortir d'une courte sieste ; une formule à dupliquer à l'infini, jusqu'à l'entrée attendue de l'orgue " Doorsien " du gars Kyle : deux grosse papattes palmées qui s'abattent indifféremment sur noires et blanches, par pur respect d'équité cutanée... Avant de ralentir soudain la cadence, pour enchaîner illico à donf sur Crystal Stilts.

Le parti pris de la voix " noyée sous mix ", est peut-être un poil poussé jusqu'à l'absurde, cette fois, même si les " tribaux roulements des esprits sont plus importants que les gosiers de l'homme blanc ! " (aux dires du " native Indian " d'alors, aux prises avec le colon Américain lancé à la conquête des grands espaces, avec quelque chose de " fourchu " glissé au milieu, pour mieux appuyer ses dires...). Je sais qu'ils ne sont pour rien dans la disparition des bisons non plus, ces braves " échassiers de cristal ", mais leur mixture me fait voyager malgré moi pour traverser montagnes et plaines, rivières et bayous, sous-bois épais et grands espaces encore vierges sous lune...



Tiens, y'a aussi une petite étoile " tatouée-posée " sous les ciseaux de LA fille - histoire de se découper un bout des cieux au moment d'aborder l'" après " ? - qui semble nous guider vers les 80's et les rivages Indés défrichés de frais par le très recommandable Bruce Joyner (et ses Plantations).

Intronisé " monsieur loyal " de la soirée (ou, relation AVEC public) Kyle Forester se plaint nonchalamment de la chaleur régnant céans et réclame du liquide pour le groupe ! Et si on se mettait à leur cracher dessus en retour, hein ? En souvenir de tous les groupes punks ayant un jour traînés en ce lieu Massilien de légende... Problème majeur : la montée en force du H1-N1 ne peut que ralentir les ardeurs des aficionados de ce sport de scène autrefois très prisé des abrutis à crête (de toutes obédiences, genres, et espèce). Sans cesser un instant de s'étonner de la proximité du " fumoir " vitré local - posé à quelques pas de la scène et qui regorge de visages littéralement collés sur filtres ! - ils tentent de sortir de la douce torpeur distillée par un taux d'humidité quasi Asiatique ; le sol, lui, est douché par mon duo de voisins en transe qui tanguent maladroitement du verre. Ha, si j'avais seulement deux, trois, quatre, dix, douze, vingt ou... Trente années de moins, je pourrais me laisser aller à échanger et glisser doucement sur du ferme, sur de l'élastique derme, encore tout frais de jours (toujours vierge de coups de canifs taillant sans retenue sur front, sous paupières, ou coin de bouche...).



Sur The Sinking, l'ensemble du public interprète la danse dite du " pingouin à nuque de velours " ; si ça se trouve, il chante n'importe quoi, l'ami Brad, qui sait ? C'est tout de même pratique, d'être autant en retrait, noyé, en limite d'inaudible, fondu sous instruments qui jouent " solide ", autour (LE fantasme de tout chanteur Français s'étant un jour essayé au rock, avec option accent local ou " yaourt " de synthèse).
Situé au plus près de la longue tradition des bassistes du genre, Andy Adler ne fait jamais plus d'un pas à la fois (par morceau !) quelle que soit la direction empruntée ; même si ce reproche peut s'appliquer au groupe dans son ensemble, tous instruments confondus : c'est néanmoins carré, compact, et ça accompagne on ne peut mieux cette ultime remontée de manche très Link Wray abordée par JB, plongé tête la première en son ampli...
" Non, non, NON ! Le monolithique, c'est pas une période, je t'assure ! Ils vont tout simplement au bout de leurs idées : même quand ils n'en ont qu'une ! " (Je viens de soliloquer ceci à haute voix, devant le regard affligé de mes potes de virée !). Je viens de repenser à cette phrase, piquée dans je ne sais quel article récent et l'applique illico aux Crystals, qui déflorent Graveyard Orbit en soufflant avec le nez ET la bouche.
Le mercure poursuit ses rêves d'Everest. Le monde n'est plus qu'une seule et même flaque, désormais. Pour la première fois depuis huit ou neuf ans, j'ai BESOIN d'un bain de minuit ! Ha, si seulement les vélos roulaient aussi la nuit ici, en lieu et place des taxis traqueurs de bourses aux noires griffes effilées, je m'y rendrais sans plus tarder...



Ça s'anime dans la place : tandis qu'on les traite de " branleurs " et qu'un décérébré demande à voir (vainement) les seins de notre Maureen Tucker d'un soir - une harangue en tous points affligeante, il mériterait plutôt d'hériter des couilles de Kyle plein cadre, à la place, en mode Iggy... - Céline (B Side, co-fondatrice) demande une rallonge de morceaux au groupe qui s'apprêtait tout doucement à quitter la scène sur la pointe des pieds, sans moufter !
C'est vrai qu'après la défection pour cause de maladie des Ich Bin Dead, ça peut faire court la soirée, mais, qu'importe la durée, seule la tension importe et restera de mise, au final. Le bassiste vient enfin de migrer du côté du clavier, avec un tel " unimouvementiste ", ça se remarque forcément ; il évolue décidément à la vitesse de la tectonique des plaques, suivant ainsi l'inexorable dérive des continents et ses (trop) lourds mouvements.
Contrairement à ce que semble défendre mon voisin de droite avec véhémence, ils ont DÉJÀ joué Departure et ne semblent pas décidés à rebeloter de sitôt ! Ce qui ne les empêche pas de revenir pour noyer l'espace à l'aide d'un énergique... Merde ! Je viens de marcher dans une grosse flaque et je m'en suis mis partout...
" Tu viens de marcher sur ma PETITE SŒUR ! Salaud, assassin, meurtrier de proximité ! Au secours ! À l'aide... " (me lance alors une jeune brunette excédée aux seins en partie dénudés). Elle pousse un court cri d'horreur, tente de me rouer de coups, puis se laisse tomber sur le sol et ne tarde pas à y disparaître à son tour, à fondre lentement, façon flaque... Tandis que les fantômes du Velvet et des Seeds envahissent la scène et la détrempent en suivant. La température commence à faire des ravages sur les survivants en mouvance plus que limitée désormais (comme bloqués à jamais en mode " économique ") qui tentent de les rappeler mollement, mais en vain, cette fois !

C'est le Too Much Too Young des Specials, qui finit par me ramener à la vie et me persuader qu'il y aura bien un après, une terrasse, de l'air frais ! (Après le pot " de plus " réglementaire pris entre les membres du groupe et les commentaires élogieux des ados, visiblement réjouis par la performance des dégoulinants " Boys from Brooklyn ").


P " After 2Chab " S :
Je sors et croise JB Townsend assis au coin d'un porche, en pleine re-descente climatisée. Je m'arrête à sa hauteur et entame le bout de gras qui sue encore. Entre deux bla-bla, je lui glisse, que " contents de la performance... Good Show... Dur sur scène, non ? Bel album, aussi... Ho, oui ! ", et lui conseille de jeter une esgourde sur Bruce Joyner, qu'il ne connaît (évidemment) pas.
Je sais que les musiciens n'aiment généralement pas ça, après un concert, mais je n'ai pas su/pu résister. Au pire, il m'en voudra. Au mieux, il le reconnaîtra, le gars Bruce...

> Réponse le 04 juin 2009, par The Greenman

Super critique ! j'ai même plus besoin d'aller dans la salle pour me régaler. C'est drôle, decalé, fouillé, ça se lit pas en trois minutes chrono. J'étais à Mahjongg, l'endroit était "strange", mais le concert géant! Merci aux festivaliers...  Réagir


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