Chronique de Concert
Cul-Cultura + Los Bankalos + PowerSolo
Quoi de mieux pour parachever un week-end électoral, de victoire militaire et sympathiquement printanier qu'un triple concert amplifié ?
C'est donc d'un pas jovial que l'on s'engouffre à l'intérieur d'un Molotov déjà bien rempli pour aller découvrir le trio de Cul-Cultura , ex Ed Mushi et Crumb pour les intimes. À mi chemin entre geekerie musicale et potacherie décalée, Cul-Cultura nous abreuve de morceaux déconcertants mais bien ficelés qui font l'effet d'une fête foraine en descente de trip. Je pense que, côté influence, l'autobiographie de Phil Collins lue par notre frontman l'été passé y est pour quelque chose.
La basse est grasse et chattertonnée, la batterie véloce et l'écriture automatique pour des textes de toute beauté : de Panpan Culcul au Champ Lexical de la Piscine Municipale , Cul-Cultura ouvre la porte aux horizons les plus fumeux. La voix devient bruitiste, reprenant les larsens en chur et l'anglais se chante avec l'accent de Menpenti.
Le mini synthé donne à l'ensemble un côté Charly Oleg , malgré le spectre de Deep Purple et de sa Black Night (merci à l'oreillette de cette précision) qui plane sur tout le set. Ombre et Lumière, donc. La digestion se fait autour d'un sirop de violette tandis que Los Bankalos prennent place.
Los Bankalos , c'est le garage sixties à la maison, avec tout ce qu'il faut de fuzz et de look soigné, comme un Happy Days au Cours Julien avec ballots de paille et grenadine en technicolor. Après une intro instrumentale, s'enchaînent covers frenchisées et compos du cru qui explorent parfois jusqu'à la saturation les variations autour d'une rime _ce qui a le mérite de faire voyager notre imagination.
À dos de chauve-souris vers d'étranges contrées latino-marseillaises, dans la transe des Bankalos où les rhinocéros mangent des churros avec des colliers en os. Visuellement et musicalement, ça tourne ; ça twiste, même, le tout porté par le timbre chaud de la jeune et jolie chanteuse à la main gauche maltraitée par le tambourin hypnotique.
Le temps de retoucher terre et les danois de PowerSolo envahissent la scène de leur 2,50m. Un batteur moulé dans du John Wayne autant martial que finesse et maracas, plus deux guitaristes à l'allure dégingandée qu'on croirait volontiers frères (ou simplement danois ?..), avec une mention spéciale au chanteur dont la ressemblance avec notre frontman local des Cowboys From Outer Space est assez déroutante.
L'autre guitariste branché sur deux amplis mets les potars dans le rouge, mise en tension qui électrise la foule, avant d'envoyer un panaché de rock'n' roll garage et de blues billy à la Dr Feelgood entrecoupés de longs interludes avec instruments en sourdine et story-telling de crooner version Reverend Horton Heat (notamment le brillant That's Showbiz ) pendant lesquels le frontman se régale en vrai showman, en anglais comme en français dans le texte et dans le chant. Au fil du set, les danois se rhabillent, contrairement à 99% des rockers en plein concert.
À gauche un blouson rouge, à droite une veste en jeans, et derrière, John Wayne qui continue de cogner, impassible et souriant. Les PowerSolo se font désirer pour le rappel, clairsemant la foule alcoolisée qui prend conscience de l'heure déjà tardive. Ils reviennent avec un boogy dansant où le chanteur -désormais torse nu et tatouages apparents- rend hommage à la légende Hasil Adkins qui, dans son morceau No More Hot Dogs , coupe la tête de sa girlfriend et l'accroche au mur pour qu'elle ne puisse plus manger de hot dog.
En même temps, c'est une idée de la normalité pour un type qui buvait quatre litres de vodka et de café par jour histoire de noyer ses kilos de viande crue qu'il s'avalait dans sa caravane de Virginie Occidentale. La minute cannibale s'enchaine avec leur turbo-hit Frantic , puis un dernier titre r'n'r à la voix rauque comme un autre Reverend et dont l'interminable bridge blues nous plonge tous dans une torpeur accouphénique qui finit d'achever notre week-end prolongé. À bon coup de pioche.
Au loin, j'entends le chanteur tirer sa narquoise révérence "Salut les filles !" tandis que le son se noie dans un vortex sans fin, histoire d'achever leur dernière date avant de fêter la musique fin juin chez les belges. Là encore, il leur faudra se montrer endurant..
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Critique écrite le 10 mai 2017 par odliz
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