Chronique de Concert
Dakha Brakha + Calexico (les Suds de Arles)
A peine remis du concert de la veille aux arènes de Nîmes (je parle surtout de fatigue physique, même si la soirée avec Harold Martinez, les Kills et les Black Keys 10 ans après fut très plaisante) c'est dans d'autres arènes que nous nous rendons ce soir, celles d'Arles. La dernière fois c'était déjà il y a 4 ans (pour le concert de Gogol Bordello) du coup j'avais oublié à quel point les moustiques sont voraces à la tombée de la nuit. Je me suis donc fait bouffé pendant tout le premier groupe (même si au final leurs piqures ne donnent pas naissance à des boutons qui démangent ensuite).
Nous sommes là presque autant pour Calexico que je connais de (très bonne) réputation sans avoir jamais vraiment entendu le moindre morceau (mais je sais leur influences sur des groupes comme les Little Rabbits, Jean-Louis Murat ou même Shannon Wright), que pour la première partie ukrainienne qui semble être LA révélation de tous les festivals où ils sont programmés cet été dont MIMI où ils sont passés la veille de Suicide. C'est donc par ces premiers que la soirée va commencer.
Mais le premier à monter sur scène c'est quelqu'un des Suds à Arles qui vient nous présenter rapidement la soirée, et qui finit son speech en parlant du problème des intermittents. D'ailleurs il conviera sur scène 2 artistes dont Rodin du Cor de la Plana qui viendront faire pousser un cri de solidarité envers les intermittents au public. Pas sûr que cela soit d'un grand impact sur les politiques, mais disons qu'il fallait bien faire quelque chose ...
Les 4 Dakha Brakha font leur entrée sous les applaudissements ; de gauche à droite Marko Halanevych (chant, derbouka and co), Olena Tsibulska (chant, percussions and co), Iryna Kovalenko (chant, djembe, piano and co) et Nina Garenetska (chant, violoncelle and co). Les 3 femmes sont équipés de micro casque ce qui leur permet de jouer de leurs instruments plus facilement. Sans être véritablement traditionnelles, leur tenues s'inspirent de leur folklore et d'autres et ont le mérite d'être facilement reconnaissables (à l'image de ces chapeau haut - d'ordinaires réservés aux hommes - qui les font passer pour des bigoudennes dark).
Je n'ai pas noté tous les trucs auxquels j'ai pensé au fur et à mesure (surtout pendant les 3 premiers morceaux où j'étais occupé à prendre des photos et me battre contre les moustiques) mais il y avait du Tiersen dans les parties instrumentales qui montent qui montent, du Rita Mitsouko dans la voix parfois ou même du Cranberries, des mélodies à la Gotan Project, du Red Cardell (groupe breton qui a d'ailleurs collaboré avec des ukrainiens sur quelques disques)... en plus des percussions il y avait pas mal de sifflets différents et de l'accordéon. Finalement j'ai trouvé que outre le côté ukrainien par moment on était proche des chansons de troubadours provençaux ou même bretons.
Si les passages les plus ukrainiens sont irrésistibles j'ai trouvé que certains morceaux manquaient un peu de corps. Trop de passages instrumentaux qui montent en puissance mais qui en débouchent que sur des onomatopées genre "touboudou" qui n'explosent pas vraiment. Des passages assez étonnant et réussi où le chant se fait limite rap. En fait ce qui m'a empêché d'être conquis sinon en tout cas enthousiaste c'est le côté trop réfléchi qui se dégage de leur performance ; ce côté pas assez spontané, ce manque de naturel**. Avec leur tenues inventées, leur regard dans le vide, le peu de communication avec le public ...
Mais quand les 3 voix de femmes se mélangent, limite gueularde (mais aigu), le tout enrobé de violoncelle, on fond. Le dernier morceau de leur set sera vraiment enlevé (avec un morceau où la voix du chanteur me fait penser au I like to move it de Reel 2 Real ). De loin on aura presque l'impression qu'ils se lâchent enfin sur scène (ce qui n'était pas du tout le cas jusque-là) devant un public très enthousiaste. Dommage car c'est déjà l'heure de dire au revoir et le timing serré de la soirée ne permet pas de rappel. Frustration quand ils reviendront pour débarrasser la scène ...
** C'est en faisant un peu de recherche que je trouverai la réponse à mes questions sur leur site où l'on peut lire "DakhaBrakha was created in 2004 at the Kyiv Center of Contemporary Art "DAKH" by the avant-garde theatre director - Vladyslav Troitskyi. Theatre work has left its mark on the band performances - their shows have never been staged without the scenic effects." et que les 4 ont plus ou moins tous étudié le floklore à l'université. Pas si surprenant que ça que ce soit bien mis en scène mais que ça manque un peu de naturel ...
A la pause nous au changement de plateau par les musiciens eux même. Tout comme les 4 membres de Dakha Brakha qui sont venus enlever leurs instruments, ce sont les 8 membres de Calexico qui tour à tour installent les leurs et les règlent. Toujours sympa de voir des musiciens évoluer de façon (plus) naturelle (que pendant les concerts) avant le début du spectacle. Et quand la lumière s'éteindra ils reviendront tous : Joey Burns (chant et guitare), John Convertino (batterie et percussions), Jacob Valenzuela (claviers, trompette et vibraphone), Martin Wenk (accordéon, guitare, synthétiseur, trompette, vibraphone), Ryan Alfred (basse et contrebasse), Jairo Zavala (guitares) et Sergio Mendoza
(claviers)...
J'avoue que la suite m'a déconcertée ...car je ne m'attendais pas à une telle musique. Dès le premier morceau me voici transporter dans le désert à deux pas du Mexique et peu de temps après me voici dans les îles. Folk, rock, mariachi, salsa, cumbia, pop ... tout se suit sans se ressembler, et je ne sais plus par où prendre ce groupe. Ce qui est sûr c'est qu'ils dégagent quelque chose de classe, à l'image de leur leader Joey Burns, souriant.
Sur certains morceaux il laisse le chant lead à d'autres comme ce morceau très samba chanté en espagnol par l'un des deux trompettistes. Je crois que c'est pendant ce morceau que j'ai pensé à la Cumbia Chicharra. Curieusement (car à la base je ne suis pas trop "musiques latines") ce sont les morceaux mariachi que je préfererai avec leur côté grandiose et entrainant malgré leur lenteur. Sur ce genre de morceaux ils ont une vrai couleur.
Sur d'autres morceaux, plus calmes / pop je me demande si le côté un peu trop"love" ne me gêne pas un peu et puis je décide que non. C'est mou mais ça me plait. Contrairement au groupe précédent tout semble si naturel, spontané, bref authentique ; pas besoin de sombreros. Au milieu du set on aura le droit à une très chouette reprise de Bigmouth strikes again des Smiths (dédicacé pour "tous ceux qui ont traversé la manche pour être là ce soir"), suivi d'un morceau beaucoup plus calme (j'ai trouvé la transition osée).
Si dans les tribunes (où on remarquera la présence de Fixi & Winston McAnuff (qui jouaient juste après pas très loin) on a l'impression que la densité de public diminue en revanche en bas dans la fosse c'est tout le contraire ! Les gens sont serrés et il chantent et/ou agitent les bras. Sur scène le roadie vient jouer des percus sur un morceau, l'un des guitaristes fait chanter le public ... C'est beau malgré l'heure tardive. Ils finiront par un morceau de cumbia (qui a fait pensé à Manu Chao à ceux qui étaient avec moi) ...
Setlist :
Frontera/Trigger
Across the Wire
Splitter
Roka
Dead Moon
Minas de Cobre
Inspiracion
Maybe on Monday
Two Silver Trees
Bullet & Rocks
Crystal Frontier
Bigmoouth Strikes Again
Not Even Stevie Nick
Alone Again Or
Puerto
Rappel :
Sunken Waltz / new song 2 piece
Guero Canelo
Plus de photos par Pirlouiiiit par ici
Bonus video :
et une petite de Dakag Brakha par ici
Critique écrite le 21 juillet 2014 par Pirlouiiiit
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