Chronique de Concert
Dame Area + Nihiloxica
Dame Area
Pas d'amplis apparents, pas de grosses grattes, ni de batterie dans le fond comme je m'y attendais, mais un amoncellement de machines bizarres et un micro. Apparaissent un homme d'une quarantaine d'années, équipé des plus belles rouflaquettes que j'ai vues depuis longtemps, et une jeune brune fluette dont le visage laisse transparaître son évidente envie de casser des gueules. Le mec s'installe au "clavier-machines bizarre avec plein de fils que je comprends pas," la fille se place devant le micro, une baguette à la main prête à en découdre. Et c'est ainsi que le show de Dame Area débuta. Je dis concert, mais on pourrait plus parler d'un "DJ-set", tant la velléité du groupe a été de nous faire bouger nos petits culs pendant 45 minutes. Dame Area, c'est une sorte de synth pop punk 80's bien vénère avec une fille qui hurle dans un micro. Et c'est le genre de truc qu'on verrait plus un samedi soir à 4h du mat qu'un mardi à 19h30, et pourtant, l'espace de 40 minutes grâce au duo mi-catalan mi-italien il n'y avait plus de début de semaine, plus de boulot le lendemain, il y avait juste des gens qui dansaient, mal certes, mais mal comme on aime, mal comme quand on danse et qu'on s'en fout de tout, et ça, c'est tout à leur honneur.
Je parle de DJ set aussi parce que leur set, qui a l'air d'être rodé au poil de cul, ne souffre d'aucune pause... Chose dont nombre de groupes de rock devraient s'inspirer... Trop de pauses entre les chansons, ça fait descendre le momentum, et les blagues de merde du chanteur n'y changent rien. Alors, ok, ma tante Nadine trouve que : "Même si elle comprend pas tout l'anglais, c'est sympa de parler au public", mais en vrai ça prouve souvent que le groupe a pas assez bossé, et c'est ce genre de temps morts qui te niquent une ambiance. Dame Area, les temps morts, ils n'en veulent clairement pas, leur but : nous abattre, leurs armes : du gros son rétro juste ce qu'il faut et une débauche d'énergie. Ils ne lâchent ja-mais la pression ! Ils réussissent l'exploit de nous faire croire qu'ils sont en train de jouer des tubes qu'on connait tous, alors qu'ils ne jouent quasiment que leurs chansons (je pense avoir repéré une reprise grillée tout de même.) que presque personne ne connaît. Et puis surtout ils sont à fond : on est une centaine en milieu de concert, et la chanteuse italienne, Sylvia, descend dans la fosse pour faire danser les gens comme si on était 2000, et d'ailleurs, à un moment, on y a presque cru. Le set se finit en apothéose, juste avant qu'on trouve ça long. Rien à dire. C'est maîtrisé, la prochaine fois, on veut les voir un samedi très tard.
Nihiloxica
Deuxième Pinte (dernière qu'on se dit, on est quand même mardi.). Débrief à base de "Sympa hein ?", " Impressionnante la meuf", "Ah mais il est Espagnol le gars !! Mais c'est pour ça les rouflaquettesi !!!" ,"Tu crois qu'ils baisent les deux ? " Et c'est parti pour Nihiloxica (même si à ce moment-là, pour moi, ils étaient "le deuxième groupe"). Sur la scène : beaucoup trop de djembés ! Enfin... Un vrai djembé et puis d'autres instruments qui j'en suis sûr doivent avoir des vrais noms, mais que je qualifierais de "gros djembé" "énormes djembé" et "rikiki djembés". Rajoutez à ça : une batterie ("Ah, quand même !" me dis-je !!! Parce que j'aime bien me dire des trucs) et des machines bizarres en fond de scène. En fait, Nihiloxica, c'est : trois percussionnistes qui viennent d'Ouganda et deux musiciens anglais de Londres (c'est les gens qui sont pas au djembé.). Au début, j'ai peur, parce qu'autant de djembés ça sent la manif de la CGT à plein nez, mais dès le début, je comprends qu'on est sur un autre game. Ça cogne fort, et ça va pas s'arrêter pendant une heure. En plus des rythmes qui vont pas tarder à mettre tout le petit bain, cette fois franchement rempli, en transe, les nappes de sons et la batterie bien pas contente du tout ajoutent aux sons très africains une froideur européenne qui donne une température musicale qui s'accorde très bien avec ce mardi de novembre. Au bout d'un moment, entre les pintes qui commencent à faire effet sur tout le monde, les sons hypnotiques des machines, et le percussionniste de gauche qui gueule dans son micro à balle de reverb comme un toaster jamaïcain, on est pris dans le truc, et on se surprend à danser franchement et à frapper sa pinte en rythme, en espérant que tout le monde soit occupé à faire pareil (Si quelqu'un a une vidéo de moi qui danse si mal, je vous la rachète très cher.). Le set monte en puissance, j'ai compris plus tard qu'ils avaient joué la quasi-totalité de leur dernier album sorti en 2021 et finit au bon moment (c'est-à-dire juste avant qu'on s'emmerde) après une heure bien maîtrisée. Je ne sais pas ce que donnent ces deux groupes en disque (enfin en streaming hein...), mais en live, c'était vraiment bien. Sortez, même un mardi, même si vous connaissez pas le groupe, même si vous dansez mal, c'est vital en fait.
Critique écrite le 08 novembre 2021 par DJ Raoult
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