Chronique de Concert
Danko Jones + P.Troll + The Bitters
Vooooooilà. On y est. L'OmegaLive, chouette petite salle dans l'enceinte du Zénith ou passe ce soir, outre Danko Jones, The Bitters et les locaux de P.Troll.
C'est à ces derniers que reviens l'honneur d'ouvrir cette affiche et, moi qui ne les connaissait ni des lèvres ni des dents, je fus assez surpris de retrouver sur scène des vétérans du hard et non pas des petits jeunes comme c'est généralement le cas en pareille situation. Pour les p'tits jeunes -qui a dit bébés?- faudra attendre le groupe suivant, The Biters. Bon, revenons à nos brebis galeuses...
Alors, euh, que dire...et surtout comment le dire...tout d'abord j'ai trouvé le chanteur...hem...fascinant. C'est ça fascinant. Et pour plusieurs raisons. Bon, la première c'est qu'en ces temps de culte voué à l'image, ben on peut pas dire que ça ait l'air de le préoccuper beaucoup, le look. Et ça c'est pas mal, un peu d'authenticité. T'es sur scène, t'es à la ville, t'es le même, t'es rock n'roll. Voilà. Mais c'est sûr, y'a un côté dinosaures tout droit sortie de la fin 70's début 80's assez étonnant. Pour ceux qui ont fait des festivals au fin fond de la Belgique par exemple, ça peut donner des éléments de comparaison. La deuxième, c'est la foi dans le hard rock qui se dégage du bonhomme.
Ça vient des tripes et ça se sent. Un peu comme quand vous allez voir un Little Bob, qui transpire le Rock. La dernière c'est que malgré tout ça, le chant fait penser à un mélange entre Alan Marsh, le premier chanteur de Tokyo Blade dans les 80's pas vraiment réputé pour la justesse de ses lignes vocales et un Brian Johnson en train de se faire éviscérer. Si parfois la prestation prête donc à sourire, elle n'en reste pas moins attachante pour l'ensemble de ce tableau. Et puis faut le voir hurler que le prochain morceau parle de "chasseur de chatte" !! Au passage, cette poésie, véritable ode à la femme, va être le fil conducteur des trois groupes à l'affiche de ce soir. Tout un programme !
Bref, le groupe dépote au gré d'un Hard rock de facture classique et ferait passer le son de Motorhead pour de la musique d'ascenseur. Tout est suffisamment désaccordé pour sonner sale et agressif et, pour le coup, s'accorder avec la voix !
Moi, cette prestation, avec quelques bières en accompagnement, elle m'a mis de bonne humeur !
Le contraste n'en n'est que plus saisissant à l'arrivée sur scène de The Biters ! Dur, en termes d'image, d'être plus à l'opposé que ça ! Le groupe est composé de quatre jeunes au look glam propret et au jeu de scène savamment étudié. On sent bien qu'aucun geste n'est laissé au hasard, de l'attaque du micro qui fait bouger les cheveux comme dans L'Oréal, au clin d'il complice du genre-je-suis-ton-pote avec le public. Les slims sont de sorties, les coupes de cheveux à la Faces/Mott the Hoople/Humble Pie bien en place.
Et musicalement alors ?
Du glam rock carré dans lequel j'ai eu quelques difficultés à rentrer je dois reconnaitre. Pas la faute au zicos, jeunes mais pro jusqu'au bout du manche. Non, peut-être plus en raison de titres assez passe-partout, pas mauvais mais pas marquant non plus. Néanmoins, un certain intérêt a commencé à pointer le bout de son nez au fil du set et à me faire taper du pied et dodeliner de la tête, peut-être à partir du moment où les enfants ont pensé à moins poser et à un peu plus envoyé la sauce, d'ailleurs. Pour exemple, ce passage de Whole lotta Rosie des kangourous, intégré à un de leur titre qui balançait sévère.
Bref, un show tout à fait correct qui peut susciter une certaine curiosité quant à la production discographique du groupe.
Un petit mot sur l'expression poétique déjà éprouvé au cours du set de P.Troll, qui a su franchir un nouveau pallier dans la délicatesse avec notre ami chanteur à la provoc juvénile -et un peu ridicule à mon sens- qui, après avoir déclaré son amour à un membre de la sécurité, a fait remarquer à un minot accompagné de sa mère au premier rang qu'il se taperait bien celle-ci. Ah, la finesse...
Une petite demi-heure de show et puis s'en vont pour laisser la place à l'invité d'honneur du soir, j'ai nommé Anthony Kavanagh...euh, non, merde, Danko Jones...désolé, z'ont le même humour et ils parlent autant pendant leur spectacle, c'est pour ça, je confonds.
C'est qu'il est bavard l'ami Danko et le concert du soir ne dérogera pas à la règle. La seule fois où je l'ai vu et où il a réussi à se la fermer c'était en toute première partie d'Ozzy. Il ne bénéficiait que de 30' de jeu, il n'avait pas le choix. Mais ça prouve qu'il sait le faire !
Allez, reprenons par le menu.
22h00. Une salle bien pleine. Des lumières qui s'éteignent. Hell's Bells dans la sono.
Et le trio qui déboule sur scène. Danko porte sur lui un beau p'tit chapeau et sa gueule d'ange dur à cuire. Il est dos au public, les puissants spots lumineux plein pot, ce qui nous donne une entrée en matière du plus bel effet. La petite intro va rapidement céder sa place au triptyque décapant Rock shit hot, I want you et Forget my name. Le son est bon, très bon même -sauf au premier rang d'après ce qu'on m'a dit- et, en ce qui me concerne, je suis parti dans la musique direct. Pas besoin d'échauffement, hop bouge ton corps ! Les premiers rangs en ont fait de même avec un mini pogo.
Au fil des titres, tous les yeux sont rivés sur Danko qui reste le centre d'attraction majeur, au dépend de sa section rythmique qui assure et se démène mais qui manque quand même cruellement de charisme. Le père Danko agite toujours autant sa langue à la Gene Simmons mais ne se tape plus la tête depuis ses problème à l'il. C'est dommage, c'était drôle. M'enfin, vaut mieux qu'il y voit, c'est plus pratique.
Par contre, il reste toujours adepte des hommages à ses idoles. Si, à une époque, un morceau entier était dédié aux martyres du Rock, cela se limite aujourd'hui à quelques petits clins d'il musicaux intégrés, en l'occurrence, à I think bad thoughts, et ça concerne les vivants puisque j'ai cru reconnaitre du Rush, du Black Sab et du Led Zep (bon, sont pas tous vivant mais disons que la proportion de mort dans ces groupes est infime comparée à ceux qui sont encore en vie. Et oui, Ozzy fait partie de cette dernière catégorie, rigole pas Gwendoline ! Infirme peut-être, mais bien là ! Ozzy rules !). Ce qui est marquant également c'est que Danko chante ! et bien, en plus ! sur l'album Never too loud j'avais été impressionné par la qualité de son chant et, du coup, par la qualité des titres développés. Mais j'avais pas encore expérimenté ça en concert. Alors bien sûr il module le bougre, le maître mot restant quand même l'énergie et certains titres étant bien speedés comparés aux versions album, mais il chante vraiment! Ça m'a fait regretter qu'ils ne jouent pas plus de titre de l'album sus nommé, puisqu'on aura droit qu'au génial Code of the road -dont je suis fan absolu- en rappel.
La soirée poésie sur le thème "la femme est un compagnon de jeu agréable" s'est d'ailleurs poursuivi lors de ce rappel, lorsque le morceau Lovecall fut introduit -si j'ose m'exprimer ainsi- par Danko comme une chanson "about licking pussy". Et puis, ce qu'est bien avec lui c'est qu'il ne s'arrête pas à ça, il développe son idée le garçon ! Ceci dit je suis complétement d'accord avec lui, c'est la chose la plus agréable à faire dans ce bas monde -bon, peut-être pas 12 heures d'affilées comme il le suggère, à voir...-, mais j'espère juste qu'il parle moins quand il s'y adonne...en même temps ça expliquerait pourquoi ça dure aussi longtemps...bref...
Alors, que dire si ce n'est que la musique est bonne, bonne, bonne, bonne, mais que les bavardages incessant de notre star du soir cassent quand même quelque peu le rythme, la dynamique et les c....... Bien sûr, c'est le show Danko, il en fait des tonnes et on vient pour ça mais ses interventions, même si je reconnais qu'elles sont parfois amusantes, sont bien trop nombreuses pour ne pas finir par lasser. Et puis le show n'est déjà pas bien long, 1h30 à tout casser, ce qui, en gros, nous fait 1h00 de musique, tchatche en moins.
Et j'exagère à peine !
Certes, oui, me direz-vous, c'est une heure excellente...J'ai personnellement eu ma préférence pour les imparables First date, I think bad thoughts, I had to know et son riff légèrement NWOBHM ou encore Cadillac. Mais c'est bien ça qui est râlant ! C'est bon et on préfèrerait justement qu'il en joue d'autres !!! Ça renforce encore plus le sentiment de frustration à la fin du concert.
Mais quand même, ne boudons pas notre plaisir et sachons apprécier ce moment de rock n'roll que défend si chèrement Danko Jones, tant dans sa musique que dans son attitude et remercions le ciel qu'il soit passé par chez nous.
Amen.
Critique écrite le 19 décembre 2011 par Jorma
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