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Chronique de concert Dans l'Arène de Picasso
Lundi 23 décembre 2024 : 6830 concerts, 27255 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Dans l'Arène de Picasso
Une soirée bien particulière que nous avons vécue ce soir dans le Château de Vauveargues, dernière demeure de Pablo Picasso. Ce n'est pas vraiment un concert pour une fois, mais une lecture à 3 personnages, accompagnée par des improvisations musicales aux violon et percussion (au cajòn pour être plus précise).
Je ne sais pas si vous avez déjà eu la chance d'entrer ou même d'approcher de cette magnifique demeure, mais c'est vraiment un lieu de toute beauté pour organiser un spectacle ... et encore, je pensais cela avant d'avoir vu l'incroyable terrasse ombragée de pins et ouverte sur la montagne Sainte Victoire. C'est juste fabuleux !!
Nous arrivons juste avant la tombée du jour, pour découvrir ce site éclairé par un soleil couchant. Nous nous installons sous les arbres décorés de lampes aux allures de mobiles de métal et de verre, en totale union avec leurs troncs, avec au loin de son du violon de Daniel John Martin qui cherche l'inspiration devant la tombe du maître ... Franchement, c'est magique.
La représentation va s'articuler autour de 3 personnages, donc, et de 2 musiciens. Et au fil des 17 soirées proposées, les acteurs (hommes et femmes) vont se succéder, apportant chacun une couleur différente à cette lecture aux 3 visages. Et il en va de même pour "les couples" de musiciens ... Chaque soir étant unique.
Le premier, interprété par Francis Huster ce soir, va être "Picasso Dit". Une lecture de propos de Picasso lui-même, sur son uvre bien sûr, mais aussi sur l'art en général et même sur sa vison de la vie tout simplement.
Le second, "Picasso Pense", Xavier Gallais à la ville, présente un personnage un peu plus complexe. Ce sont des interprétations de la pensée de Picasso, vues par d'autres de ses contemporains.
Enfin, Arnaud Charrin (également co-metteur en scène avec Nicolas di Mambro) sera la troisième voix. Celle qui rend ces propos, parfois complexes, plus accessibles et qui les remets dans leur contexte biographique et historique. Un éclaircissement de la pensée et des mots.
Chacun va donc prendre sa place dans un décor simple, fait de deux grandes chaises anciennes et de deux tables de travail. Les musiciens eux s'installent sur le côté de la scène, attendant du coin de l'oeil le signal du départ donné par Nicolas di Mambro, chef d'orchestre à distance, perché sur un banc à côté de nous, pour que l'improvisation soit le plus à même de répondre aux besoins de la mise en scène. C'est amusant de voir Marco Beacco & Daniel John Martin l'instrument aux aguets, attendant le moment le plus propice pour laisser parler leur imagination ...
Les thèmes abordés, bien que fortement axés sur la peinture et le besoin de s'exprimer par son biais, vont aller de la suffisance de l'écrivain, à la tauromachie, en passant par la guerre d'Espagne et la réalisation de Guernica, afin de dénoncer "la casse des hommes" plus que la haine de la guerre. D'où un positionnement qui peut parfois paraître ambigüe face à son non engagement dans l'armée espagnole ou française pour lutter contre le franquisme.
Les deux personnages de Picasso expriment à la perfection la dualité de l'artiste. Et l'effet théâtrale est encore renforcé par la présence d'un léger écho, source naturelle d'un son tout particulier. Comme si les acteurs, exprimant souvent la colère de Picasso face aux incompréhension du monde qui l'entoure, criaient leur rage à la montagne, qui leur répond.
La musique, elle aussi permet de relayer les propos du génie qui tente désespérément d'expliquer son art. Et le troisième personnage, lui, semble intervenir à la façon d'un candide, du Michel Chavalet de la soirée : Picasso ... Comment ça marche !! Ces ruptures du rythme font toute la subtilité de ce spectacle. C'est grâce à elles qu'il ne tombe jamais dans le monologue didactique, qui pourrait devenir ennuyeux.
Les 3 personnages vont ainsi nous porter à travers cette vision du peintre. Entre l'apparente sérénité de "Picasso Dit", le bouillonnement intérieur de "Picasso Pense" et le pragmatisme de la Troisième voix. Tous restent stoïques malgré de petits soucis de lumières, dus à la pluie de la journée qui a légèrement endommagé certains câbles.
Personnellement, j'ai découvert à quel point Picasso considérait que laisser des écrits était complémentaire de sa peinture, parce qu'elle ne peut pas tout dire. Mais des textes selon Sa grammaire et Son orthographe. Une forme de poésie qui s'apparenterait à de la musique ou une danse de flamenco. L'installation d'un poème sur une improvisation musicale ...
"Alors ce génie qui avait commencé à peindre à la bougie, voit l'entrée de l'art dans le 20ème siècle".
Nos trois comédiens finissent sur la même table, assis ou debout, et ne font plus qu'une seule voix : celle de Picasso. Ce sera également le moment d'une dernière improvisation musicale pour se quitter dans une nuit chargée d'images et d'émotions.
Je ne sais pas si vous avez déjà eu la chance d'entrer ou même d'approcher de cette magnifique demeure, mais c'est vraiment un lieu de toute beauté pour organiser un spectacle ... et encore, je pensais cela avant d'avoir vu l'incroyable terrasse ombragée de pins et ouverte sur la montagne Sainte Victoire. C'est juste fabuleux !!
Nous arrivons juste avant la tombée du jour, pour découvrir ce site éclairé par un soleil couchant. Nous nous installons sous les arbres décorés de lampes aux allures de mobiles de métal et de verre, en totale union avec leurs troncs, avec au loin de son du violon de Daniel John Martin qui cherche l'inspiration devant la tombe du maître ... Franchement, c'est magique.
La représentation va s'articuler autour de 3 personnages, donc, et de 2 musiciens. Et au fil des 17 soirées proposées, les acteurs (hommes et femmes) vont se succéder, apportant chacun une couleur différente à cette lecture aux 3 visages. Et il en va de même pour "les couples" de musiciens ... Chaque soir étant unique.
Le premier, interprété par Francis Huster ce soir, va être "Picasso Dit". Une lecture de propos de Picasso lui-même, sur son uvre bien sûr, mais aussi sur l'art en général et même sur sa vison de la vie tout simplement.
Le second, "Picasso Pense", Xavier Gallais à la ville, présente un personnage un peu plus complexe. Ce sont des interprétations de la pensée de Picasso, vues par d'autres de ses contemporains.
Enfin, Arnaud Charrin (également co-metteur en scène avec Nicolas di Mambro) sera la troisième voix. Celle qui rend ces propos, parfois complexes, plus accessibles et qui les remets dans leur contexte biographique et historique. Un éclaircissement de la pensée et des mots.
Chacun va donc prendre sa place dans un décor simple, fait de deux grandes chaises anciennes et de deux tables de travail. Les musiciens eux s'installent sur le côté de la scène, attendant du coin de l'oeil le signal du départ donné par Nicolas di Mambro, chef d'orchestre à distance, perché sur un banc à côté de nous, pour que l'improvisation soit le plus à même de répondre aux besoins de la mise en scène. C'est amusant de voir Marco Beacco & Daniel John Martin l'instrument aux aguets, attendant le moment le plus propice pour laisser parler leur imagination ...
Les thèmes abordés, bien que fortement axés sur la peinture et le besoin de s'exprimer par son biais, vont aller de la suffisance de l'écrivain, à la tauromachie, en passant par la guerre d'Espagne et la réalisation de Guernica, afin de dénoncer "la casse des hommes" plus que la haine de la guerre. D'où un positionnement qui peut parfois paraître ambigüe face à son non engagement dans l'armée espagnole ou française pour lutter contre le franquisme.
Les deux personnages de Picasso expriment à la perfection la dualité de l'artiste. Et l'effet théâtrale est encore renforcé par la présence d'un léger écho, source naturelle d'un son tout particulier. Comme si les acteurs, exprimant souvent la colère de Picasso face aux incompréhension du monde qui l'entoure, criaient leur rage à la montagne, qui leur répond.
La musique, elle aussi permet de relayer les propos du génie qui tente désespérément d'expliquer son art. Et le troisième personnage, lui, semble intervenir à la façon d'un candide, du Michel Chavalet de la soirée : Picasso ... Comment ça marche !! Ces ruptures du rythme font toute la subtilité de ce spectacle. C'est grâce à elles qu'il ne tombe jamais dans le monologue didactique, qui pourrait devenir ennuyeux.
Les 3 personnages vont ainsi nous porter à travers cette vision du peintre. Entre l'apparente sérénité de "Picasso Dit", le bouillonnement intérieur de "Picasso Pense" et le pragmatisme de la Troisième voix. Tous restent stoïques malgré de petits soucis de lumières, dus à la pluie de la journée qui a légèrement endommagé certains câbles.
Personnellement, j'ai découvert à quel point Picasso considérait que laisser des écrits était complémentaire de sa peinture, parce qu'elle ne peut pas tout dire. Mais des textes selon Sa grammaire et Son orthographe. Une forme de poésie qui s'apparenterait à de la musique ou une danse de flamenco. L'installation d'un poème sur une improvisation musicale ...
"Alors ce génie qui avait commencé à peindre à la bougie, voit l'entrée de l'art dans le 20ème siècle".
Nos trois comédiens finissent sur la même table, assis ou debout, et ne font plus qu'une seule voix : celle de Picasso. Ce sera également le moment d'une dernière improvisation musicale pour se quitter dans une nuit chargée d'images et d'émotions.
Critique écrite le 03 août 2011 par Ysabel
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